NEPOTISMEA Villeurbanne, le gendre de Mélenchon ne fait pas l’unanimité

Législatives 2022 à Villeurbanne : Le parachutage de Gabriel Amard, gendre de Mélenchon, au cœur de la campagne

NEPOTISMEEntre union de la gauche faite dans la douleur et parachutage contesté, la candidature dans la 6e circonscription du Rhône de Gabriel Amard, gendre de Jean-Luc Mélenchon, cristallise les débats
Lancelot Mésonier

Lancelot Mésonier

L'essentiel

  • La Nupes a investi Gabriel Amard, le gendre de Jean-Luc Mélenchon, dans la 6e circonscription du Rhône, en vue des élections législatives du 12 et 19 juin.
  • Ce parachutage n'a pas été bien accueilli par une partie des figures PS de Villeurbanne comme Jean-Paul Bret, ancien maire, ou Cristina Martineau qui a dû retirer sa candidature en faveur de l'union.
  • Certains habitants dénoncent également ce parachutage et les méthodes employées par la Nupes.

Malgré l’union, la candidature de Gabriel Amard semble avoir divisé la gauche villeurbannaise. Investi par la Nupes (Nouvelle union populaire écologique et sociale) pour être le candidat de la 6e circonscription du Rhône, le gendre de Jean-Luc Mélenchon​ ne fait pas réellement l’unanimité, auprès des habitants mais aussi de la classe politique locale.

A une semaine du premier tour des élections législatives, la campagne bat son plein, en particulier sur les marchés, où les militants de tous les partis tractent en faveur de leur favori. Jeudi matin, le marché Grandclément de Villeurbanne n’a pas échappé à ce rituel d’avant-élection. Les enjeux sont importants dans la 6e circonscription du Rhône, territoire historiquement à gauche, mais ayant basculé aux mains de la majorité présidentielle, avec un Bruno Bonnell à 60 % des voix, lors des précédentes législatives. La gauche souhaite donc revenir en force et a désigné Gabriel Amard pour récupérer le siège de député.

« C’est à cause de ces pratiques que je ne vais plus voter »

Sauf que la candidature du gendre de Jean-Luc Mélenchon n’a pas été reçue comme la Nupes l’aurait souhaité, et dans les allées du marché, les avis divergent. « J’ai voté Mélenchon à la présidentielle, je vais suivre mes convictions. C’est le candidat qui a été désigné par l’union, alors je voterai pour lui. » Si certains comme Didier assument leur soutien, d’autres reprochent au candidat son manque d’ancrage local. « Il n’est pas d’ici, on ne le connaît pas, pointe Ahmed (43 ans), venu faire ses courses sur le marché. Il a été candidat aux deux dernières législatives dans deux régions différentes. Il ne connaît pas Villeurbanne. »

Amard était candidat en Essonne en 2012 et dans le Jura en 2017, où il a à chaque fois été battu au premier tour. Certains Villeurbannais en ont aussi après la méthode de désignation du candidat Nupes. « Ce monsieur est arrivé ici en un claquement de doigts, il est sorti de nulle part, fustige Yamina (53 ans). Il est là uniquement parce qu’il est dans les petits papiers des dirigeants. C’est à cause de ces pratiques que je ne vais plus voter. »

Gabriel Amard, en 2012 avec son beau-père Jean-Luc Mélenchon lors d'un meeting du Front de gauche.
Gabriel Amard, en 2012 avec son beau-père Jean-Luc Mélenchon lors d'un meeting du Front de gauche. -  FAYOLLE PASCAL/SIPA

« C’est une insulte faite à Villeurbanne »

Du côté de la classe politique, même son de cloches. « La France Insoumise a profité de son rôle hégémonique dans l’union pour imposer son candidat », peste Jean-Paul Bret, ancien maire PS de la ville. « Ils ont envoyé leur candidat sans demander l’avis de personne, je trouve que c’est une insulte faite à Villeurbanne, qui a toujours eu des candidats PS », fulmine celui qui a décidé de rejoindre la campagne de Katia Buisson (Parti radical de gauche).

La candidate d’Ensemble, représentant la majorité présidentielle, Emmanuelle Haziza, partage ce constat : « Ce sont des vieilles pensées politiciennes ». Elle insiste surtout sur le fond de l’union qui ne tient pas la route selon elle : « C’est une alliance de façade, car le PS et LFI n’ont pas les mêmes valeurs. De plus, il semblerait qu’ils n’aient pas vraiment réglé leurs différends ».

Gabriel Amard, le 13 mai à Villeurbanne aux côtés du maire Cédric Van Styvendael.
Gabriel Amard, le 13 mai à Villeurbanne aux côtés du maire Cédric Van Styvendael. - JEFF PACHOUD / AFP

« L’union a été douloureuse »

A l’instar de la réaction de Jean-Paul Bret, la nomination de Gabriel Amard a fait grincer des dents du côté de la section PS de Villeurbanne. Avant la naissance de la Nupes, le Parti socialiste avait investi Cristina Martineau, adjointe au maire de la ville. Cette dernière a été obligée se retirer, non sans peine, pour laisser la place au gendre de Jean-Luc Mélenchon. Maire PS de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael ne le cache pas : « On a fait l’union dans des conditions douloureuses, mais je me suis plié à l’accord national ».

Reste que malgré cette union fébrile et une candidature contestée par beaucoup, l’historique de la 6e circonscription du Rhône voudrait que le scrutin se joue entre Gabriel Amard et Emmanuelle Haziza. Il faudra également surveiller le taux d’abstention, qui avait grimpé jusqu’à 53 % en 2017.