ET J'ATTENDS ET J'ATTENDSA Marseille, « personne ne sait ce que fera Mélenchon »

Législatives 2022 : A Marseille, « personne ne sait ce que fera Mélenchon »

ET J'ATTENDS ET J'ATTENDSLe député sortant de Marseille n’a toujours pas décidé s’il se représentait. En attendant, localement, certains à gauche se positionnent pour récupérer cette circonscription symbolique
Mathilde Ceilles

Mathilde Ceilles

Tous derrière la même table, les différents cadres et militants de la gauche ​marseillaise se présentent, et se félicitent. Le top départ de la campagne est lancée dans ce petit bar de la Plaine, quartier festif du centre Marseille plutôt ancré à gauche. Alors qu’elle prend la parole, Pauline Tournier lâche : « Je suis candidate suppléante dans la quatrième… Euh pardon ! La cinquième circonscription ! » Des rires parcourent la salle. « Vous avez failli noter une information, désamorce dans un sourire Mohamed Bensaada, candidat dans la troisième circonscription, à l’endroit des journalistes présents. Détendez-vous ! »

Il faut dire que cette quatrième circonscription des Bouches-du-Rhône attire depuis quelques jours tous les regards… et toutes les questions. Et pour cause : c’est celle qui a propulsé Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée nationale, en 2017. Or, depuis plusieurs semaines, l’ancien candidat à l’élection présidentielle laisse planer le doute sur une nouvelle candidature aux législatives à Marseille. Interrogé sur le sujet ce dimanche, Jean-Luc Mélenchon a affirmé qu’il se préparait « plutôt à l’idée d’être Premier ministre qu’à l’idée d’être de nouveau député ».

« Il dit pas un non clair »

« Il dit non à 95 %, et pas un non clair, c’est un peu bizarre », peste une militante marseillaise proche de LFI. Quel sort sera réservé à cette circonscription symbolique, et semble-t-il gagnable dès le premier tour ? Le flou règne, y compris pour les cadres locaux. « La liste exhaustive des candidats sera présentée lors d’un événement ce jeudi, y compris la quatrième circonscription », croit savoir Mohamed Bensaada, qui laisse entendre en aparté qu’il ignore lui-même la forme que cela prendra. « Ce sera une conférence de presse ou peut-être un meeting, lance-t-il. On ne sait pas. La cartographie des candidats est nette. Il n’y a que dans la quatrième circonscription qu’on ne sait pas. »

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« Je n’étais pas au courant de cet événement ce jeudi, je l’ai appris à l’instant », confie à l’issue de la conférence de presse Hendrik Davi, candidat Nupes dans la circonscription voisine de Jean-Luc Mélenchon. Et d’avouer : « Franchement, personne ne sait ce que va faire Mélenchon. » « Il se joue en ce moment un petit jeu autour de la quatrième circonscription qui vise à déstabiliser tout le monde, croit savoir une militante socialiste marseillaise. On est un peu comme dans ce moment, dans une course cycliste, où tout le monde se regarde en attendant de savoir qui part le premier. Ça empêche nos adversaires de mieux se préparer. » LREM n’a en effet pas encore investi non plus de candidat sur cette circonscription.

Parachutage de Bompard

Mais certains localement se positionnent d’ores et déjà pour récupérer le siège de député vacant de Jean-Luc Mélenchon, à l’image de Kévin Vacher. Figure de la lutte contre le mal-logement et du collectif citoyen Noailles en Colère créé après les effondrements de la rue d’Aubagne, ce militant marseillais proche des milieux de gauche a d’ores et déjà dit qu’il se présenterait aux urnes, et cherche à obtenir l’investiture de Nupes dans la quatrième circonscription. Selon nos informations, Kévin Vacher était en négociation directement avec Manuel Bompard la semaine dernière, faisant valoir une candidature locale et de terrain, avant que le contact soit rompu en début de semaine. « Ça commence à nous soûler, s’agace-t-on dans l’entourage de Kévin Vacher. On n’arrive pas à avoir Bompard et on est encore dans l’attente. C’est un manque de respect des militants de terrain qui aimeraient bien avoir des tracts avec le visage d’un candidat. Pour le moment, on a que des tracts avec la tête de Jean-Luc Mélenchon… »

Il faut dire que, chez les cadres de cette union de la gauche semble se dessiner un tout autre scénario : celui du parachutage du même Manuel Bompard dans la fameuse quatrième circonscription. « Pour les législatives, il n’existe pas de place pour les collectifs citoyens, estime Sébastien Barles, cadre EELV marseillais et adjoint au maire. Il faudra travailler pour les prochaines échéances, notamment locales, pour créer cet ensemble plus large. » Un choix qui pourrait faire agacer certains, à en croire ce socialiste marseillais. « Des militants autour de moi m’ont dit que si c’était Bompard, et non Mélenchon, ils ne feraient pas campagne. »