Présidentielle 2022 : « C’est la raison d’un côté, l’irrationnel de l’autre », on a suivi le débat avec des supporteurs de Macron
ARRIERE-SALLE•Réunis dans un bar toulousain, les militants de la République en Marche ont suivi le débat entre Emmanuel Macron et Marine Le PenBéatrice Colin
L'essentiel
- On a assisté au débat télévisé de la présidentielle dans un café de Toulouse avec les partisans d’Emmanuel Macron.
- Sans surprise, ils accordent le point à leur favori et estiment que Marine Le Pen n’a pas fait le poids.
- Mais ils concèdent à la candidate qu’elle s’est améliorée depuis 2017.
Dès les premiers mots de Marine Le Pen, les supporteurs d' Emmanuel Macron réunis dans un café du centre-ville de Toulouse tiquent : « Elle, la fraternité… », commente avec une pointe d’ironie Marie-Claire, une militante, lorsque la candidate parle de ses valeurs. Dans l’atmosphère feutrée de l’arrière-salle du bistrot, la dizaine de personnes qui a bravé la pluie pour venir voir les deux challengers à la présidentielle s’affronter sur un plateau de télévision lors du débat, écoute studieusement.
De temps en temps, les arguments de la représentante du Rassemblement national sont ponctués par des « c’est faux » ou « c’est déjà fait ». Quelques rires fusent quand Emmanuel Macron tacle son adversaire ou tente de la prendre en défaut sur le financement de son programme. « Il a une attitude parfaite », estime une retraitée, qui n’avait pas apprécié l’agressivité du précédent face-à-face.
Cette fois, le ton est plus posé, moins enlevé entre les deux candidats. Le contexte a changé aussi en cinq ans pour les supporteurs d’Emmanuel Macron qui est désormais comptable de son bilan de président sortant. « En 2017, on avait envie de tout casser, il y avait du rêve, on parlait de la société de demain. Depuis, il y a eu la crise du Covid, la guerre en Ukraine, on a besoin de stabilité, de se sentir protégés et il a l’expérience, ça tombe bien », explique Jonnhy Dunal, un élu municipal de la Ville rose.
Commerçant de profession, ce dernier se félicite des réponses du Président sortant sur la gestion de la crise Covid, des aides apportées pour tenir le coup en attendant la reprise. Toujours un œil rivé sur les réseaux sociaux, il regrette que ses copains des Républicains jugent Emmanuel Macron « arrogant ». « Elle, elle est narquoise », rétorque-t-il.
Emmanuel Macron « brillant »
Et tous s’interrogent en chœur pour savoir « comment aurait-elle fait lors de la crise Covid ». Pour un quinquagénaire, « c’est la raison d’un côté, l’irrationnel de l’autre ». Mais ils trouvent aussi qu’elle s’est un peu améliorée. « Elle est moins mauvaise qu’en 2017, mais elle ne maîtrise toujours pas ses sujets, ni ses chiffres », tranche Marie-Claire. Elle regrette que les sujets de société et de sécurité, plus clivants, ne soient arrivés qu’en fin de soirée. « Il y en a qui n’ont pas regardé jusqu’au bout, je ne suis pas sûre que le débat ait mis en relief les dangers qu’il peut y avoir sur nos valeurs, on n’a pas vu qui elle était vraiment. Elle paraît incompétente mais pas dangereuse », déplore-t-elle, ayant peur que les personnes préfèrent partir en vacances que d’aller glisser leur bulletin dans l’urne.
Le terrorisme, l’islamisme radical arrivent finalement en toute fin de débat. « Clairement, sur ce qu’elle dit sur le voile, on voit que ce serait un échec total, impossible à appliquer », assure Elodie Hobet, chargé de la campagne digitale pour LREM en Haute-Garonne. Elle a en revanche trouvé son candidat « brillant et convaincant ». « Elle avait pour objectif de le déstabiliser, elle n’a pas réussi », se félicite-t-elle. Si le vote de cet auditoire était déjà acquis, ce débat a fini d’enfoncer le clou. « Ce n’est pas la personne de Marine Le Pen qui pose problème, ce sont ses idées. Et puis quand on veut gérer un pays, cela implique qu’on maîtrise les chiffres et les termes, ça ne se fait pas à l’emporte-pièce », conclut Yannick.