Présidentielle 2022 : Avec des œufs dans les nids-de-poule, les motards interpellent les candidats sur l’état des routes
SECURITE ROUTIERE•Cette année, l’opération Nids-de-poule de la Fédération des motards en colère et de la Mutuelle des motards tombe en pleine campagne de l’entre-deux-toursNicolas Bonzom
L'essentiel
- Comme chaque année, l’opération Nids-de-poule invite les motards à déposer des œufs de Pâques sur les nids-de-poule qu’ils croisent sur leur chemin.
- Cette année, la Fédération des motards en colère et la Mutuelle des motards en profitent pour interpeller les candidats sur l’état alarmant des routes en France.
- Pour ces structures, « l’état des routes en France n’est pas un sujet secondaire ».
Peut-être avez-vous vu fleurir des nids, sur les routes de France, ces dernières heures. Comme chaque année, à Pâques, la Fédération française des motards en colère (FFMC) et la Mutuelle des motards a invité les bikers à déposer des œufs en chocolat dans les nids-de-poule qu’ils croisent sur leur chemin.
Mais cette année, la fête des cloches tombe en pleine campagne de l’entre-deux-tours de la Présidentielle : l’occasion, pour ces deux structures, d’interpeller les candidats sur l’état des routes en France. Car ça urge. En mars, la Cour des comptes a pointé, dans un rapport alarmant, le mauvais entretien des routes, et a recommandé d’investir plus et de réorganiser la politique routière. En 2019, déjà, une étude du World Economic Forum, indiquait que la France était passée de la 1re à la 18e place mondiale en huit ans sur l’état des routes, notent la FFMC et la Mutuelle des motards.
Ce n’est pas « un sujet secondaire ni dérisoire »
Pour la FFMC et la Mutuelle des motards, aujourd’hui, « l’état des routes en France n’est pas un sujet secondaire ni dérisoire, malgré une actualité tragique et plus qu’anxiogène. Ce sont des centaines de vies, des milliers d’accidents et de dommages corporels et matériels qui peuvent être évités chaque année si l’État et les collectivités publiques concernées considèrent ce sujet en bonne place de leurs priorités. L’intensification de la circulation et la diversification des moyens de transport mettent à rude épreuve les chaussées qui manquent toujours cruellement d’entretien. »
Jean-Luc Vrignaud, coordinateur à la FFMC de l’Hérault, regrette que l’on entende parler de répression, mais jamais, ou presque, d’amélioration du réseau routier. Dans le programme d’Emmanuel Macron, rien n’est prévu pour l’amélioration des routes. De son côté, Marine Le Pen y consacre une phrase, en indiquant que « pour améliorer la sécurité sur les routes, le fonds souverain financera des travaux d’amélioration des infrastructures ». Si la thématique intéresse si peu les prétendants à l’Elysée, c’est parce que « l’Etat s’est complètement désengagé de ça, laissant aux collectivités le soin d’entretenir les routes, note Jean-Luc Vrignaud. Et les budgets sont serrés. » Et les communes, les agglomérations, les métropoles et les départements galèrent.
Les nids-de-poule, c’est « très dangereux »
Même s’il y a quelques exceptions. Dans l’Hérault, par exemple, le département et la métropole de Montpellier ont nommé des « Monsieur moto » et ont « une écoute hyper favorable vis-à-vis » des motards, se réjouit Jean-Luc Vrignaud.
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Le symptôme du manque d’entretien des routes, ce sont les nids-de-poule, au centre de cette opération pascale, qui peuvent envoyer des motards dans le décor. Ludovic, un motard interrogé par 20 Minutes, confirme : c’est « très dangereux ». « Comme les dos-d'âne », ajoute-t-il. Heureusement, pour les nids-de-poule, « on connaît les routes, et ils sont souvent marqués. Les associations font souvent des virées et marquent à la bombe les coins dangereux ». C’est d’autant plus dangereux que les automobilistes, « quand ils voient de telles dégradations sur la voie, s’écartent, pour ne pas abîmer leurs voitures, pointe Jean-Luc Vrignaud. Sauf que nous, motards, on les retrouve en pleine face. »