DONNÉES PERSONNELLESUne enquête pénale ouverte sur des démarchages par SMS du parti de Zemmour

Présidentielle 2022 : Une enquête pénale ouverte sur des démarchages du parti de Zemmour aux Français de confession juive

DONNÉES PERSONNELLESPlusieurs associations, dont l’UEJF, ont déposé plainte pour des SMS signés du nom du candidat et envoyés vendredi avec un texte explicitement adressé aux Français juifs
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Certaines méthodes de la campagne d’Eric Zemmour intéressent la justice. Une enquête préliminaire a été ouverte mardi à Paris après la plainte de deux associations sur un démarchage par SMS ciblant des électeurs français de confession juive avant le premier tour de la présidentielle. Les investigations ont été confiées à la Brigade de répression de la délinquance à la personne (BRDP).

Un SMS signé du nom du candidat a été envoyé vendredi à de nombreux téléphones mobiles dans l’Hexagone renvoyant vers une page éditée par le parti Reconquête! affichant un texte explicitement adressé aux Français juifs. « Sur plainte de l’UEJF et de l’association J’accuse AIPJ, une enquête a été ouverte ce jour des chefs de détention, conservation, enregistrement, transmission de données à caractère personnel en dehors des cas prévus par la loi, communication à un tiers sans autorisation et détournement des finalités d’un fichier de données à caractère personnel », a précisé le parquet.

La Cnil enquête également

Le Code pénal punit de cinq ans d’emprisonnement et de 300.000 euros d’amende la création d’un fichier faisant apparaître des croyances religieuses ou des origines raciales ou ethniques sans le consentement de l’intéressé.

La Commission nationale de l'informatique et des libertés avait déjà ouvert une instruction suite à ce démarchage. La Cnil stipule en effet que « le traitement des données à caractère personnel qui révèle (…) les convictions religieuses » est « interdit », sauf si « la personne concernée a donné son consentement explicite au traitement de ces données à caractère personnel pour une ou plusieurs finalités spécifiques ».

Le message du candidat, désormais hors ligne, s’intitulait : « Message d’Éric Zemmour aux Français de confession juive ». Le polémiste, qui a rassemblé 7 % des suffrages dimanche, s’y présentait comme « le seul à dénoncer l’expansion de l’islam qui ravage notre pays ». « L’antisémitisme qui tue aujourd’hui est islamique », ajoutait-il.

Une liste jamais vue « depuis la rafle du Vél’ d’Hiv »

Interrogée par BFMTV, l’équipe d’Éric Zemmour avait confirmé être à l’origine de la campagne d’envoi « d’une dizaine de milliers de SMS » qui renvoyaient vers la page web du candidat. Un des responsables de la campagne de Reconquête ! avait assuré à la chaîne d’information que ce démarchage politique avait été mis en place à l’aide d’un courtier en données personnelles, qui achète des bases de données pour en faire commerce.

« On attend avec impatience que les policiers fassent leur travail », a déclaré Me Stéphane Lilti, qui a déposé plainte pour l’Union des étudiants juifs de France (UEJF). Son confrère Me Sacha Ghozlan, qui a déposé plainte pour l’association « J’accuse », a dénoncé sur Twitter mardi « la plus massive exploitation de listes nominatives de juifs depuis la rafle du Vél’ d’Hiv ». Trois autres associations, la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), SOS Racisme et le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples), ont également annoncé avoir déposé plainte mardi auprès du parquet de Paris.