Présidentielle 2022 : On a vérifié les affirmations des candidats invités à « Elysée 2022 »
FAKE OFF•Fermeture de lits d’hôpital, durée de la présidence française, nombre de sans-abri… Le débat de jeudi soir a été riche en chiffres et accusations. « 20 Minutes » a passé au crible quelques déclarationsMaïwenn Furic
L'essentiel
- Jeudi soir se tenait une énième édition de l’émission Elysée 2022, diffusée sur France 2. Comme d’habitude, plusieurs candidats à l’élection présidentielle ont été invités.
- Ont été interrogés par les journalistes : Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel, Jean Lassalle, Nathalie Arthaud, Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen.
- 20 Minutes a vérifié quatre affirmations des candidats présents.
A seulement onze jours du premier tour de l’élection présidentielle, six candidats ont été invités dans l’émission Elysée 2022, diffusée sur France 2. Ce jeudi 31 mars, c’était au tour de Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel, Jean Lassalle, Nathalie Arthaud, Nicolas Dupont-Aignan et Marine Le Pen d’être interrogé par les journalistes. Sécurité, pauvreté, crise sanitaire, évasion fiscale… De nombreuses thématiques ont été abordées.
Retrouvez notre dossier sur l'élection
20 Minutes a vérifié plusieurs des affirmations des candidats.
FAKE OFF
- Marine Le Pen : « 93 % des vols sans violence dans les transports en Ile-de-France sont le fait d’étrangers, 63 % des agressions sexuelles, 66 % des vols avec violence »
Interrogée sur l’immigration et ses différents propos lors de ses déplacements, la candidate du Rassemblement national a avancé une armada de chiffres.
Sur les agressions sexuelles, le collectif féministe Nous Toutes a imméditament réagit sur les réseaux sociaux : « C’est totalement faux et dangereux ! 96 % des VSS [violences sexistes et sexuelles] sont commises par un proche de la victime. »
Les chiffres annoncés par Marine Le Pen proviennent d'une analyse publiée par le ministère de l'Intérieur et intitulée Les vols et violences dans les réseaux de transports en commun en 2019. Dans le tableau numéro 13, on constate effectivement que, selon les effractions recensées, 93 % des personnes mises en cause pour des vols sans violences dans les transports en Ile-de-France sont de nationalité étrangère. Les chiffres sont également les mêmes que ceux avancés par Marine Le Pen pour les vols avec violence et les violences sexuelles. A noter que ce tableau répertorie les violences sexuelles et non les agressions sexuelles. La définition est expliquée par le gouvernement : « Les violences sexuelles recouvrent différentes formes : agression sexuelle, viol, voyeurisme, harcèlement sexuel… »
Il convient de considérer ces chiffres uniquement pour les transports en commun en Ile-de-France, et qui ne sont pas transposables, ni aux transports dans les autres régions françaises, ni à la vie hors des transports. Dans ce même tableau, il est d’ailleurs visible que la tendance n’est pas la même hors de l’Ile-de-France, où en 2019, « 65 % des mis en cause pour des vols violents commis dans les transports en commun sont de nationalité française ». Pour ce qui est des violences sexuelles, 68 % des mis en cause sont Français.
- Jean Lassalle : « Etait-on obligé de fermer 5.700 lits en pleine pandémie ? »
Interrogé sur la crise sanitaire, Jean Lassalle a estimé que ces fermetures de lits étaient « une erreur tragique qui, j’espère, sera sanctionnée un jour ». Selon les chiffres communiqués par la Dress sur l’année 2020, il y a bien 5.700 lits d'hospitalisation qui ont été supprimés. Cela équivaut, entre fin 2019 et fin 2020, à une diminution du nombre de lits de 1,5 %. Selon ce même rapport, « ce repli poursuit une tendance observée depuis plusieurs années, qui reflète la volonté de réorganiser l’offre dans un contexte de virage ambulatoire, mais aussi de contraintes de personnel ne permettant pas de maintenir les lits ». Car depuis 2013, 27.000 lits d’hospitalisation ont été supprimés.
- Jean-Luc Mélenchon : « Je vous indique que si je suis élu, je remplace monsieur Macron à la tête de l’Union européenne pour six mois, soit la moitié du temps jusqu’au mois de juillet. »
Le candidat qui sera élu à la tête du pays prendra bel et bien la tête de la présidence française du Conseil de l’Union européenne jusqu’à la fin du mois de juin. Ce ne sera donc pas pour une durée de six mois. Six mois, c’est la durée totale de la présidence qu’Emmanuel Macron a entamé. Le site du gouvernement explique : « Pour la première fois depuis quatorze ans, la France assure la présidence du Conseil de l’Union européenne (UE) du 1er janvier au 30 juin 2022. »
Le site touteleurope.eu précise également que ce n’est pas inédit : « En 1995, l’élection présidentielle s’était déjà immiscée au cœur de la présidence française de l’UE. Cette année-là, Jacques Chirac avait ainsi succédé au mois de mai à François Mitterrand à la présidence de la République. »
- Nathalie Arthaud : « Il [Volodymyr Zelensky] était d’ailleurs très connu pour sa corruption et l’utilisation des paradis fiscaux. »
La candidate de Lutte ouvrière a pointé du doigt le président ukrainien pour son passif dans l’évasion fiscale. Volodymyr Zelensky avait effectivement été mentionné parmi les dirigeants internationaux.
Rfi expliquait : « Les journalistes de Slidstvo Info, un média d’investigation ukrainien, ont prouvé que pendant des années, Zelensky et ses amis du Kvartal 95, sa société de production audiovisuelle, ont caché leur fortune dans une douzaine de sociétés-écrans, à Chypre, au Belize et aux Iles Vierges britanniques. »
- Jean-Luc Mélenchon : « Dans le pays, il y a 9 millions de pauvres. Je ne le supporte pas. » « 300.000 sans abris ça me révolte. »
Lors de chacune de ses prises de parole, l'Insoumis développe de nombreux chiffres qui justifient son « indignation » face à la pauvreté en France. Cette présence sur le plateau de France 2 n’y a pas échappé, puisque lors de son bilan de campagne, il a de nouveau mis le sujet sur la table.
L'Insee indiquait qu’en 2019, 9,2 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté monétaire. A noter que le seuil de pauvreté est fixé par convention à « 60 % du niveau de vie médian de la population ». Il correspond à un revenu disponible de 1.102 euros par mois pour une personne vivant seule et de 2.314 euros pour un couple avec deux enfants âgés de moins de 14 ans. L’étude indique également : « Cet indicateur n’inclut pas les personnes pauvres vivant en communauté ou dans les DOM, qui conduiraient à rehausser le nombre de personnes pauvres à 10,1 millions en 2018. »
Pour ce qui est des personnes sans abris, le rapport annuel de la Fondation Abbé-Pierre annonçait en janvier 2022 : « Notre pays compte 300.000 personnes privées de domicile fixe. »