ELECTIONQue proposent les candidats à la présidentielle pour l’hôpital public ?

Présidentielle 2022 : Ce que contiennent les programmes des candidats pour l’hôpital public

ELECTIONLa crise du Covid-19 a jeté une lumière crue sur les dysfonctionnements de l’hôpital public. Et si tous les candidats partagent ce constat alarmant et le besoin de plus de moyens, ils ne choisissent pas les mêmes voies pour y remédier
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

L'essentiel

  • Le premier tour de l’élection présidentielle approche, mais entre la guerre en Ukraine et le Covid-19, peu de débats ont pu avoir lieu sur des débats de fond.
  • La santé fait partie des sujets de préoccupations prioritaires de nombreux Français, avec notamment un hôpital public de plus en plus à la peine.
  • Comment améliorer l’attractivité de l’hôpital ? Comment mieux financer les soins ? 20 Minutes s’est penché sur les propositions des candidats.

Qui dit mieux ? Quand on se plonge dans les propositions des candidats à la présidentielle concernant l’ hôpital, on peut vite avoir le tournis. Tous les prétendants partagent un constat un peu catastrophé et estiment qu’il faut remettre des moyens dans l’hôpital. Mais ils n’ont pas les mêmes ambitions.

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Si Emmanuel Macron (LREM) a été peu dissert sur ses propositions pour l’hôpital public lors de son (très) long discours du 17 mars, il a reconnu que l’effort consenti avec le Ségur de la Santé, à l’été 2020, n’a pas suffi. Sans pour autant dessiner une autre voie.

« Les questions de santé n’ont jamais mobilisé les campagnes électorales, rappelle Frédéric Pierru, sociologue au CNRS. En 2017, c’était l’exception : on a parlé de la Grande Sécu, de santé environnementale… Le paradoxe de 2022 est le suivant : on sort du Covid-19, qui a mis en évidence de façon criante et navrante la fragilisation du système de santé français ; la santé dans les sondages revient dans les trois priorités des Français ; tout voudrait qu’elle soit au sommet de l’agenda ; mais les candidats en parlent peu. »

Formation et rémunération des soignants

Et quand ils l’évoquent, une place importante est réservée à l’avenir de l’hôpital. Anne Hidalgo (PS) veut augmenter le numerus apertus - un nombre minimum – (qui a remplacé le numerus clausus – un nombre maximum - pour les études en santé) à 15.000 médecins formés chaque année, contre 11.000 à la rentrée 2021. Avec Fabien Roussel (PCF), il y aurait 12.000 places d’étudiants en médecine chaque année. Eric Zemmour (Reconquête !) veut doubler les capacités de formation des médecins en cinq ans. Tout comme Valérie Pécresse (LR). Cette dernière veut développer les stages d’internat dans les cliniques privées pour les étudiants en médecine, afin de favoriser la coopération public-privé.

Et pour les paramédicaux ? Marine Le Pen (RN) veut revaloriser le salaire des infirmiers de 10 %. Pour améliorer l’attractivité des métiers du secteur, Jean-Luc Mélenchon (LFI) propose des contrats d’études avec une rémunération au Smic, à condition que ces futurs soignants s’engagent à servir dans le public pendant un certain nombre d’années. Philippe Poutou (NPA) fait à peu près la même proposition et prévoit une revalorisation immédiate de 400 euros par mois des hospitaliers.

Eric Zemmour, quant à lui, veut augmenter de 12 % les salaires des aides-soignants et des infirmiers. Yannick Jadot (EELV) de 10 % le salaire net des infirmières.

Yannick Jadot avec Docteur Pascal Biolot, Chef de service du service neonatalogie et Docteur Catherine, Chef du service chirurgie viscerale de l hopital Delafontaine.
Yannick Jadot avec Docteur Pascal Biolot, Chef de service du service neonatalogie et Docteur Catherine, Chef du service chirurgie viscerale de l hopital Delafontaine. - ISA HARSIN/SIPA

Davantage de soignants au chevet des patients

Du côté des postes à l’hôpital, il y a consensus : tous proposent d’augmenter les moyens humains et de rouvrir les lits… mais c’est un peu une surenchère illisible et rarement financée. Marine Le Pen évoque un renforcement « significatif » des personnels hospitaliers, sans précision. Valérie Pécresse veut créer 25.000 postes de soignants supplémentaires à l’hôpital en cinq ans et réduire les postes des administratifs. Pour fidéliser et renforcer l’attractivité de ces métiers, elle estime qu’il faut faciliter l’installation en favorisant l’accès au logement, aux crèches, aux transports… Eric Zemmour avance, lui, le chiffre de 40.000 personnels hospitaliers supplémentaires.

Anne Hidalgo ambitionne de recruter 25.000 infirmiers et aides-soignants, 5.000 logisticiens, techniciens et agents hospitaliers et 1.250 sages-femmes par an, tout en revalorisant leurs carrières et leurs rémunérations. Jean-Luc Mélenchon fait monter les enchères en visant 100.000 soignants supplémentaires à l’hôpital. Même chiffre pour Yannick Jadot (100.000 infirmières) et Jean Lassalle. Philippe Poutou veut aller lui jusqu’à 200.000 hospitaliers en plus.

« C’est de l’effet d’annonce, déplore Frédéric Pierru. Le problème n’est pas le chiffre, mais qu’on n’arrive pas à les recruter ! Les candidats sont sur un registre très convenu. Hormis les questions de revenu, la question du bien-être, de la reconnaissance, des évolutions de carrière n’est pas résolue. » Tout de même, Jean-Luc Mélenchon souhaite « assurer une visite médicale annuelle de tout le personnel de santé, afin de prévenir les risques psychosociaux », et rendre obligatoire des ratios minimums de soignant par patients. Une demande de longue date du Collectif Inter Hôpitaux.

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Comment mieux financer l’hôpital ?

Là aussi, il y a un semblant d’unanimité. Yannick Jadot, Anne Hidalgo, Jean-Luc Mélenchon, Fabien Roussel et Marine Le Pen proposent de mettre fin à la tarification à l’acte (T2A), qui finance aujourd’hui 100 % des hôpitaux. Avec Anne Hidalgo, elle laisserait place à une enveloppe pour chaque hôpital, définie selon les besoins de santé de la population desservie.

Valérie Pécresse, elle, ne renonce pas à la T2A, mais la fait évoluer en prenant en compte la qualité des soins, évaluée par les patients. Elle est rejointe par Eric Zemmour dans cette voie.


<strong>Notre boussole présidentielle</strong>

Autant de pistes décevantes, juge Frédéric Pierru. « J’ai l’impression que les candidats maîtrisent mal ces sujets. On prend des discours convenus, généreux à gauche, davantage dans le contrôle à droite, en supprimant l’aide médicale d’État (AME) par exemple. Dans le milieu des experts, il y a énormément de réflexions, mais on sent un décalage profond avec les politiques. »