TOP CHRONOJean Lassalle, Anne Hidalgo et Emmanuel Macron, même temps de parole ?

Présidentielle 2022 : Quelles sont les règles sur le temps de parole des candidats ?

TOP CHRONOA partir de ce mardi, les compteurs du temps de parole de chaque candidat sont remis à zéro. Mais les règles n’assurent pas une stricte égalité entre tous
Xavier Regnier

Xavier Regnier

L'essentiel

  • Sur Radio J, le candidat à l’élection présidentielle Jean Lassalle s’est plaint d’avoir une présence médiatique bien moindre que celle de son concurrent Eric Zemmour.
  • Maintenant que la liste des candidats a été officialisée, les compteurs de l’Arcom, le régulateur des médias qui surveille le temps de parole, ont été remis à zéro.
  • Les médias de l’audiovisuel traditionnel doivent désormais respecter un « principe d’équité » entre chaque candidat en les recevant tous dans une même tranche horaire, mais cela n’assure pas une égalité réelle.

«Si je devais rattraper Zemmour, il me faudrait 40 journées de télévision ininterrompues. » La saillie de Jean Lassalle, déplorant sur Radio J son absence médiatique est un classique de toute campagne présidentielle : le petit candidat inaudible face au favori des sondages invité sur toutes les antennes. L’originalité ici, c’est que si David est bien un petit candidat sans structure, Goliath n’est pas un tenor du PS ou de la droite, mais une personnalité purement médiatique devenue candidate. Forcément, ça partait d’autant plus mal pour leur accorder le même temps de parole…

Le débat sur l’égalité du temps de parole revient à chaque élection et a déjà parasité la campagne en cours avec l’arrêt de l’émission d’Eric Zemmour sur CNews puis les prises de parole du président sortant Emmanuel Macron en décembre. Mais quand commence-t-on à faire le décompte du temps de parole des candidats ? Ou quelles sont les limites de cette règle ? 20 Minutes fait le point pour vous.

Qui décompte le temps de parole des candidats, et comment ?

L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom, ex-CSA) est chargée de fixer les règles et de veiller à leur bon respect. Elle contrôle le temps d’antenne accordé aux hommes et femmes politiques sur les chaînes de télévision et dans les radios. En temps normal, le temps médiatique est divisé en deux : un tiers pour l’exécutif, le reste pour les groupes politiques selon leur importance dans les hémicycles.

Mais la campagne présidentielle est un temps à part. Depuis le 1er janvier, les radios et télévisions doivent respecter un « principe d’équité » du temps de parole et d’antenne consacré aux candidats (ce qui inclue un journaliste qui décrit l’ambiance d’un meeting, par exemple). Cette équité doit respecter le poids politique de chacun, une notion floue qui s’appuie autant sur les sondages que sur le nombre de sièges à l’Assemblée du parti du candidat. Mais il ne signifie pas pour autant l’égalité.

A partir de quand les candidats doivent-ils avoir un temps de parole égal ?

Dès ce mardi jusqu’au 27 mars, les compteurs sont remis à zéro pour les 12 candidats. En plus du « principe d’équité », les médias de l’audiovisuel doivent proposer aux candidats et à leurs équipes un accès « équitable à l’antenne dans des conditions de programmation comparables ». L’Arcom a ainsi défini quatre plages horaires : de minuit à 6 heures, de 6 heures à 9 heures, de 9 heures à 18 heures et de 18 heures à minuit. Chaque fois qu’un média invitera un candidat sur l’une de ces plages, il devra la proposer à tous les autres candidats.

« Ainsi, une chaîne ne pourra pas passer seulement la nuit des meetings d’un candidat avec lequel elle a peu d’affinité », affirme le régulateur, dans une recommandation d’octobre 2021. L’Arcom a d’ailleurs déjà mis en demeure CNews et LCI pour leur programmation du temps de parole de LFI, positionné surtout la nuit. Néanmoins, la liberté est laissée aux médias pour leur programmation à l’intérieur de ces tranches, permettant à une radio de faire venir un candidat à 10 heures et un autre à 13 heures dans la même tranche.

Enfin, à partir du 28 mars et jusqu’au soir du 8 avril, les médias audiovisuels devront cette fois appliquer une égalité stricte du temps de parole, calculé à quelques secondes près.

Ces règles garantissent-elles une couverture médiatique égale entre les candidats ?

La liberté laissée à l’intérieur des tranches horaires, pour la phase actuelle de la campagne, ne tient pas compte de l’audience. Ainsi, une interview à 10 heures est moins exposée que celle de la pause repas. Idem pour un créneau à 6h15 plutôt qu’à 8 heures. La télévision reste un média très suivi, mais avec des rendez-vous souvent identifiés. La présence d’un candidat au 20 Heures de TF1 ou de France 2 sera visionnée par des millions de personnes, une audience particulièrement forte.


Notre boussole du populisme

Mais l’Arcom ne surveille que les chaînes de télévision et les radios au sens traditionnel du terme, et leurs prolongements sur Internet. La presse n’est pas observée avec autant d’attention et aucun cadre n’existe pour les médias numériques, tels que Brut, la chaîne YouTube de Blast ou encore les émissions Backseat de Jean Massiet sur Twitch. Et impossible de réguler la répercussion des messages des candidats sur Twitter ou Facebook. Et à ce petit jeu, ce sont surtout les candidats les plus clivants qui l’emportent.