Présidentielle 2022 : Comment Emmanuel Macron siphonne les LR en Paca
RALLIEMENTS•Ces dernières semaines en Provence-Alpes-Côte d’Azur ont été marquées par des ralliements de figures locales des LR à Emmanuel Macron. Vendredi, c’est Martine Vassal, présidente de la métropole Aix-Marseille et des Bouches-du-Rhône qui a rejoint le chef de l’EtatMathilde Ceilles
L'essentiel
- Vendredi, la présidente LR de la métropole d’Aix-Marseille et du département des Bouches-du-Rhône Martine Vassal a annoncé son soutien à Emmanuel Macron.
- Elle rejoint une liste déjà fournie de têtes de proue de la droite provençale qui ont choisi de faire campagne pour le président de la République.
L’annonce a été faite vendredi au tout début d’un conseil municipal de Marseille. « J’ai décidé de soutenir Monsieur Emmanuel Macron à la présidence de la République française, lance Martine Vassal, la présidente LR du conseil départemental des Bouches-du-Rhône et de la métropole d’Aix-Marseille. Président de la République, président de l’Union européenne, au cœur d’une tempête sans précédent depuis 1945, il est désormais le seul à pouvoir donner un espoir aux Français. »
La fédération des Républicains des Bouches-du-Rhône se retrouve ainsi une nouvelle fois privée de chef de file. Martine Vassal dirigeait en effet depuis quelques mois, par intérim la plus grande fédération de France que compte le parti, le poste ayant été laissé vacant par… Renaud Muselier, qui a quitté LR pour soutenir quelques mois plus tard Emmanuel Macron. Le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur remplaçait jusqu’alors… Bruno Gilles, un temps divers droite avant de devenir récemment le patron local d’Horizons, le parti d’Edouard Philippe, et de mettre à profit son vaste réseau au service du président de la République dans la course à l’Elysée.
« On s’attendait à ce ralliement de Martine Vassal, soupire-t-on du côté de la direction nationale des Républicains. Elle faisait partie de ces élus du sud qui ne cachaient pas, ou à mots couverts, leur soutien à Emmanuel Macron. Il y a aussi Falco, Estrosi… » Les maires de Toulon et de Nice, deux anciens poids lourds des LR en Paca, ont en effet quitté en mai 2021 le parti, pour servir les intérêts du président de la République. « Le fait que des présidents d’exécutif se manifestent, ça peut aider, note Pascal Chamassian, responsable de la communication de la majorité présidentielle dans les Bouches-du-Rhône. Ils ont une influence, qu’on le veuille ou non. Ça crée un mouvement qui infuse, surtout. C’est ça qui est important. »
« Une fracture idéologique » entre pro-Ciotti et modérés
En effet, la liste de ces maires et autres élus provençaux LR majeurs qui prennent fait et cause pour Emmanuel Macron ne cesse de s’allonger. Ainsi, cette semaine, dans une tribune, pas moins de 250 élus de toute la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ont ainsi appelé à soutenir Emmanuel Macron. A l’image d’Arnaud Murgia, ce maire élu sous l’étiquette LR à la mairie de Briançon dans les Hautes-Alpes, proche de Bruno Le Maire, qui se définit lui-même comme un « bébé UMP, bébé Sarko ».
« Ça veut juste dire qu’en Provence, on est plus en avance que les autres, comme souvent, analyse l’édile dans un sourire. La droite, il faut la reconstruire. Cette tendance qu’on constate en Provence-Alpes-Côte d’Azur est l’aboutissement de cinq ans durant lesquels la droite n’a pas été à la hauteur. Elle n’a pas su trouver sa place dans l’opposition et créer une ligne politique intelligente. »
« Je vois chez les LR une fracture idéologique, entre ceux qui sont pour Ciotti et ceux qui sont pour une droite plus modérée, affirme un fin connaisseur de la vie politique marseillaise. Et on est aussi peut-être dans une région où le discours que portent Eric Zemmour et la droite nationale est plus prégnant dans la population. Cela accélère le mouvement de décomposition de la droite. » « Les régionales avaient déjà été un premier exemple de ce rassemblement au-delà des clivages, rappelle Pascal Chamassian. Face au danger de l’extrême droite, en Paca, on avait déjà déclenché ce mouvement. » Renaud Muselier avait en effet obtenu publiquement le soutien de Jean Castex, provoquant de vives tensions et scissions.
Fracture et facture
« Les adhérents ne suivront pas pour autant les Martine Vassal ou Renaud Muselier, veut-on croire à la direction des LR. Ces élus sont dans des considérations purement politiques. S’ils franchissent le pas, c’est parce que le président de la République est beaucoup venu dans cette région, a traité avec ces élus. Se sentant traités, ils ont fait le choix de quitter Les Républicains. » « Monsieur Macron est double champion de la fracture et de la facture, accuse Didier Réault, vice-président de la métropole, et longtemps compagnon de route de Martine Vassal. Il fracture maintenant l’ensemble de la représentation politique française avec des factures, en promettant des millions aux collectivités des uns et des autres. Alors forcément… »
Le président de la République a en effet récemment annoncé des aides massives de l’Etat en Paca, que ce soit à travers son plan pour Marseille, ou dans le financement de la Ligne nouvelle, par exemple. « Avec le plan Marseille en grand, nos écoles, nos transports, le logement, la sécurité pour tous, la culture pour nos enfants, en ces temps troublés, nous n’avons pas été oubliés », s’est réjoui Martine Vassal lors de l’annonce de son ralliement.
« On est déjà sur la suite »
« J’ai eu six effectifs de fonctionnaires de police nationale en plus à Briançon, liste Arnaud Murgia. J’ai pu bénéficier du plan de relance. Ce gouvernement a fait le travail. Il faut le reconnaître. » « Ce n’est pas un calcul, réfute Pascal Chamassian. Par contre, ça peut prouver que même quand on n’a pas forcément un ancrage politique, on est capable d’aider un territoire. Ça, ça peut séduire. »
Notre dossier sur la présidentielle 2022
Des rumeurs laissent entendre qu’Emmanuel Macron tiendrait le week-end prochain son premier meeting… à Marseille. Avec de nouveaux ralliements en vue ? « Il y en aura d’autres, prédit Bruno Gilles. On est déjà sur la suite. Dès le soir du premier tour, il y en aura qui appelleront à voter Emmanuel Macron, après un score catastrophique de Valérie Pécresse. » En attendant, les LR qui restent souffrent et tentent de ne pas sombrer. « C’est dur, souffle Ludovic Perney, secrétaire général adjoint des Républicains, et chef de file des Jeunes Républicains dans les Bouches-du-Rhône. A chaque jour suffit sa peine. Il va y avoir un travail de reconstruction. Mais ça va être long. Après l’obscurité vient la lumière… »