Régionales en Bretagne : « Une force, ça ne s’abandonne pas »… Le président sortant se présente en rassembleur
POLITIQUE•Le socialiste Loïg Chesnais-Girard a livré un message de rassemblement pour son entrée en campagne mardi à TrébeurdenCamille Allain
L'essentiel
- Le président sortant du conseil régional de Bretagne Loïg Chesnais Girard a annoncé qu’il était candidat à sa succession ce mardi.
- Nommé en 2017 en remplacement de Jean-Yves Le Drian, le socialiste tente de rassembler et veut s’appuyer sur les piliers de l’économie bretonne.
- Une stratégie bien loin de celles des écologistes, qui plaident pour une refonte en profondeur du modèle agricole.
On le voyait de plus en plus sur le terrain et dans les médias. Président sortant, Loïg Chesnais-Girard a officialisé ce mardi sa candidature aux élections régionales. Seul, debout, face à la presse et tournant le dos à la mer et au crachin breton, l’actuel président de la région Bretagne avait choisi la charmante cité balnéaire de Trébeurden, dans les Côtes d’Armor, pour rendre publique sa décision de briguer un second mandat. Celui qui avait remplacé Jean-Yves Le Drian en 2017 espère garder la région aux mains des socialistes mais se heurte à son déficit de notoriété, lui qui reste dans l’ombre du ministre des Affaires étrangères. Le nom de sa liste ? « La Bretagne avec Loïg ».
Pour s’offrir la chance de poursuivre son bail rue Martenot, l’ancien maire de Liffré, près de Rennes, a décidé de jouer la carte du rassemblement. « L’agriculture, la pêche, l’agroalimentaire, ce sont les piliers de notre économie. Et une force, ça ne s’abandonne pas. La Bretagne ne doit pas tourner le dos à ce qu’elle est. Nous devons être fiers de nos agriculteurs, de nos pêcheurs. Je m’opposerai à toutes les idées de repli », assure Loïg Chesnais Girard, pour répondre aux critiques régulières adressées au modèle agroalimentaire breton.
« Je veux et les usines et l’écologie »
Le président sortant sait qu’il marche sur un fil. « Homme de gauche », il devra rassembler les voix de tous bords pour espérer poursuivre sa mission à la tête de la région. S’il pourra profiter de « la prime au sortant », il est aussi condamné à un numéro d’équilibriste entre l’ancien et le nouveau monde. Car si la Bretagne sait ce qu’elle doit à ses poids lourds de l’agroalimentaire, elle n’hésite plus à les remettre en question, notamment en ville, où le vote écologiste a nettement progressé. « Il faut réconcilier la production et l’écologie. Il ne doit pas y avoir de tabous, rien de caché. Il y a des piliers qui font vivre des milliers de personnes et ils ont tous leur place en Bretagne. Mais on doit assumer qu’il y a eu des excès. Il y a des virages à prendre. Je veux et les usines et l’écologie », prévient-il.
Alors que certains annoncent déjà une alliance au second tour avec la candidate EELV Claire Desmares-Poirrier, le président sortant s’en méfie. « Le deuxième tour c’est plus tard. J’ai un équipage de 92 personnes et je ne compte pas en laisser une partie en escale le 20 juin (soir du premier tour) ». Avant de lancer une pique. « Ceux qui disent que la Bretagne serait l’une des régions les plus mal classées du monde sur le plan environnemental se trompent. Et ils insultent la Bretagne », envoie Loïg Chesnais Girard en référence aux déclarations de la tête de liste écologiste dans 20 Minutes.
Il faudra attendre vendredi pour connaître les premiers noms des hommes et des femmes qui constitueront la liste du président sortant. On sait déjà que Thierry Burlot, ancien vice-président, n’en sera pas et défendra les couleurs de La République en marche, tout comme Olivier Allain, ancien cadre de la FNSEA et ancien vice-président délégué à l’agriculture. « Notre majorité n’a pas explosé. Il y a eu un délit de fuite de certains qui se sont échappés ici est là. Mais la majorité tient bon », assure Loïg Chesnais Girard. Le scrutin s’annonce serré en Bretagne. Même s’il faut reconnaître qu’il n’attire pas beaucoup de passionnés.