Elections européennes: «Quitte à souffler dans le vent, autant qu’il aille dans le sens de l’écologie», des internautes expliquent pourquoi ils ont voté EELV
VOUS TÉMOIGNEZ•La liste Europe Ecologie-Les Verts (EELV) s'est hissée à la troisième place des élections européennes ce dimancheCharlotte Murat
L'essentiel
- EELV a réalisé une percée inattendue, ce dimanche ; en arrivant troisième à l’élection européenne.
- Nous avons demandé aux internautes ce qui a motivé leur vote en faveur de ce parti.
- Pour beaucoup, c’est une prise de conscience de la crise climatique et la volonté de vouloir peser au niveau européen.
- Les jeunes, très concernés par l’écologie, ont massivement voté pour EELV.
- Pour d’autres électeurs, il s’agissait plus d’un vote sanction ou « faute de mieux ».
Succès surprise pour les Verts, ce dimanche. La liste Europe Ecologie-Les Verts (EELV) est arrivée à la troisième place de l’élection européenne, avec 13,47 % des suffrages exprimés, selon les résultats définitifs publiés par le ministère de l’Intérieur. « Les Françaises et les Français nous ont envoyé un signal très clair : ils veulent que l’écologie aussi soit au cœur du jeu politique », s’est réjoui Yannick Jadot, tête de liste, à l’annonce des résultats, ajoutant que « ce message a été lancé dans toute l’Europe ». Les verts ont en effet réalisé une poussée remarquable au niveau européen, ce qui leur permet d’envisager 70 sièges au Parlement européen, contre 51 actuellement.
L’urgence climatique s’est imposée comme un thème de préoccupation majeur pour de nombreux électeurs français qui ont choisi EELV, comme l’expliquent les internautes qui ont répondu à notre appel à contribution. « Je suis déçue par l’absence de réaction de Macron à la crise écologique. Je n’ai pas digéré le cadeau aux chasseurs », précise Caroline, qui espère que « les écolos vont peser sur le Parlement européen ».
L’Europe, vecteur de politique écologique
Pour les électeurs sensibles à la question écologique, l’Europe apparaît alors comme le meilleur vecteur pour mener une politique en ce sens. « L’urgence écologique doit être un sujet majeur à prendre en compte dans chaque décision, estime Florian. Or la lutte écologique est caduque si elle n’est pas globalisée. L’Europe est le terrain de travail idéal pour faire appliquer des règles majeures et structurantes qui nous concerneront tous, Français et voisins européens. »
Une partie des électeurs revendique ainsi avoir dépassé les enjeux nationaux pour cette élection, à l’instar de Pascal : « Cette élection permettait justement de viser les problématiques écologiques à un niveau plus large que les petits intérêts des partis traditionnels. L’Europe est en outre plus forte au niveau international contre des puissances comme les USA, la Chine, qui se fichent de ces questions. »
Les jeunes attirés par l’écologie
La mobilisation autour de la jeune militante écologiste suédoise Greta Thunberg, qui a rassemblé des centaines de milliers de lycéens et d’étudiants dans les rues ces derniers mois, a visiblement payé. La liste EELV aux européennes a surtout attiré les jeunes et plus de la moitié de ses électeurs ont arrêté leur choix peu de temps avant le scrutin, selon trois sondages* publiés dimanche soir.
« J’ai décidé de mon vote une fois dans l’isoloir, confirme Laure-Ella, étudiante de 25 ans. Pour être franche, je n’ai pas écouté Yannick Jadot lors des débats. Je ne connais pas tellement et concrètement les grandes idées du parti. Mais je me dis qu’il est temps que la planète soit le sujet phare de l’Europe et du monde. Je ne comprends pas que l’écologie soit un parti, qu’il faille choisir entre l’écologie et la lutte contre le chômage. Ça devrait être l’affaire de tous. Mais s’il faut un vote pour que des gens s’installent au Parlement et puissent enfin expliquer ce qui est bien ou pas pour la planète, alors je leur donne. »
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Faute de mieux
Pour d’autres, glisser un bulletin EELV dans l’urne relevait plus du vote sanction ou d’un « faute de mieux ». « J’ai voté pour envoyer un message clair aux autres forces politiques », affirme ainsi Guillaume. « Je ne voulais pas voter pour celui qui a abaissé ma retraite et mon pouvoir d’achat, ni pour un parti d’extrême droite. C’est pourquoi je me suis rabattu sur EELV, qui me paraissait le plus crédible », enchérit Gilles.
« Mon vote initial aurait dû être pour LREM, précise Jo. Mais notre président et son gouvernement ont été pris en flagrant délit d’incompétence politique et ils doivent retrouver de la crédibilité dans les trois ans qui viennent. J’ajoute que je fais une nette distinction entre une élection européenne et une élection interne à la France. Pour une élection interne, j’aurais voté contre le RN, c’est-à-dire pour LREM. » « Tous les partis présentés font des promesses dans le vent. Quitte à souffler dans le vent, autant qu’il aille dans le sens de l’écologie », conclut Béatrice.
Le Premier ministre Edouard Philippe a affirmé, dimanche soir, avoir entendu le « message de nombreux Français sur l’urgence écologique ». L’avenir dira si c’est vraiment le cas.
* Sondage Harris Interactive Epoka/TF1, LCI, RTL, Le Figaro réalisé en ligne dimanche auprès d’un échantillon de 5.465 inscrits sur les listes électorales (méthode des quotas)
Sondage Ipsos Sopra Steria/France TV et Radio France réalisé en ligne du 22 au 25 mai auprès d’un échantillon de 5.433 inscrits sur les listes électorales (méthode des quotas)
Sondage OpinionWay réalisé en ligne dimanche auprès d’un échantillon de 5.457 inscrits sur les listes électorales (méthode des quotas)