INTERVIEW«L'Europe va comme un gant» à EELV, analyse la chercheuse Vanessa Jérome

Elections européennes: «L'Europe va comme un gant» à EELV, analyse la chercheuse Vanessa Jérome

INTERVIEWLa liste menée par Yannick Jadot arrive troisième ce dimanche, devant La France Insoumise ou Les Républicains. Chercheuse en sciences politiques, Vanessa Jérome revient sur ce succès des écologistes
Mathilde Cousin

Propos recueillis par Mathilde Cousin

L'essentiel

  • Europe Écologie les Verts (EELV) s'est classé troisième ce dimanche aux élections européennes.
  • Un score qui rappelle la percée des écolos aux élections de 2009.
  • EELV a investi l’Europe qui leur rend bien, analyse la chercheuse Vanessa Jérome pour 20 Minutes.

«Une vague verte européenne ». C’est ainsi que Yannick Jadot, tête de liste d’Europe Ecologie les Verts (EELV), a salué la troisième place de sa liste aux élections européennes. Selon les instituts de sondage, les écologistes ont obtenu de 12,7 à 13 % des voix ce dimanche. Un score qui rappelle une précédente troisième place : en 2009, les écologistes avaient récolté un peu plus de 16 %.

La percée verte de ce dimanche est observée dans d'autres pays : en Allemagne, les écologistes arrivent deuxième, en Irlande ils ont fait une percée historique.

Vanessa Jérome, chercheuse associée au département de sciences politiques à l’université Paris I, décrypte pour 20 Minutes ce score de la liste EELV.

Comment analysez-vous cette troisième place ?

Il y a plusieurs raisons : d’abord, les Verts français capitalisent sur un investissement dans les institutions européennes qui est ancien chez eux. Ils sont sur un terrain qui leur est connu depuis longtemps : c’est là qu’ils ont eu leurs premiers élus en 1989. C’est pour cela qu’ils prennent le risque d’aller seuls à cette élection.

La deuxième raison, c’est qu’ils capitalisent sur leur action au parlement européen, sur leur cohérence entre le discours et le vote.

La troisième raison, c’est qu’ils capitalisent sur les mouvements citoyens qu’on a vu fleurir ces derniers mois : les marches pour le climat, les mobilisations des jeunes.

Peut-on parler d’une vague verte au niveau européen ?

Oui, même si elle est relative en fonction des pays. Toutefois, je me méfie de l’idée de la vague, car on a ainsi l’idée que les partis verts européens sont uniformes.

Les autres partis ont mis en avant l’écologie dans leur programme. Cette stratégie de s’approprier le vote écologiste n’a-t-elle pas finalement profité à EELV ?

C’est assez classique, ces tentatives de captation des idées, mais il faut être assez crédible pour le faire. Il y a aussi la tentative de décrocher des écologistes : c’est ce qu’on fait les macronistes avec Pascal Canfin et Pascal Durand [deux anciens Verts].

Cela, ce sont des tentatives assez classiques de récupération des thèmes ou des individus. Ce qui est assez nouveau, c’est que le temps passant les citoyens sont de plus en plus formés et sensibles à la question écologiste. On voit bien qu’ils sont plus à même de faire la différence entre les programmes.

Traditionnellement, les écologistes réussissent mieux aux Européennes que dans les scrutins nationaux…

Il y a plusieurs explications : avec le mode de scrutin, proportionnel de liste à une tour, il n’y a pas de vote utile.

De plus, les Verts, dans leur logiciel, n’ont pas vraiment un discours national. Ils sont opposés depuis toujours à la présidentielle. Le niveau européen leur va mieux car l’Europe c’est très techno. Cela leur convient car ce sont des experts. Ils servent très bien l’Europe et, en retour, l’Europe les cherche. L’Europe leur va comme un gant.