POLITIQUEQuels sont les liens entre Steve Bannon et le Rassemblement national?

Elections européennes: Quels sont les liens entre Steve Bannon et le Rassemblement national?

POLITIQUELundi, Marine Le Pen a soutenu que l'ex-conseiller de Donald Trump « n'a aucun rôle dans la campagne » pour les élections européennes
Mathilde Cousin

M.Co.

L'essentiel

  • Lundi, Marine Le Pen a soutenu que Steve Bannon « n'a aucun rôle dans la campagne » pour les élections européennes.
  • Il y a eu plusieurs rencontres entre des dirigeants du Rassemblement national et l'Américain.
  • Steve Bannon explique être « un conseiller informel ».

Qu’il semble loin le temps des embrassades publiques. En mars 2018, les dirigeants frontistes se félicitaient publiquement de recevoir Steve Bannon lors du congrès du parti. Depuis quelques mois, Marine Le Pen prend ses distances avec l’Américain, ex-conseiller de Donald Trump.

Interrogée ce lundi matin par franceinfo sur la présence de Steve Bannon dans la capitale, la dirigeante du Rassemblement national a expliqué « ne pas savoir qu’il était à Paris ». Marine Le Pen a soutenu que l’Américain « n’a aucun rôle dans la campagne » de son parti pour les élections européennes.

Elle a reconnu l’avoir rencontré pour la dernière fois « il y a trois mois ». « Nous nous sommes rapprochés de lui [Steve Bannon] pour deux raisons : c’est un conseiller politique […] et c’est un conseiller financier, a-t-elle détaillé au micro de la radio. Nous cherchions une banque européenne pour trouver un financement. Nous lui avons donc demandé s’il connaissait une banque européenne qui accepterait de nous faire un prêt […]. Lui non plus n'[en] a pas trouvé. » Steve Bannon ferait également partager son expérience de la campagne présidentielle américaine, notamment en matière de levée de fonds auprès du grand public.

Steve Bannon soutient être « un conseiller informel »

Vendredi, Steve Bannon a affirmé « n’avoir jamais donné de capital » au RN. Dans une interview au Parisien, l’ancien banquier chez Goldman Sachs a précisé son rôle : « je suis un conseiller informel, je ne me fais pas payer. » Il précise « faire des observations à certains partis et donner des conseils sur la levée de fonds. »

Un simple rôle de conseiller alors ? En mars 2018, le Front national, qui n’était pas encore devenu le Rassemblement national, déroulait le tapis rouge à Steve Bannon pendant le congrès du parti à Lille. « Bienvenue à Steve Bannon », avait ainsi tweeté Louis Aliot. Marine Le Pen avait elle remercié l’Américain « pour sa venue » et « son discours instructif et enthousiasmant ».

Des rencontres entre le RN et Steve Bannon

Quelques semaines plus tard, Louis Aliot et Jérôme Rivière, membre du conseil national du FN et porte-parole, posaient aux côtés de Steve Bannon et de Raheem Kassam, ancien rédacteur en chef de Breitbart News London, à Rome.

Cet échange fait partie d’une série de trois rencontres entre Louis Aliot et Steve Bannon, expliquait en septembre le vice-président du RN à L'Opinion. L’élu indiquait alors que le RN « soutient l’initiative [de Steve Bannon] mais ne fait pas encore partie des membres de sa fondation. »

Steve Bannon a en effet lancé une fondation, The Movement. Un projet aux contours flous, qui connaît un succès mitigé : les dirigeants d’Europe centrale sont sur la réserve, les Autrichiens sont méfiants.

A l’automne, Marine Le Pen plus distante

A l’automne, Marine Le Pen se montre plus distante avec l’initiative de Steve Bannon. « Bannon n’est pas issu d’un pays européen, il est Américain », a-t-elle attaqué lors d’une conférence de presse commune avec Matteo Salvini. Selon Le Figaro, la cheffe du RN a lancé que « la force politique qui naîtra des élections en Europe, c’est nous, et nous seuls, qui la structurerons. »

Trois jours après cette sortie, Marine Le Pen et Steve Bannon se rencontrent, comme le confie Louis Aliot. Il s’agit d’une « clarification », d'après Le Figaro. Les deux personnalités ont évoqué le projet de fondation de l’Américain. « Il m’a confirmé sans ambiguïté que son intention n’est pas d’intervenir politiquement en Europe, mais de créer un think tank qui permette des recherches, des études et des colloques sur des sujets importants qui touchent à des préoccupations communes […] comme la mondialisation sauvage, la financiarisation de l’économie, les migrants », a détaillé Marine Le Pen à l’AFP après la rencontre.

Participation à un meeting

En décembre, les deux personnalités s’affichent publiquement ensemble – c’est la dernière fois à ce jour. Marine Le Pen et Steve Bannon participent à un meeting de Vlaams Belang, un parti d’extrême droite flamand, contre le pacte mondial sur les migrations de l’ONU.

Les rencontres entre des membres de RN et Steve Bannon continuent au printemps. En avril, Paris Match rapporte que le porte-parole du parti a déjeuné avec l’Américain. Le porte-parole aurait rencontré Steve Bannon une dizaine de fois, selon franceinfo.

Steve Bannon « donne pas d’argent » au RN, selon un cadre du parti

Envoyé Spécial s’est procuré les images d’une rencontre entre Jérôme Rivière, Louis Aliot et Steve Bannon à l’été 2018 à Londres. Selon la documentaliste qui suivait Steve Bannon à l’époque, les deux hommes ont « parlé argent » avec l’Américain.

Jérôme Rivière a expliqué aux équipes de l’émission que Steve Bannon ne leur « donne pas d’argent. » C’est également ce que soutient l’ex-conseiller de Trump : la discussion aurait simplement portée sur les modalités de remboursement d’un emprunt. « Tout ce que j’ai fait, c’est de dire : "Voilà mes propositions : soit vous refinancez vos emprunts, soit vous levez des fonds chez des donateurs" », a-t-il expliqué à Envoyé Spécial.

« Des séances d’échange » avec Steve Bannon

Quelques jours plus tard, même défense chez Louis Aliot : Steve Bannon « était là en lien entre une institution bancaire éventuelle et une demande de prêt dans l’espace économique européen. […] Cela n’a pas abouti. »

La dernière rencontre entre des dirigeants du RN et Steve Bannon remonterait à vendredi. D'après Le Parisien, Jérôme Rivière et Nicolas Lesage, membre du conseil national du parti, ont rencontré ce jour-là l’Américain à Paris. « Ce sont des séances d’échanges, pas des conseils, a détaillé Jérôme Rivière auprès du quotidien. Il raconte sa campagne américaine et nous, on pioche ce qui nous intéresse. » En vue de l’élection de dimanche ?