Rennes: A deux ans des élections municipales, la bataille entre socialistes et macronistes est déjà lancée
MUNICIPALES•Les maires viennent de boucler la première partie de leur mandat. A deux ans des élections municipales, «20 Minutes» se demande quelles sont les forces en présence à Rennes...Jérôme Gicquel
L'essentiel
- Sauf surprise, la socialiste Nathalie Appéré devrait être candidate à sa succession.
- Elle aura fort à faire pour conserver une mairie ancrée à gauche depuis plus de 40 ans.
- Fort de ses bons résultats aux législatives, le mouvement En Marche veut s’emparer de la capitale bretonne.
«J’assume d’être à l’offensive ». La petite phrase lâchée par Nathalie Appéré début janvier lors de ses vœux à la presse ne laisse guère planer le doute. À moins d’une grosse surprise, la maire socialiste de Rennes devrait bien être candidate à sa propre succession pour les municipales en 2020. « Elle n’a d’ailleurs pas trop le choix si elle veut poursuivre sa carrière politique », souligne le politologue Romain Pasquier.
Ancienne députée-maire de la capitale bretonne, l’élue socialiste avait en effet lâché son fauteuil à l’Assemblée nationale l’an dernier « en conformité avec la loi sur le non-cumul des mandats », avait-elle alors expliqué. Depuis, la maire a repris sa ville en main, multipliant les visites sur le terrain. Une manière de montrer les muscles face aux marcheurs, qui affichent depuis plusieurs mois leurs ambitions dans la capitale bretonne. « La ville est aux mains des socialistes depuis près de 40 ans avec un risque d’usure du pouvoir », souligne le chercheur.
Carole Gandon comme candidate des marcheurs ?
Les résultats des dernières législatives peuvent en attester. Surfant sur les très bons résultats obtenus par Emmanuel Macron à Rennes, les candidats de la République en marche avaient réduit le PS en miettes en décrochant trois sièges de députés. Seul François André avait sauvé les meubles mais le socialiste siège depuis dans les rangs d’En Marche à l’Assemblée.
Pour les socialistes, la tâche s’annonce donc très ardue pour conserver les clés de l’Hôtel de ville. « Ce sera peut-être le combat politique le plus dur pour Nathalie Appéré », indique Romain Pasquier.
Dans le camp d’en face, on fourbit les armes pour faire vaciller le pouvoir socialiste en place. Pour mener la bataille, la référente En marche en Ille-et-Vilaine Carole Gandon apparaît la mieux placée. « Elle fait un gros travail de terrain et peut compter sur un mouvement très structuré avec 7.500 adhérents dans le département », analyse le directeur de recherche au CNRS.
Nathalie Appéré regarde sur sa gauche
Pour se démarquer, Nathalie Appéré multiplie depuis plusieurs mois les coups de barre à gauche en dénonçant la politique du gouvernement Philippe. Ce fut le cas sur la réforme de l’impôt de solidarité sur la fortune, sur la baisse des APL ou sur la diminution des contrats aidés. « Elle va être obligée de gauchiser son discours pour rassembler dès le premier tour », analyse le politologue.
Un rassemblement qui ne s’annonce pas gagné pour l’instant d’autant que les Verts, alliés du PS au sein de l’actuelle majorité, pourraient être tentés de se rapprocher de la France Insoumise dans la perspective de 2020. Si aucun candidat ne s’est encore déclaré, Matthieu Theurier, déjà candidat pour Europe Ecologie Les Verts en 2012, et Enora Le Pape, candidate de la France Insoumise pour les législatives, pourraient mener la bataille des municipales.
Dans ce paysage politique rennais en pleine recomposition, la droite devrait elle, comme souvent, avoir du mal à exister. Son candidat devrait être Bertrand Plouvier, chef de file du groupe d’opposition Alternance 2020. Le Front national, qui peine à séduire dans la capitale bretonne, a également annoncé son intention de déposer une liste en 2020.