CAMPAGNELégislatives: Pourquoi la campagne des Républicains s'annonce compliquée

Législatives : Pourquoi la campagne des Républicains s'annonce (très) compliquée

CAMPAGNEPas si simple, pour les candidats LR-UDI, de mener la campagne des législatives après des ralliements au président Emmanuel Macron...
Anne-Laëtitia Béraud

Anne-Laëtitia Béraud

L'essentiel

  • Le parti Les Républicains allié à l’UDI souhaite obtenir une majorité à l’Assemblée nationale à l’issue des élections législatives
  • Mais les deux formations sont gênées après que plusieurs de leurs membres ont rejoint ou sont attirés par le mouvement du président Macron
  • Sur le terrain, plusieurs candidats reconnaissent une campagne délicate pour les échéances de juin

Et c’est reparti ! La campagne officielle pour les élections des 11 et 18 juin débute officiellement ce lundi. Le parti Les Républicains allié aux centristes de l’UDI ont organisé samedi un grand meeting de campagne à Paris devant environ 2.500 personnes. Si l’objectif pour la droite et le centre est d’obtenir une majorité de droite pour exercer le pouvoir dans une cohabitation, la donne se complique dans la réalité. La faute aux ralliements au président Emmanuel Macron…

>> La liste des candidats LR pour les législatives

Après une présidentielle pourrie par l’élimination au premier tour -une première sous la Ve République- du candidat de la droite et du centre, trois personnalités issues de LR (Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin) ont rejoint dans la foulée le gouvernement du président Macron. A cela s’ajoute un appel à « saisir la main tendue » par le chef de l’Etat signé par plus de 170 membres des Républicains et de l’UDI, qui a provoqué la confusion. Au « projet radical » défendu par François Fillon, le programme LR pour les législatives a été réorienté de manière express sur le pouvoir d’achat des classes moyennes. Quant aux sondages, deux enquêtes Opinionway et Harris Interactive publiées jeudi révèlent que La République en marche ! (LREM) arrive largement en tête des intentions de vote, avec une projection de 250 à 300 sièges, quand le groupe LR pourrait espérer 170 à 190 sièges dans la nouvelle assemblée.

Les sirènes du macronisme

Autant d’éléments à conjurer pour François Baroin, l’homme-orchestre de ces législatives pour LR. Samedi à Paris, le député-maire de Troyes (Aube) a lancé les arguments de cette campagne, repris par ses lieutenants :

  • La République en marche ! n’a rien à voir avec la droite et le centre… et quand bien même certaines personnalités de ses rangs ont rejoint Macron. Le programme de LREM, « ce n’est pas le nôtre » et « nous le combattons depuis des mois (…) » a ainsi affirmé Valérie Pécresse samedi à Paris.
  • Pas question de laisser le FN ou les Insoumis représenter l’opposition pour les cinq prochaines années, ce qui signifierait la mort de LR. Christian Jacob, coordinateur de cette campagne des législatives, a ainsi jugé dimanche qu’un choix entre Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen reviendrait à choisir « entre la peste et le choléra » au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro.
  • Ainsi, seuls Les Républicains peuvent représenter une opposition « constructive » « qui travaillera avec le président de la République sans confrontation », a argué dimanche Eric Woerth, chargé du projet LR pour ces législatives, lors du Grand Rendez-vous Europe 1-Cnews-Les Echos.

Renouvellement et enjeux locaux

Sur le terrain, difficile de joindre ce lundi plusieurs candidats Les Républicains. Trois prétendants « macron-compatibles » se disent « très, très occupés » par leur campagne. L’attraction vers LREM est cependant à l’œuvre, même si peu le confirment en « on ». Seul Pierre-Yves Bournazel, candidat LR-UDI soutenu par le Modem dans la 18e circonscription de Paris, se dit « très clair sur la question ». « Homme neuf, réformateur, humaniste, je fais campagne dans la majorité présidentielle. Il y a une opportunité historique, liée à la recomposition du paysage politique, d’enfin dépasser les clivages politiciens ». Le conseiller régional LR d’Ile-de-France et ancien porte-parole d’Alain Juppé n’a pas d’adversaire LREM dans sa circonscription. Et si les électeurs le portent à l’Assemblée nationale, l’élu parisien assure vouloir garder sa « liberté de parole » et « soutenir les projets réformateurs du gouvernement », repoussant toute « opposition systématique ou stérile ». A voir si un éventuel groupe parlementaire LR-UDI accepterait cette situation…

Quant à Zartoshte Bakhtiari, le candidat LR-UDI dans la 3e circonscription de Seine-Saint-Denis reconnaît qu’on lui a fait de l’œil et qu’avec son profil - ses parents ont fui la révolution iranienne -, il aurait « 90 % de chances de rentrer à l’Assemblée nationale » avec une étiquette LREM. Le jeune homme de 27 ans a refusé « par conviction aux valeurs portées par ma famille politique qui m’a fait confiance », persuadé qu’« En Marche !, qui représente du hollandisme recyclé, ne va pas tenir six-huit mois », assure-t-il. Dans sa circoncription de gauche, « difficile mais pas ingagnable », Zartoshte Bakhtiari fait campagne sur son statut d’élu local. « Entre un candidat de LREM ! [Patrice Anato] parfaitement inconnu et l’ancienne ministre écologiste Emmanuelle Cosse parachutée, je suis le seul à offrir un nouveau visage d’élu local », résume-t-il.

Enguerrand Delannoy, candidat Les Républicains dans la 3e circonscription de la Vienne, préfère encore railler le pedigree de son rival pour les échéances de juin. Le député PS sortant Jean-Michel Clément, qui l’a battu en 2012, se représente sous les couleurs de LREM… « [Jean-Michel Clément] est socialiste avant d’être LREM. Dans un contexte politique ambigu, je reste fidèle aux convictions LR, ayant à cœur l’agriculture pour rétablir un équilibre après les milliards d’euros versés aux banlieues », souligne le conseiller départemental du Sud-Vienne et maire de Saint Pierre de Maillé. Un dossier et un profil, qui, espère le jeune homme, feront la différence auprès des électeurs.