Résultats présidentielle: Au second tour, «un vote très urbain» pour Macron, «la périphérie» pour Le Pen
TERRITOIRE•A l’exeption de l’Aisne et du Pas-de-Calais, Emmanuel Macron est arrivé en tête dans tous les départements…Coralie Lemke
Depuis hier soir, la France est toute jaune, à l’exception de deux taches grises. Le second tour de l’élection présidentielle a donné Emmanuel Macron largement vainqueur du scrutin, avec 66,1 % des voix. Son parti, En Marche !, est arrivé premier dans quasiment toute la France, à l’exception de deux départements, du Nord de la France.
« Les scores sont sensiblement les mêmes qu’au premier tour », estime Yves-Marie Cann, directeur des études politiques chez Elabe. « Emmanuel Macron a bénéficié d’un vote très urbain. C’est dans les grandes villes qu’il fait ses meilleurs scores. Alors que Marine Le Pen est plutôt la candidate de la périphérie », explique Gilles Ivaldi, chercheur au CNRS et spécialiste de l’extrême droite.
Le vote des territoires desindustrialisés
Le président élu a par exemple remporté 89,68 % des suffrages à Paris. Tandis que Marine Le Pen, elle réalisait 52,91 % dans l’Aisne et 52,05 % des voix dans le Pas-de-Calais. « Marine Le Pen a ciblé les milieux populaires de sa campagne et on voit bien qu’elle est arrivée première dans des territoires désindustrialisés. »
Elle ne réalise que 14,35 % dans les Hauts-de-Seine, un département traditionnellement ancré à droite. « Elle s’est positionnée à gauche pour récupérer des voix de Jean-Luc Mélenchon. Mais elle s’est éloignée de l’électorat de François Fillon », analyse Gilles Ivaldi.
En revanche, Emmanuel Macron est passé de justesse dans certains départements, comme dans le Var avec 50,85 % des suffrages. « Il faut rester prudents sur les scores de Marine Le Pen. Son score reste très haut dans plusieurs de ses bastions, comme la Moselle (42,34 %) ou la Corse du Sud (49,41 %) par exemple. »
Un score à comparer avec celui de 2005
Si les résultats sont proches de ceux du premier tour, pour Yves-Marie Cann, ils se rapprochent également de ceux obtenus lors du référendum sur la Constitution européenne de 2005. « La France de l’Ouest avait majoritairement voté en faveur du traité, face au non d’une France du Nord et de l’Est, en tension sur les questions d’immigration et d’emploi. C’est similaire à ce qu’on voit aujourd’hui, un candidat pro-européen face à une candidate qui remet l’Europe en question. »
L’abstention, elle a été forte en Ile-de-France et dans le Sud de la France, le long de la frontière espagnole. « Dans le Sud, il s’agit plutôt d’une abstention des électeurs des Républicains », précise Yves-Marie Cann. Des électeurs de droite, qui, après l’élimination de François Fillon au premier tour, ne se sont dirigés ni vers l’extrême-droite, ni vers le parti de l’ancien ministre de l’Economie.