VIDEO. Présidentielle: Qu'ont voulu dire les quatre millions d'électeurs qui ont voté blanc ou nul?
ANALYSE•« 20 Minutes » revient sur les enseignements de cette élection présidentielle à propos de l’abstention du vote blanc…Anne-Laëtitia Béraud
Emmanuel Macron a été élu dimanche président de la République avec 66,1 % des suffrages, soit 20,8 millions de voix, selon les résultats du ministère de l’Intérieur. Il bat largement Marine Le Pen, qui totalise 33,9 % des suffrages, soit 10,6 millions de voix. Ce second tour a été marqué par une forte abstention, à près de 25,44 %, (soit 12,1 millions). Quant aux blancs et nuls, ils représentent 11,47 % des votants, soit 4,07 millions de bulletins. Retour sur les enseignements de ce scrutin avec Thomas Vitiello, responsable de la boussole présidentielle au Centre de recherches politiques de Sciences Po Paris (Cevipof).
Quelle est la différence entre l’abstention et les votes nuls et blancs ?
« L’abstention représente des gens qui ne se déplacent pas pour aller voter. Ils ne sont souvent pas intéressés par la vie politique et ne votent donc pas. Les blancs et nuls sont différents : les électeurs se déplacent pour aller voter. Le vote blanc correspond à une enveloppe vide ou avec un bulletin blanc, quand un vote nul représente un bulletin gribouillé ou déchiré, par exemple », rappelle Thomas Vitiello. Le vote nul peut aussi représenter d’autres cas, avec un autre contenu qu’un bulletin officiel inséré dans l’enveloppe, ou plusieurs bulletins mis dans cette enveloppe…
Si le vote blanc a été reconnu depuis une loi de février 2014, il n’est pas considéré comme un suffrage exprimé. « Les bulletins blancs sont décomptés séparément et annexés au procès-verbal. Ils n’entrent pas en compte pour la détermination des suffrages exprimés, mais il en est fait spécialement mention dans les résultats des scrutins », dit ainsi la loi.
Quels sont les chiffres de l’abstention, des votes nuls et blancs ?
Le second tour de la présidentielle a été marqué par la plus forte abstention depuis 1969, à 25,44 % des inscrits. Et, contrairement à 2002 où la présence du Front national avait mobilisé, l’abstention augmente nettement par rapport au premier tour de la présidentielle de 2017 (22,23 %). C’est aussi une première depuis 1969 : elle signifie que la qualification de la candidate du Front national au second tour, annoncée par les sondages depuis des mois, n’a pas effrayé les électeurs et provoqué de surmobilisation contre le parti d’extrême droite.
Le geste est fort : 11,47 % des votants ont déposé un bulletin blanc (8,51 %) ou nul (2,96 %) dans l’urne ce dimanche. Au premier tour, les blancs (1,78 %) et nuls (0,78 %) avaient totalisé 2,56 % des inscrits, selon les chiffres du ministre de l’Intérieur.
Combien les bulletins nuls et blancs représentent-ils habituellement ?
Lors des précédentes présidentielles françaises, les blancs et nuls, qui ont été associés jusqu’à la réforme de 2014, ont globalement représenté entre 4 % et 6 % au second tour. Les blancs et nuls ont totalisé 5,82 % à la présidentielle de 2012, 4,20 % en 2007, 5,39 % en 2002, 5,97 % en 1995 ou 6,42 % en 1969.
Est-ce que l’on va prendre un jour en compte les votes blancs ?
Actuellement, un électeur qui vote blanc ne verra pas son bulletin considéré comme un suffrage exprimé. Reconnaître ce vote blanc reste cependant problématique, souligne Thomas Vitiello. « Comment faire évoluer la prise en compte du vote blanc ? On pourrait les prendre en compte dans les suffrages exprimés. Et on peut aussi imaginer des sièges vides correspondant à la part de votes blancs. » Mais, nuance-t-il, « la reconnaissance du vote blanc ne représente pas aujourd’hui un souci central des politiques du candidat élu Emmanuel Macron… »