VIDEO. Présidentielle: Au QG de François Fillon, le ciel est tombé au ralenti sur la tête des militants
PRESIDENTIELLE•Au QG du candidat Les Républicains, à Paris, les sympathisants de Fillon ont accepté la défaite dans les minutes précédant l’annonce du résultat…O. P.-V.
«C’est à cause de la propagande payée par nos impôts, ça ! », lance une dame quinquagénaire, en tailleur, coupe de champagne à la main. Sa voisine confirme que « tout est de la faute » des médias. Nous sommes au QG de François Fillon, candidat des Républicains à l’élection présidentielle, non pas après l’annonce du résultat du premier tour, à l’issue duquel l’ancien Premier ministre est arrivé troisième (19,7 %, estimation à 20h), mais quelques minutes avant que les résultats apparaissent.
« Coup de massue #Fillon pic.twitter.com/jCuP5JqLh5 — O. Philippe-Viela (@OlivierPV) 23 avril 2017 »
François Fillon avait choisi d’installer son équipe le temps de la campagne dans le XVe arrondissement parisien, à deux pas du parc des expositions de la porte de Versailles où Emmanuel Macron et ses sympathisants ont fêté leur qualification pour le second tour. Rempli de journalistes autant que de militants tirés à quatre épingles (tenue correcte exigée), le QG filloniste a bruissé de multiples hypothèses pendant les deux heures qui ont précédé l’annonce, alors que les militants s’amassaient près des sources de champagne, les buffets.
Des résultats accueillis en silence
« Macron-Fillon, c’est sûr, mon père a eu des infos par un pote place Beauvau », nous assurait Thibaut, la vingtaine, cravaté, mèche affûtée vers 19h. « Tu me confirmes que mon pronostic est bon ? Fillon-Le Pen c’est ça ? Je l’avais vu venir de loin », s’exclamait au téléphone un autre, clin d’oeil lancé à la volée pour qui voulait bien partager ces confidences.
aLe coup des sondages secrets et des sources privilégiées a marché pendant au moins une heure. Et puis, d’autres premières estimations ont circulé de portable en portable. Hervé Mariton, le député de la Drôme, ne s’est pas risqué à un pronostic entre deux petits fours, alors que la tension a grimpé, jusqu’à redescendre… quelques minutes avant les résultats. Plusieurs personnes étaient déjà en pleurs au téléphone, les règlements de compte verbaux avaient démarré sporadiquement, et c’est dans une étrange ambiance de chute au ralenti que les militants fillonistes ont regardé, en silence, les visages de Marine Le Pen et d’Emmanuel Macron s’afficher sur la dizaine d’écrans de la salle de réception.
« Si encore c’était très serré… »
« Si encore c’était très serré… ». Haussement d’épaules pour ce quadragénaire en mocassins, regardant dans le vague. « Je suis dégoûté », témoigne un autre. Question surtout, pour le second tour : Macron, Le Pen, ni l’un ni l’autre ? « Non mais là, je ne sais pas, je ne sais pas, attendez », s’agite une dame, tandis que son époux l’assure, lui, il ira « à la pêche ». Quand Jean-Pierre Raffarin apporte en direct son soutien à Emmanuel Macron, plus personne n’écoute. La déclaration de Laurent Wauquiez, qui cible « le climat des affaires » comme explication à la défaite, arrive quand même aux oreilles de certains. « Pourquoi il parle lui ? », s’agace un couple près du buffet, parmi ceux qui suivent encore.
Puis vient la déclaration de François Fillon, courte : il votera Macron, car « l’abstention n’est pas dans sa nature » et « qu’il n’y a pas d’autre choix que de voter contre l’extrême droite ». Applaudissements des sympathisants à son arrivée, quelques « nons » déçus lorsque le nom de Macron est prononcé, et enfin, de nouveaux applaudissements, presque solennels, à l’évocation des principes républicains qui motivent le vote de François Fillon en faveur du candidat d’En Marche !.
aMais les militants, sous le choc, ont quitté en silence et dans le doute le QG parisien : « Lui votera Macron, je comprends. Mais moi, je ne suis pas sûr d’en avoir la force dans quinze jours », souffle Danielle, retraité, en abandonnant des locaux de campagne des Républicains.
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