PEOPLEPrésidentielle: Mais pourquoi si peu d'artistes soutiennent un candidat?

Présidentielle: Mais pourquoi si peu d'artistes soutiennent un candidat lors de cette campagne?

PEOPLELes célébrités craignent le retour de bâton...
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

On a beau les chercher aux meetings des candidats à la présidentielle, mais les people sont aux abonnés absents. Et lorsqu’un journaliste en vient à leur demander ce qu’ils pensent de la campagne, la plupart des célébrités bottent en touche et refusent de dévoiler pour qui elles voteront. « Même le groupe Frère Animal qui a fait un disque sur les dangers que représente le FN, a du mal à dire pour qui il votera le 23 avril », observe Benjamin Locoge, journaliste à Paris Match. Et hormis une tribune d’une centaine d’artistes à lutter contre le FN publié cette semaine dans Libération, les prises de position politiques des célébrités pendant cette campagne demeurent minces.

Pour l’heure, ils ne sont que quelques dizaines à avoir soutenu publiquement un candidat. Les deux personnalités politiques ayant engrangé le plus d’appuis de people sont Emmnauel Macron (Geneviève de Fontenay, Guy Bedos, Renaud, Line Renaud, François Berléand, Françoise Hardy et Pierre Arditi) et Jean-Luc Mélenchon (Richard et Romane Bohringer, Jacques Weber, Yvan Le Bolloch et Bernard Lavilliers). Mais Marine Le Pen ne peut se targuer que du soutien de Brigitte Bardot et de Franck de Lapersonne, Benoît Hamon de celui de Valérie Donzelli et de Juliette Binoche. Quant à François Fillon, les seules têtes un peu connues qui le soutiennent sont Frigide Barjot et Alain Afflelou…

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« Les "affaires" n’incitent pas à soutenir mordicus un candidat »

On est loin de l’ambiance de 2012, où Nicolas Sarkozy pouvait compter sur l’appui de Depardieu, Alain Delon, Jean Reno, Christian Clavier, Emmanuelle Seigner, Nadine Trintignant, Mireille Mathieu,Enrico Macias… Et François Hollande sur celui de Benjamin Biolay, Gérard Darmon, Juliette Gréco, Josiane Balasko, Jacques Higelin… « Il était alors de bon ton de s’afficher aux côtés d’un homme politique. Alors que désormais, les soutiens sont bien plus rares et bien moins ostentatoires », observe Caroline Derrien, journaliste politique et co-auteur de l’ouvrage Les Macron paru récemment chez Fayard.

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« On a changé d’époque. Jusqu’à la fin des années 80, il était anormal pour un artiste de ne pas prendre position sur la marche du monde. Désormais, on lui demande plutôt de "rester à sa place" », estime le politologue, Thomas Guénolé. Mais les réticences des people à soutenir un candidat sont aussi dues au climat particulier dans lequel se déroule cette campagne. « Les candidats à cette élection présidentielle suscitent moins d’enthousiasme », estime Henri-Jean Servat, le chroniqueur spécialiste des célébrités. « Les "affaires" n’incitent pas à soutenir mordicus un candidat », renchérit Caroline Derrien.

La peur que cela les desserve

Mais ce n’est pas tout. Il semble que les people aient aussi tiré des leçons des précédentes élections. « Cette fébrilité de l’engagement vient de l’élection de 2007, quand Cali notamment faisait ouvertement campagne pour Ségolène Royal. Cela lui a beaucoup coûté par la suite, et toute cette génération a pris peur. A droite en 2007, c’est Doc Gyneco et Faudel qui soutenaient Nicolas Sarkozy. On leur reproche encore…Faudel n’a plus rien fait ensuite, il a complètement disparu et semble avoir mis la musique derrière lui », décrit Benjamin Locoge.

« Les artistes ont peur de perdre des fans et des engagements. Et à une période où les films, la musique et les bouquins se vendent mal, ils jugent que le jeu n’en vaut pas la chandelle », ajoute Henri-Jean Servat « D’autant qu’aujourd’hui un artiste engagé doit aussi subir la vindicte de ses détracteurs sur les réseaux sociaux et les questions incessantes des journalistes sur son positionnement politique », poursuit Thomas Guénolé. Pour soutenir un politique sans prendre trop de risque, mieux vaut donc être un artiste installé et être raccord avec son public. « Dans le cas de Lavilliers par exemple, son soutien à Mélenchon confirme à son public qu’il partage les mêmes convictions que lui », observe Thomas Guénolé.

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Les politiciens eux-mêmes réticents

Et alors que l’on pourrait croire que les artistes sont de formidables relais d’opinion pour des candidats, il semblerait que ces derniers en doutent eux-mêmes. « Afficher une liste de soutiens de stars n’a jamais rapporté de voix, mais cela montre un candidat proche du monde de la culture », analyse Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop. Le hic, c’est que lors de cette campagne, la culture semble quasi absente des débats politiques. A quoi bon donc pour un candidat faire croire à une réelle proximité avec les artistes ? Et d’ailleurs, est-ce même souhaitable ? « Non », répond d’emblée Frédéric Dabi. « Car à l’heure actuelle, les artistes sont perçus comme une élite, "la France d’en haut". Et les hommes politiques ont bien compris qu’ils n’avaient pas intérêt à en faire des caisses de ce coté là, s’ils voulaient en même temps jouer la carte de la proximité avec leurs électeurs ».

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Nicolas Sarkozy qui n’avait pas hésité à s’afficher avec des stars pendant la campagne et le soir de sa victoire lors d’une réception au Fouquet’s, l’avait fortement payé ensuite. « Après les reproches qui ont été faits sur son côté bling bling, les autres personnalités politiques ont compris qu’il fallait mettre la pédale douce sur le côté stars et paillettes », indique Frédéric Dabi. La brouille entre Dominique Besnehard et Segolène Royal a aussi fortement marqué les esprits. "Etre allié avec une célébrité ne sert pas toujours la cause politique, bien au contraire. C’est à manier avec précaution », insiste Caroline Derrien.

Les candidats draguent-ils les artistes ?

Du coup, les candidats ont de moins en moins tendance à faire la danse du ventre aux people. « On ne va pas les chercher, ils viennent spontanément », indique par exemple le staff de benoît Hamon à 20 Minutes. « Les équipes de campagne ne démarchent pas les stars, mais elles n’hésitent pas à contacter une célébrité, si celle-ci a manifesté sa sympathie envers le candidat dans les médias », précise Thomas Guénolé.

«Brigitte et Emmanuel Macron sont très fans de culture. Ils vont souvent saluer les artistes à la fin du spectacle. Ils étoffent ainsi leur réseau, mais sans chercher à tout prix à susciter les ralliements », confirme Caroline Derrien.

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Reste que s’ils se sont montrés discrets pendant la campagne, les people pourraient décider de sortir du bois après le premier tour. « En cas de second tour Le Pen-Macron, ils monteront au créneau. D’autant que cela ne sera pas très risqué d’aller dans le sens du vent en tapant sur le Front national », estime Henri-Jean Servat. Un avis partagé par Caroline Derrien : « Les artistes ayant en horreur le Front national, la crainte de sa victoire peut fortement mobiliser l’électorat VIP ».