Présidentielle: Comment Benoît Hamon a «redessiné» son revenu universel d'existence
RELOOKING•Benoît Hamon a dévoilé jeudi les nouveaux contours de la mise en œuvre de son revenu universel d’existence…Laure Cometti
Benoît Hamon a-t-il revu à la baisse sa proposition de revenu universel d’existence, au cœur de sa campagne pour la primaire socialiste ? Le candidat a dévoilé jeudi soir dans « L’Emission politique » sur France 2 les nouveaux critères de cette mesure. S’il a dit dès le début de sa campagne, en août 2016, que la mise en œuvre de ce revenu universel serait progressive, le député des Yvelines a revu sa copie concernant la première étape de cette proposition. Si vous avez loupé les épisodes précédents, 20 Minutes vous résume tout et donne la parole à un hamoniste et un vallsiste sur ce « relooking » du revenu universel d'existence.
Qu’est-ce qui a changé ?
- Dès l’entrée en campagne de l’ancien ministre de l’Education, la création d’un revenu universel d’existence fait partie du projet de Benoît Hamon.
Un revenu qui serait « versé à toute personne majeure et d’un montant qui pourrait commencer par être au niveau du RSA socle [soit 535 euros au plus bas] puis ensuite être à 750 euros par personne », expliquait-il sur France Inter, le 3 octobre dernier.
- Première évolution : lors de son passage dans « L’Emission politique » (déjà !) du 9 décembre 2016, le candidat expliquait que ce revenu serait d’abord de 535 euros, versé automatiquement à tous les ayants droit et à tous les 18-25 ans. De fait, dans cette première phase, le revenu dit universel serait donc conditionné en fonction de l’âge et des ressources. Dans un second temps ce revenu serait versé à toute la population sans condition, puis il serait augmenté à 750 euros mensuels.
- Nouveau changement : le candidat socialiste veut « que les 18-25 ans et l’ensemble des salariés » touchant « jusqu’à 1,9 SMIC perçoivent un revenu universel ». Son montant « sera de 600 euros quand on n’a rien », et sera « dégressif » pour ceux percevant un revenu « jusqu’à 1,9 SMIC », a-t-il expliqué jeudi. Il continue de présenter cela comme la première étape, souhaitant qu'« une conférence citoyenne, sociale » soit l’occasion de « discuter de l’élargissement de ceux qui seront les bénéficiaires ».
Est-ce que Hamon fait du Valls ?
Cette nouvelle version de la première étape du revenu universel de Benoît Hamon n’est pas très éloignée du « revenu décent » proposé par Manuel Valls, éliminé à la primaire. L’ancien Premier ministre voulait le verser « seulement » aux personnes majeures disposant de faibles moyens. « Il faudra qu’on m’explique la différence », rit Philippe Doucet, proche de l’ancien locataire de Matignon. Reprenant soin sérieux, il ajoute avoir demandé à son assistante de comparer avec précision les conditions et le montant des revenus hamoniste et vallsiste. « Je me demande si c’est pas en dessous de ce que nous proposions », dit le député PS du Val-d’Oise.
Pour Alexis Bachelay, ce revenu universel « redessiné » n’est « pas un renoncement ». « On a toujours dit qu’il y aurait des étapes. La première a été repensée, avec les apports de Thomas Piketty et Julia Cagé, notamment dans un souci de chiffrage, de trajectoire budgétaire », explique le référent de la permanence présidentielle de Benoît Hamon. « On vise les jeunes et les salariés modestes, en attendant d’aller plus loin. Ce n’est pas un revenu universel au sens strict du terme », reconnaît-il. « C’est une évolution », admet celui qui a rejoint la campagne dès le début, à l’été 2016. Un changement qui tient compte des attaques des adversaires de Benoît Hamon à la primaire, qui fustigeaient le coût de cette mesure ? « C’est une critique que l’on a prise en compte, cela peut rassurer les électeurs inquiets », répond-il.
«Mieux vaut tard que jamais», juge Philippe Doucet. «C’est une bonne évolution dans une logique de rassemblement. On est passé de l’irréalisme à la social-démocratie !», lance-t-il, regrettant que cette initiative, qu’il compare à «une main tendue» intervienne si tard. Les défections se sont en effet enchaînées ces dernières semaines au sein du camp socialiste.