Présidentielle: «Macron va réaliser un très bon score dans l'Ouest», prévoit le politologue Stéphane Rozès
POLITIQUE•Le politologue Stéphane Rozès livre son regard sur l'attirance des élus et électeurs de l'Ouest de la France pour Emmanuel Macron...Propos recueillis par Frédéric Brenon
Alors qu’Emmanuel Macron donne un meeting régional ce mardi soir à Angers, le politologue Stéphane Rozès, président de CAP, intervenant pour diverses collectivités de Bretagne ou des Pays de la Loire depuis 30 ans, livre son regard sur le potentiel de séduction du candidat à la présidentielle « En Marche » dans l’Ouest de la France.
Quelles sont les chances d’Emmanuel Macron dans l’Ouest ?
Je pense qu’il va réaliser un très bon score. D’abord parce que son projet et ce qu’il représente incarnent des valeurs assez anciennes dans l’Ouest, une région pragmatique qui a l’habitude de se rassembler de manière communautaire. L’idée de faire travailler tout le monde ensemble, d’emprunter à la fois à la droite et à la gauche, de ne pas dire de mal de ses adversaires... Un esprit du partage et du travail en commun qui, à mon avis, est un des ressorts de l’actuel succès économique de la France de l’Ouest.
Le Parti socialiste, dont l’ancrage est fort dans l’Ouest, ne peut-il pas incarner ces valeurs ?
Avec Benoît Hamon comme candidat, je ne crois pas. La victoire à la primaire de Benoît Hamon est celle d’un frondeur. Elle déconcerte une partie des élus et électeurs traditionnels de l’Ouest. La fronde, ce n’est pas leur culture.
L’opposition de Benoît Hamon à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes peut-elle aussi compter localement ?
C’est quelque chose qui va peser. Des élus de droite comme de gauche veulent cet aéroport, s’y sont engagés parce qu’ils pensent que c’était nécessaire. Ils voient arriver la fin des recours, un vote majoritaire des premiers concernés, pour finalement devoir envisager un renoncement motivé par ce que beaucoup considèrent comme un petit arrangement entre les états-majors. Ça, ça ne passe plus aujourd’hui.
Et le centre-droit alors ?
Les affaires de François Fillon, si elles durent, plus le ralliement de François Bayrou, pourraient permettre à Emmanuel Macron de capter un électorat centriste qui se sent aujourd’hui perdu et orphelin et aurait été tenté de suivre François Bayrou.
Plusieurs élus régionaux de gauche ont déjà annoncé leur soutien à Emmanuel Macron. Ce mouvement peut-il s’amplifier ?
Ce n’est pas exclu. Les élus sont des acteurs qui, selon les moments, reflètent ce qui se passe. On sent bien qu’il y a une gêne des élus locaux socialistes, partagés entre leur fidélité au parti, ce qui se passe au niveau national et ce qu’incarne Benoît Hamon.
Pouvait-on prévoir cette attirance pour Emmanuel Macron il y a encore quelques mois ?
Personne ne pouvait anticiper le phénomène Macron. Il s’est accéléré avec la fin du quinquennat Hollande. Le phénomène Macron c’est la nouveauté de la Ve République. On n’a jamais vu un candidat partant de nulle part capter tout de suite une partie de l’énergie du pays. Derrière cette émergence, ce n’est pas seulement la question de la droite et de la gauche, c’est une question beaucoup plus existentielle : comment survivre dans le monde tel qu’il est, sans renoncer complètement à ce que l’on est.