Présidentielle: Cinq candidats dévoilent leurs propositions sur la santé et la sécurité sociale
SANTÉ•Emmanuel Macron, Nicolas Dupont-Aignan, Benoît Hamon, Yannick Jadot et François Fillon détaillé ce mardi leur programme de santé lors d’un « grand oral » organisé à Paris par La Mutualité française…O. P.-V.
Les questions de santé publique sont l’un des angles morts de la campagne présidentielle. Pour y remédier, la Mutualité française a organisé à Paris ce mardi, au palais Brongniart, un grand oral de rattrapage pour plusieurs candidats. L’occasion notamment pour Emmanuel Macron de dévoiler une facette de son programme, pour Benoît Hamon et Yannick Jadot de souligner leurs points d’accord, et pour François Fillon de s’expliquer sur les polémiques qui ont entouré ses propositions sur la sécurité sociale. 20 Minutes résume les cinq interventions, par ordre de passage.
Emmanuel Macron
Propositions :
- Remboursement à 100 % des soins dentaires et optiques, et des audioprothèses
- Investissement de 5 milliards dans les hôpitaux pour les « décloisonner »
- Suppression de la part salariale des cotisations maladie et chômage
- Augmentation de 1,7 % des taux de contribution sociale généralisée
« RDVPlacedelaSante @EmmanuelMacron : "J’assume la baisse de la marge ou des frais de fonctionnement des mutuelles et des assurances." pic.twitter.com/gYBQ4Sguxo — Public Sénat (@publicsenat) 21 février 2017 »
Le candidat d’En marche ! a insisté, comme la plupart des autres intervenants, sur la prévention des maladies. Il souhaite également désengorger les hôpitaux avec un plan d’investissement de 5 milliards entre 2018 et 2022, et veut doubler le nombre de maisons de santé (jusqu’à 2 000 sur tout le territoire) pour ne plus que « tout le monde converge vers l’hôpital, source de désorganisation et de coût ».
Emmanuel Macron a également promis qu’il n’y aurait pas de suppression de postes dans la fonction publique hospitalière, marquant ainsi sa différence avec François Fillon. Autre tacle, porté à l’attention générale : l’ancien ministre a assuré avoir été le premier à proposer le remboursement à 100 % des soins dentaires, des lunettes et des prothèses auditives (il chiffre le coût à 4 milliards d’euros par an). « Parfois on dit que vous n’avez pas de programme, mais on peut le recopier », a-t-il glissé.
Nicolas Dupont-Aignan
Propositions :
- Remboursement à 100 % des soins dentaires et optiques, et des audioprothèses
- Augmentation du numerus clausus
- Hausse du prix de la consultation à 35 euros
- Suppression de l’aide médicale d’Etat, destinée à prendre en charge les dépenses médicales des étrangers en situation irrégulière sur le territoire français
- Lutte contre la fraude au RSA et à la Carte vitale
« #RDVPlacedelaSante @dupontaignan : "Dans l’état actuel, le système est anxiogène pour nos concitoyens." pic.twitter.com/9qv8KaZsEU — Public Sénat (@publicsenat) 21 février 2017 »
Le candidat de Debout la France n’était pas d’accord avec son prédécesseur sur la scène du plais Brongniart. Le chantre du « gaullisme social » a, dès le début de son allocution, constaté que « tout le monde reprend [sa] proposition de rembourser à 100 % » les soins précités. Contre les déserts médicaux, il propose de « supprimer toutes les charges sociales pour les médecins » s’installant dans ces zones. Le prix de la consultation passerait à 35 euros et le numerus clausus à 10 000 personnes (8 124 actuellement).
Les dépenses d’assurance augmenteraient de 2,5 %, « voire 3 % » selon le candidat, « mais si on ne le fait pas, on ment aux Français ». Pour financer tout ça, l’ancien membre de l’UMP table sur une suppression de l’AME pour les étrangers en situation irrégulière, et plus généralement sur une relance par la croissance liée à son programme économique général.
« Voilà beaucoup de choses très généreuses mais qui coûtent cher », lui a rétorqué l’ancienne patronne du Medef Laurence Parisot. « Le problème de fond, c’est la mentalité malthusienne d’une oligarchie qui nous dirige depuis vingt ans. Le financement arrivera par une autre politique économique que les gouvernements qui m’ont précédé », a expliqué Nicolas Dupont-Aignan.
Benoît Hamon et Yannick Jadot
Propositions :
- Politique écologique
- Sortie du diesel
- Généralisation du tiers payant (Hamon)
- Changement de la répartition des aides à la complémentaire santé (Hamon)
« #RDVPlacedelaSante @benoithamon souhaite insister sur perturbateurs endocriniens pic.twitter.com/PtAp1EGMG6 — Public Sénat (@publicsenat) 21 février 2017 »
« #RDVPlacedelaSante @yjadot revient sur le dérèglement climatique pic.twitter.com/dVcuVZR7MN — Public Sénat (@publicsenat) 21 février 2017 »
Les deux candidats, qui pourraient annoncer un accord électoral dans les prochains jours, se sont succédé sur scène, et leurs discours respectifs auraient pu être écrits à quatre mains. Dans les deux cas, la question écologique était au cœur de leur projet pour la santé. Le socialiste a parlé de lutte contre le tabac et l’alcool, déclaré vouloir un grand plan pour une alimentation de meilleure qualité et insisté sur les perturbateurs endocriniens, déjà cités à plusieurs reprises lors de la primaire à gauche.
L’un comme l’autre ont rappelé les dégâts de la pollution aux particules fines, et ont proposé la suppression à l’horizon 2025 des véhicules diesel en circulation. « Vingt mois d’espérance de vie en moins si on habite en Ile-de-France », a chiffré Yannick Jadot. « Nous connaissons tous les diagnostics, il s’agit de prendre le tournant de la santé environnementale », a déclaré quelques minutes avant Benoît Hamon.
Les mots utilisés se recoupaient également. Le socialiste veut une politique de « bonne santé et de bien-être », l’écologiste entend inciter « les entreprises à prendre en compte le bien-être au travail ». Hamon a aussi glissé un mot sur le burn-out, qu’il veut faire reconnaître comme maladie professionnelle. « 3,2 millions de personnes sont concernées », a-t-il chiffré.
Benoît Hamon entend également modifier le financement de l’hôpital : « Il fonctionne selon la tarification à l’activité. On multiplie les actes pour obtenir un bon financement de l’hôpital », a développé le candidat. « Si un certain nombre d’actes doivent continuer à être financés de cette manière-là, je pense qu’il faut introduire une notion de financement forfaitaire », a-t-il précisé. Il estime également qu'« il faut augmenter la part de remboursement de la Sécurité sociale » pour les soins dentaires, d’optique et les prothèses auditives.
François Fillon
Propositions :
- Remboursement à 100 % des lunettes pour enfants dès 2017
- Retour progressif à 39 heures hebdomadaires pour le personnel hospitalier
- Suppression du tiers payant
- Une consultation de prévention tous les deux ans pour tous les Français, prise en charge par l’assurance maladie
- 20 milliards d’économies sur les dépenses de la Sécurité sociale sur cinq ans
« #RDVPlacedelaSante @FrancoisFillon : "Le cœur de ceux qui ne veulent rien changer s’est déchaîne." à propos de son programme de santé pic.twitter.com/JK2q0SpoNm — Public Sénat (@publicsenat) 21 février 2017 »
« J’ai voulu placer la santé au cœur de mon projet, ça m’a voulu d’être caricaturé, d’être dénoncé comme le chantre de la privatisation de la sécu, comme le faux-nez des assureurs privés. » Le candidat LR se savait attendu, alors il a mis les pieds dans le plat dès sa première phrase. Jusqu’en décembre, il proposait de répartir « l’assurance publique universelle sur des affections graves ou de longue durée, et l’assurance privée sur le reste ».
L’ancien Premier ministre est moins radical dans son discours depuis janvier, et plus encore depuis ses ennuis judiciaires et la percée dans les sondages d’Emmanuel Macron. « Pas question de toucher à l’assurance maladie, qui reste le pilier du système, en partenariat avec les complémentaires, ni de la privatiser ou même de baisser son taux d’intervention », a-t-il voulu rassurer. Pour répondre au candidat d’En marche !, il a proposé un remboursement à 100 % des lunettes pour enfants et a assuré que « le niveau de prise en charge des dépenses » par l’assurance maladie « ne diminuera pas ».
Mais il n’y a « pas de fatalité à ce que l’assurance maladie ne couvre que les hospitalisations et les affections de longue durée, et se désengage des soins courants », a-t-il également lancé, pour rappeler sa volonté de changement sur la question, avançant de nouveau les « 20 milliards » qu’il souhaite économiser sur cinq ans dans le budget de la Sécu.
François Fillon a aussi indiqué qu’il voulait « des assises de notre système de santé » fin 2017 et que les suppressions de postes qu’il envisage dans la fonction publique ne concerneraient, pour le milieu hospitalier, que le personnel administratif, et pas soignant (« c’est à négocier, ce n’est pas à moi de décider seul »). En outre, il a avancé, comme Nicolas Dupont-Aignan, la suppression de l’AME et, contrairement à Benoît Hamon, celle du tiers payant généralisé.