Elections régionales: Droite et gauche se partagent la France, le FN n'obtient aucune région
ELECTIONS•La droite remporte 7 régions, la gauche 5, les nationalistes l'emportent en Corse...Thibaut Le Gal
Grand vainqueur au premier tour des régionales, le FN échoue au second. Le parti de Marine Le Pen ne parvient pas à décrocher sa première région. La droite emporte sept régions métropolitaines, la gauche cinq, les nationalistes finissent en tête en Corse.
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+9 points, une participation exceptionnelle
« Le fait majeur de cette élection est la défaite du Front national. La grande participation [entre 58 et 59%] a noyé la dynamique frontiste du premier tour et inversé la donne », remarque Frédéric Dabi, directeur général adjoint d’Ifop-Fiducial. « La remobilisation du corps électoral est exceptionnelle, avec 9 points de plus par rapport au premier tour, soit près de quatre millions nouveaux électeurs. C’est plus que lors du duel Chirac-Le Pen à la présidentielle de 2002 ».
Marine Le Pen a dénoncé un « régime à l’agonie », et une « campagne de calomnie décidée dans les palais dorés de la République ». La présidente du FN, distancée dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, s’est toutefois félicitée de « la montée inexorable, élections après élections, du courant national ».
« Le FN n’est pas un parti de second tour »
Pourtant, le FN échoue dans ses duels face à la droite, dans le Nord et en Paca, mais également dans les triangulaires, comme dans le Grand Est et en Bourgogne-Franche-Comté où la présence de candidats socialistes, arrivés 3e au premier tour, pouvait le laisser espérer.
« Au premier tour, le FN a fait le plein de voix sur une critique radicale et protestataire, dans un contexte, de chômage et d’attentats terroristes, très favorable », remarque Gilles Ivaldi, chercheur au CNRS, spécialiste de l’extrême droite. « Au deuxième tour, il échoue dans sa volonté de montrer qu’il peut être un parti de gouvernement. Le FN a toujours un déficit de crédibilité pour pouvoir diriger des territoires aussi grands que des régions ».
Même constat pour le chercheur de l’université de Tours, Sylvain Crépon. « Le FN n’est pas un parti de second tour, il ne parvient pas à mobiliser au-delà de son cercle traditionnel. Mais il continue de tisser progressivement son réseau d’élus locaux (environ 350 sièges de conseillers régionaux), qui permettront de relayer ses idées au niveau local », poursuit-il.
« La tripartition a été très favorable au PS »
Si le FN est le grand perdant du scrutin, aucun triomphalisme dans les autres camps. Le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis a parlé d'« un succès sans joie » pour évoquer le sauvetage de cinq régions (Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon, Bretagne, Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, et de justesse en Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val-de-Loire).
« La tripartition a été très favorable au PS, qui s’en sort avec un score inespéré. La mobilisation des électeurs de gauche, pourtant très critiques vis-à-vis de l’exécutif, lui a été favorable face à la menace frontiste », analyse le politologue Rémi Lefèbvre. « Le PS est apparu irréprochable en se retirant dans le Nord, en Paca et dans le Grand Est* pour faire barrage au FN ».
Dans ces trois régions la droite l’emporte, comme en Auvergne-Rhône-Alpes, Pays-de-la-Loire, Normandie et Ile-de-France, à gauche depuis dix-sept ans. Cette moisson, moins bonne qu’espérée au début de la campagne, a relancé les contestations de la stratégie (ni retrait-ni fusion) de Nicolas Sarkozy.
« Les deux camps peuvent imposer leur vision du scrutin. La gauche peut dire qu’elle a mis fin au cycle infernal des défaites des élections intermédiaires depuis 2012. La droite, peut dire nous avons gagné 7 régions sur 12, Corse mise à part », assure Frédéric Dabi. C’est Martine Aubry, depuis Lille, qui résume peut-être le mieux ce scrutin : « Personne n’a gagné ce soir ».
* Jean-Pierre Masseret s’était maintenu au second tour contre l’avis du PS.