ELECTIONSRégionales 2015: Pourquoi l’Ouest résiste (un peu) à l’ascension du Front national

Régionales 2015: Pourquoi l’Ouest résiste (un peu) à l’ascension du Front national

ELECTIONSLe parti de Marine Le Pen est en retrait en Bretagne et Pays de la Loire…
Supporters du Front national jeunesse le 1er mai 2015.
Supporters du Front national jeunesse le 1er mai 2015. - THOMAS SAMSON / AFP
J. U. et C. A.

J. U. et C. A.

Vous aurez beau chercher dans toute la France, vous ne trouverez pas beaucoup de communes où le Front national est en dessous des 15 %. Au premier tour du scrutin régional, certains territoires semblent pourtant mieux résister à l’ascension du parti de Marine Le Pen, notamment sur la façade Ouest.

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Après la Corse, la Bretagne est ainsi la deuxième région métropolitaine (18,2 %) qui a le moins voté pour la liste d’extrême droite devant l’Ile-de-France (18,4 %), les Pays de la Loire (21,4 %) et l’Aquitaine (23,2 %). Pire, le parti frontiste s’écrase à Rennes, Nantes et Bordeaux avec 11 % des suffrages exprimés.

« la #Bretagne est la région qui vote le moins #FN… c’est aussi la région qui a le meilleur taux de réussite au BAC ! Je dis ça, je dis rien ! — stefappriou (@stefappriou) 4 Décembre 2015 »

« Nantes est une ville qui connaît peu de problèmes, peu d’insécurité et une immigration seulement sur certains quartiers. Il n’y a pas de réelle souffrance sociale mais il y a surtout beaucoup de politiquement correct chez les électeurs : on vote pour ce qui est convenable, on ne veut pas perdre son standing en votant FN », analyse Pascal Gannat, tête de liste FN en Pays de la Loire.

Moins de place pour le sentiment d’abandon

Un constat qui semble valable pour tout le Grand Ouest. Dynamiques et attractifs, ces territoires laissent moins de place au sentiment « d’abandon ». « Les habitants ont l’impression d’être dans des métropoles gagnantes, comme à Paris d’ailleurs. Il n’y a pas de peur du décrochage », estime le politologue rennais Romain Pasquier. Selon lui, l’héritage chrétien-démocrate peut également expliquer ce phénomène. « En Bretagne par exemple, il y a un important tissu associatif. Les gens se parlent, se mélangent, il y a beaucoup de tolérance, moins d’exclusion et donc moins de peur de l’autre », estime le politologue.

« Rennes, Nantes, la Bzh, les PDL, pas de FN sur les podiums, une qualité de vie indéniable, c’est the place to be https ://t.co/q3BKf1HoSy — Florian Bgt (@Flocon91) 7 Décembre 2015 »

La région Ouest n’est cependant pas épargnée par la montée du parti frontiste. En Bretagne comme en Pays de la Loire, le score du FN a presque triplé par rapport au scrutin régional de 2010. Dans les campagnes, le parti a réalisé des scores très élevés, comme en Sarthe, où il se classe premier. Dans ce département, c’est au Lude que le FN a réalisé son meilleur score, là où l’usine Candia a fermé. « C’est la fragilité du monde rural. Le sentiment que les services publics se retirent, que le chômage augmente, que leur territoire est abandonné, coincé entre Paris, Nantes et Rennes. Et quand les gens allument la télé, ils voient des attentats, de la pauvreté », analyse Romain Pasquier.

Retour au conseil régional

Absent des instances politiques, le FN ne peut pas être tenu responsable de ces maux et attire donc de nombreux nouveaux électeurs. « Les Pays de la Loire sont des terres centristes qui ont été moins touchées par la désindustrialisation, où l’agriculture s’est longtemps bien portée. Les bouleversements de la société n’arrivent que maintenant », commente la tête de liste FN. S’il reste en retrait, le FN sera cependant au second tour dans tous ces territoires et fera donc son retour dans les assemblées régionales.