REGIONALESElections régionales: Le Front national s'implante durablement dans le Gard

Elections régionales: Le Front national s'implante durablement dans le Gard

REGIONALESLa liste de Louis Aliot dépasse les 40 % sur le département, et effectue des scores historiques dans certaines communes, comme à Beaucaire (59,68 %)...
Nicolas Bonzom

Nicolas Bonzom

Au vu des résultats du 1er tour des élections régionales ce dimanche soir, le Gard reste une terre d’ancrage du Front national. Le parti de Marine Le Pen y effectue même une poussée historique. Déjà, le 2 décembre, la candidate en Nord-Pas-de-Calais-Picardie twittait « Le Gard est une terre d’implantation réussie pour le FN ».

« "Le Gard est une terre d’implantation réussie pour le FN. Je remercie @jsanchez_fn, @GilbertCollard, @n_meizonnet." #LRMP — Marine Le Pen (@MLP_officiel) December 2, 2015 »

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Plus que le PS et LR réunis

Selon les résultats définitifs, la liste de Louis Aliot, vice-président du parti, a obtenu 40,5 %, soit plus que les scores du PS (17,8 %), qui s’effondre, et des Républicains (17,1 %) réunis, avec un taux de participation de 50,94 %. D’abord seulement installé sur le littoral et en Petite Camargue, le FN est aujourd’hui ancré quasiment partout dans ce département, qui fut pendant longtemps une terre de gauche.

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Dans certaines communes, Louis Aliot a même réussi un véritable raz-de-marée. Dans le fief de Beaucaire, commune de quelque 16.000 habitants, remportée en mars 2014 par le maire FN Julien Sanchez, Louis Aliot est à 59,68 %, soit près de 50 points devant la PS Carole Delga (10,70 %) et le Républicain Dominique Reynié (9,72 %).

« Si l’on torturait les gens, on ne ferait pas 60 % »

En ajoutant le score de l’ex-figure du FN Jean-Claude Martinez, parti seul aux urnes, cela porte l’extrême droite à 61,04 % à Beaucaire. « Si l’on torturait les gens dans nos villes, on ne ferait pas 60 % des voix, note Julien Sanchez. Sur le Gard, on voit un très bon résultat du FN, premier parti du département. Il dépassera 50 % dimanche prochain. »

A Saint-Gilles, commune de la 2ème circonscription du Gard qui a élu Gilbert Collard (Rassemblement bleu marine), le FN passe la barre des 50 %, et atteint 52,97 % des suffrages. Avec Jean-Claude Martinez, l’extrême droite est à 53,81 %. A Vauvert, le score est également très haut pour Louis Aliot : 48,93 %. Et 49,3 % avec les réserves de voix de Jean-Claude Martinez.

Une tradition d’extrême-droite en petite Camargue

« Il y a un quart de siècle, le Languedoc, c’était le « Midi rouge », une terre de gauche, souligne le Montpelliérain Paul Alliès, universitaire et enseignant en sciences politiques. Aujourd’hui, le FN a grignoté deux départements : le Gard, mais aussi l’Hérault. Dans le Gard, cela a commencé plus tôt. Il y a une tradition d’extrême-droite, notamment en petite Camargue, dont Beaucaire fait partie, qui remonte à la fin des années 1930 et au début des années 1940. Déjà, lorsque le FN est né, les premiers bastions se situaient là-bas. C’est une culture qui remonte aujourd’hui à la surface, poussée par un éclatement et une crise de leadership de la gauche… Et le taux de chômage, et le vieillissement de la population, rajoutent à cette flambée du FN. »

« Un score désolant »

A noter le score du FN à Nîmes, capitale du Gard, terre de droite, gérée par le RPR, puis l’UMP, puis les Républicains depuis 30 ans : Louis Aliot obtient 33,5 %, tandis que Dominique Reynié (LR) est à 21,8 % et Carole Delga (PS) à 18,9 %.

A gauche, le Gardois Damien Alary (PS), juge le score élevé du FN « désolant », « même si je m’y attendais, les scores de ce parti sont quand même très forts dans le sud du Gard et la vallée du Rhône. »

Christophe Cavard, député écologiste, qui a claqué la porte d’EELV au printemps, pense qu’il s’agit d’un signe « d’une crise démocratique forte ». « Son score dans certaines villes, Beaucaire ou Vauvert, fait trembler ». « Ce vote ne montre qu’une chose : le ras-le-bol et la lassitude des gens, auxquels on ne sait pas répondre », note Max Roustan, maire LR d’Alès.