Régionales 2015: Les attentats à Paris ont-ils bousculé les campagnes électorales en Nord-Pas-de-Calais Picardie?
RÉGIONALES 2015•Comment les candidats aux régionales en Nord-Pas-de-Calais Picardie ont adapté, ou non, leur façon de mener leur campagne au lendemain du 13 novembre…Mikaël Libert
S’adapter et continuer. Dans la région, comme en France, les candidats aux régionales ont tous suspendu leur campagne pour une période plus ou moins longue après les attentats du 13 novembre, à Paris. Ils ont ensuite repris leur route vers les électeurs en incluant, chacun à sa manière, la nouvelle donne post-attentats.
>> Xavier Bertrand (Les Républicains).
Dans l’entourage du candidat LR, on assure qu'« il n’y a pas eu de variation dans le programme » et que seul l’agenda a été modifié. Les questions de sécurité étaient déjà en bonne place dans le programme du député-maire de Saint-Quentin, juste derrière le travail. Les deux principaux meetings de l’avant 1er tour, à Amiens et Lille, ont été maintenus. Les attentats seront abordés dans un propos introductif, mais « le cœur du discours concernera la région », affirme-t-on de source proche du candidat. De manière plus générale, Xavier Bertrand a renouvelé son souhait du rétablissement d’un service national obligatoire et plaidé pour un « changement profond de notre politique pénale ».
« Tout doit être fait pour assurer la sécurité des habitants de la Région #NPDCP pic.twitter.com/97YFh29nrC — Xavier Bertrand (@xavierbertrand) November 23, 2015 »
>> Pierre de Saintignon (PS)
Le jour de l’hommage national rendu aux victimes, le candidat socialiste avait déclaré qu’il « n’avait plus goût à faire campagne ». De fait, les grands meetings ont été annulés, remplacés par des « rencontres citoyennes » où sera évoquée la question des attentats. Dans une vidéo, postée le 25 novembre, Pierre de Saintignon explique comment la région peut contribuer à la protection de la population en restant dans les prérogatives qui sont les siennes : les transports et les lycées. « Ces thèmes étaient déjà au programme, mais on en parle un peu plus aujourd’hui », explique-t-on dans l’entourage du candidat.
« "L’angoisse de nos concitoyens est très forte. Moi, je veux me concentrer sur la relation directe avec les gens de ma région" #NPDCP #FInter — Pierre de Saintignon (@pdesaintignon) November 28, 2015 »
>> Marine le Pen (FN)
Confortée par les sondages effectués depuis le 13 novembre, la candidate frontiste n’a rien changé à son discours ou à son programme. Ses « solutions » n’ont « pas beaucoup changé » depuis Charlie Hebdo a-t-elle déclaré. L’essentiel du discours tenu par Marine le Pen lors de son meeting de campagne, ce jeudi à Lille, concernait d’ailleurs des sujets sans lien avec les régionales : politique étrangère, immigration, religion.
« "Le drapeau tricolore est le symbole d’une France rassemblée, réaffirmée dans ses valeurs, d’une France debout face à l’ennemi." #NPDCP — Marine Le Pen (@MLP_officiel) November 30, 2015 »
>> Sandrine Rousseau (EELV)
Suite aux attentats, la candidate écologiste a ajouté une lettre pour accompagner son programme dans laquelle elle réaffirme ses positions en matière de sécurité. « Les compétences régionales en la matière se limitent aux transports et aux lycées » dans lesquels « la présence humaine permet d’éviter le pire », déclare-t-elle. EELV a maintenu son grand meeting pour faire « un pied de nez au terrorisme », mais la candidate reconnaît que « l’ambiance du débat a changé ».
« Je veux dire ici combien je suis touchée et heureuse de la présence des @FatalsPicards avec nous au meeting de la résistance @NPDCP2015 — Rousseau Sandrine (@sandrousseau) November 20, 2015 »
>> Pierre Mathiot, professeur de sciences politiques à Sciences Po Lille.
Selon le politologue, les attentats ont « nationalisé le débat des régionales » au moment où la campagne venait de se lancer. Pour lui, à l’exception du FN, « les partis ont été pris de court » par ce changement d’orientation. « Tactiquement, seul le FN avait intérêt à une nationalisation de la campagne car c’est ce qu’il maîtrise le mieux, au contraire des enjeux régionaux », explique Pierre Mathiot.