Régionales: L'inégalité du traitement médiatique suscite des remous dans la classe politique
ELECTIONS•Si le passage de Marine Le Pen sur France 2 ce jeudi agite la classe politique, la polémique médiatique enfle également dans d'autres régions...Mickaël Bosredon, avec les bureaux de Lille et Strasbourg
La programmation ce jeudi soir de Marine Le Pen (FN) dans l’émission de France 2 Des paroles et des actes, illustre de la difficulté du traitement médiatique des candidats aux régionales.
Tête de file du FN pour la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, Marine Le Pen s’est vue offrir un plateau télévisuel de forte audience, jalousé par ses adversaires. Xavier Bertrand, candidat pour Les Républicains et l’UDI a lancé le combat le 15 octobre en s’inquiétant de cette exposition médiatique. « Pleurnicheries » a répondu le FN. Le candidat socialiste Pierre de Saintignon, lui, compte les points (4h20 d’antenne nationale pour Marine Le Pen, 4h35 pour Xavier Bertrand) en s’alarmant auprès du CSA de son propre manque de représentation.
Dans un souci d’apaisement, France 2 invite aussi les adversaires de Marine Le Pen
Accusée d’accorder trop d’importance à la candidate du FN, France Télévisions a finalement annoncé dans la nuit de mercredi à jeudi qu’elle invitait également ses deux adversaires principaux, pour un débat en deuxième partie de soirée. « Dans un souci d’apaisement avec les uns et les autres, France 2 a décidé d’ouvrir au sein de l’émission une séquence de 30 à 40 minutes consacrée au scrutin régional dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, indique la présidence de France Télévisions. Nous avons convié Xavier Bertrand et Pierre de Saintignon à y participer en direct dans une stricte égalité de temps de parole avec Marine Le Pen. »
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La campagne officielle, qui impose un accès équitable à l’antenne des candidats, ne démarre que le lundi 26 octobre. Mais pour les deux candidats cette émission est trop proche et leurs partis estiment du coup que l’équité des temps de parole doit être prise en compte. Mercredi, Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, a envoyé une lettre au président LR Nicolas Sarkozy, pour lui proposer de saisir conjointement le CSA. Nicolas Sarkozy a appelé Jean-Christophe Cambadélis pour lui dire qu’il « partageait son analyse » et qu’il y avait « une violation manifeste des règles républicaines en matière de temps de parole. » « Il doit y avoir dans ce contexte une solidarité des partis républicains » dit-on dans l’entourage du président LR.
Des expositions médiatiques remarquées également en Alsace-Lorraine et Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes
Marine Le Pen n’est pas la seule à susciter des débats quant à son traitement médiatique. Le numéro deux de son parti, Florian Philippot, tête de liste en Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine, est aussi accusé par ses deux principaux adversaires Philippe Richert (LR) et Jean-Pierre Masseret (PS) d’être surexposé à la télévision. Or, Philippe Richert et Jean-Pierre Masseret sont connus dans leurs régions respectives, mais pas sur l’ensemble du territoire de la nouvelle région.
>> Le traitement des élections par la presse locale ouvertement critiqué
En Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, ce n’est pas le FN qui fait débat, mais la candidate Les Républicains Virginie Calmels. Le candidat socialiste Alain Rousset a annoncé avoir saisi le CSA concernant la présence de son adversaire sur plusieurs chaînes nationales. Ancienne dirigeante de la maison de production Endemol et de Canal +, Virginie Calmels a notamment eu droit à des passages remarqués dans l’émission de Canal + Le petit journal, et à 45 minutes dans celle de France 2 On ne peut pas plaire à tout le monde.
Quand Virginie Calmels s’en prend à Sud Ouest
Virginie Calmels a de son côté vivement attaqué le quotidien régional Sud Ouest, l’accusant de « parti pris flagrant » en faveur de son adversaire. Dans l’émission de Laurent Ruquier, elle a même assuré qu’Alain Rousset « choisissait lui-même ses photos dans le journal. » Sud Ouest a répondu en publiant un édito le 15 octobre, et la société des journalistes du quotidien s’est indignée dans un communiqué.
La campagne officielle devrait permettre d’encadrer un peu plus tout cela. Mais elle ne réglera pas tous les problèmes et les attaques devraient se poursuivre jusqu’aux élections, qui se déroulent les 6 et 13 décembre.