ArgentDemander votre retraite, la marche à suivre

Demander votre retraite : La marche à suivre

ArgentComment être sûr d’arrêter son activité professionnelle tout en obtenant une pension à taux plein
La réforme du 14 avril 2023 impose de cotiser plus longtemps et de partir plus tard à la retraite.
La réforme du 14 avril 2023 impose de cotiser plus longtemps et de partir plus tard à la retraite. - iStock / City Presse
Julie Polizzi pour 20 Minutes

Julie Polizzi pour 20 Minutes

Entre l’allongement de l’espérance de vie et les déficits publics à combler, les régimes des retraites sont régulièrement revus et corrigés par les gouvernements successifs. Si le modèle par répartition à la française tient encore bon – les cotisations des actifs paient au même moment les pensions des retraités –, on assiste ainsi à un inexorable report de l’âge auquel on peut enfin cesser de travailler. Quelles sont les nouvelles règles du jeu imposées par la réforme des retraites promulguée le 14 avril dernier ? Décryptage.

L’âge légal repoussé

La législation impose un âge minimum théorique auquel un travailleur peut légalement cesser son activité professionnelle et bénéficier de ses droits à la retraite. C’est ce qu’on appelle l’âge légal de départ à la retraite. Alors qu’il était fixé à 60 ans en 1983, il a depuis été sans cesse repoussé pour atteindre 62 ans en 2011 pour les assurés nés à partir de 1955.
La nouvelle réforme entrée en vigueur le 1er septembre 2023 recule à nouveau ce curseur pour tous les citoyens nés après le 1er septembre 1961, et ce, en relevant l’âge légal à raison de 3 mois par génération (autrement dit par année de naissance). En clair, les personnes nées en 1961 peuvent donc partir à la retraite à 62 ans et 3 mois, celles nées en 1962 à 62 ans et 6 mois, celles nées en 1963 à 62 ans et 9 mois et ainsi de suite jusqu’à atteindre un âge légal de départ de 64 ans pour les assurés nés à partir du 1er janvier 1968.

La durée de cotisation allongée

Vous avez beau avoir atteint le seuil fixé par l’État, encore faut-il afficher le nombre de trimestres de cotisation requis d’assurance retraite pour tirer votre révérence avec une pension à taux plein. À défaut, vous subirez une douloureuse décote sur le montant qui vous sera alloué. Or, ce nombre, qui dépend de votre date de naissance, a également été relevé par la loi d’avril 2023. L’objectif : inciter les travailleurs à retarder davantage la fin de leur activité professionnelle.
Alors que la loi Touraine de 2014 avait déjà prévu d’allonger progressivement la durée de cotisation pour passer des 42 ans requis jusqu’à présent à 43 ans d’annuités d’ici 2035 pour les personnes nées à partir de 1973, la réforme accélère le mouvement. Ainsi, les 43 ans de cotisation (soit 172 trimestres) seront appliqués en 2027, et ce, dès la génération née en 1965.

Plusieurs exceptions

Si l’âge légal de départ à la retraite et la durée de cotisation s’appliquent aux salariés comme aux fonctionnaires, une pension à taux plein est toutefois possible sans ces deux conditions cumulatives dans certaines conditions.
Dans le cas d’une carrière longue, un début d’activité à 16 ans permet de raccrocher à 58 ans, de 16 à 18 ans l’âge de départ est fixé dès 60 ans, puis 62 ans pour ceux qui se sont lancés entre 18 et 20 ans et enfin (nouveauté) dès 63 ans pour ceux qui ont travaillé entre 20 et 21 ans. Pour obtenir une pension à taux plein, il faut néanmoins afficher le nombre de trimestres requis selon votre date de naissance (172 donc 43 ans pour ceux nés à partir de 1968).
L’état de santé peut aussi justifier des règles spécifiques. Les travailleurs handicapés (plus de 50 % d’incapacité permanente) peuvent partir à taux plein à partir de 55 ans, avec une durée de cotisation moindre. De même, les victimes d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle peuvent prendre leur retraite à 60 ans en cas d’incapacité d’au moins 20 %.
Quant aux aidants qui ont stoppé leur travail pendant au moins 30 mois consécutifs pour accompagner une personne handicapée dans les actes ordinaires de la vie, ils peuvent obtenir une retraite à taux plein à 65 ans, quel que soit leur nombre de trimestres cotisés. La règle est identique pour les parents d’un enfant handicapé.
Par ailleurs, les agents de la fonction publique des catégories « actives » et « super-actives », tels que les infirmiers, aides-soignants, policiers, pompiers et surveillants pénitentiaires, peuvent prendre leur retraite plus tôt : dès 59 ans pour la première catégorie (contre 57 ans avant la réforme) et à 54 ans pour la seconde (contre 52 avant).

Le saviez-vous ?

Certaines carrières hachées ne permettent pas d’atteindre la durée de cotisation requise pour une pension à taux plein avant un âge très avancé. C’est pourquoi la législation française fixe une limite : si vous prenez votre retraite à 67 ans, vous aurez d’office une pension sans décote, et ce, peu importe votre nombre de trimestres cotisés. La réforme d’avril 2023 n’a pas modifié cette règle.