EMBAUCHEMalgré une croissance nulle, le chômage recule

Marché du travail : Malgré une croissance nulle, le taux de chômage diminue et les créations d’emplois progressent

EMBAUCHE« On a 2 % d’emplois en plus qu’avant la crise mais seulement 1 % de PIB en plus », constate un économiste
Xavier Regnier

X.R. avec AFP

Au printemps, les offres d’emploi bourgeonneraient-elles ? On peut se poser la question devant les bons chiffres publiés par l’Insee, qui voit le taux de chômage en légère diminution de 0,1 point, malgré une croissance nulle au premier trimestre 2022. Le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT) s’élève à 2,2 millions, soit 18.000 de moins sur le trimestre. Ce taux, qui avait fortement baissé au dernier trimestre (-0,6 point), est désormais à son plus bas niveau depuis début 2008.

« La baisse du trimestre précédent se trouve confirmée, elle n’était pas accidentelle. Le taux de chômage se stabilise à un niveau plus bas qu’avant la crise (-0,9 point par rapport à fin 2019) », commente Sylvain Larrieu, chef de la division Synthèses et conjonctures du marché du travail de l’Insee. Sur ce trimestre, « les chiffres du chômage sont cohérents avec ceux de l’emploi : les créations nettes d’emploi (+66.000 net) ralentissent par rapport à fin 2021 mais continuent de progresser, on a une hausse des taux d’emploi et d’activité », ajoute-t-il.

L’emploi des jeunes progresse

Parallèlement, le taux d’emploi des 15-64 ans augmente de 0,2 point et dépasse, à 68 %, son plus haut niveau historique. A la faveur de la sortie de crise, des personnes sont revenues sur le marché du travail, comme en témoigne la légère baisse sur un an de 0,4 point « du halo autour du chômage ». Ces personnes, qui souhaitent travailler mais ne sont pas considérées comme chômeurs au sens du BIT car elles ne cherchent pas effectivement un emploi ou ne sont pas disponibles pour en prendre un immédiatement, sont encore 1,8 million cependant.

Le dynamisme de l’emploi concerne d’abord les 15-24 ans : leur taux d’emploi a grimpé de 0,7 point sur un trimestre et de 4,8 sur un an, à 34,6 %, son plus haut niveau depuis 1991. « C’est une hausse durable dont le facteur principal est la progression de l’apprentissage », selon Sylvain Larrieu, encouragée par les aides gouvernementales à l’embauche. Le taux d’emploi ne progresse pas en revanche pour les seniors, à 56,1 % des 55-64 ans, stable depuis un an, alors que son niveau est un des enjeux de la future réforme des retraites voulue par Emmanuel Macron.

« Il faut plus d’emplois pour faire la même chose »

Pour Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision de l’OFCE, « si les chiffres du chômage et de l’emploi sont bien cohérents, la surprise vient de la vigueur des créations d’emploi au regard de l’activité ». « On crée 66.000 emplois supplémentaires avec une croissance nulle ce trimestre. L’horizon économique s’assombrit, mais pas les embauches », constate l’économiste. « On a 2 % d’emplois en plus qu’avant la crise mais seulement 1 % de PIB en plus. Il faut plus d’emplois pour faire la même chose », résume-t-il, en citant les exemples du BTP ou de la restauration.

Cela peut s’expliquer selon lui notamment par le fait que « les entreprises, confrontées à des difficultés de trouver de la main-d’œuvre qualifiée et des contraintes d’organisation du travail, préfèrent garder leurs effectifs » quand les nuages pointent. Mais « cette perte de productivité, si elle est bonne à court terme pour le marché du travail, n’est pas tenable à moyen terme. Ce serait une perte d’efficacité et de croissance », juge-t-il.