Le carton d'Uprigs, le site d'emploi sans diplôme et sans CV
EMPLOI•Une start-up nantaise propose de mettre en relation candidats et entreprises, sans passer par les canaux classiques...Julie Urbach
L'essentiel
- Sur Uprigs, un algorithme met en contact les candidats et entreprises compatibles à plus de 60%.
- Le candidat n'a pas de CV ni de renseignements personnels à délivrer, il doit répondre à des questions concrètes sur ses envies.
Il était motivé, cherchait n’importe quel boulot « pour manger et payer ses factures », et a pourtant bien galéré. Dix ans plus tard, Pascal Fourtoy, 31 ans, sait que beaucoup de jeunes non qualifiés vivent le même parcours du combattant. Pour eux, celui qui est désormais dirigeant d’entreprise a lancé Uprigs, qui se présente comme un site d’emploi pour les jeunes non qualifiés, et sans CV. La start-up nantaise, créée il y a à peine deux ans, cartonne. Le cap des 30.000 inscrits vient d’être franchi.
Si le jeune homme a lancé sa propre plateforme, c’est qu’« il fallait remettre en question les outils de recherche d’emploi, plutôt que de se dire que les gens ne veulent pas bosser ». « Les agences d’intérim se basent trop souvent sur les expériences plutôt que sur les envies, Pôle Emploi est trop généraliste… Ça tourne en rond, il y a 3 millions de chômeurs, alors que de plus en plus d’entreprises disent qu’elles n’arrivent pas à recruter, ou se plaignent d’un turn-over trop important. »
Pas de CV ni de lettre de motivation
Sur Uprigs, pas de CV ni de renseignements personnels à délivrer. Encore moins de liste interminable d’offres à dérouler. Quand il se connecte, le candidat doit répondre à des questions concrètes : « acceptes-tu de travailler le dimanche ? » « peux-tu porter des charges lourdes ? » « aimes-tu travailler seul ou en équipe ? » « en intérieur ou en plein air » ? Ensuite, c’est l’algorithme qui fait le boulot, en fonction des offres en CDD ou CDI déposées. « Si le taux de compatibilité est supérieur à 60 %, il y a une mise en relation immédiate, détaille Pascal Fourtoy. En moyenne, pour une offre, 10 à 20 candidatures sont émises et ce en moins de 48h ».
Un concept qui a séduit déjà quelque 800 entreprises, dont de nombreuses boîtes d’intérim. A Carquefou, BRH Interim, qui avait déjà adopté le recrutement sans CV, fait régulièrement appel à Uprigs. « Ça aboutit à de très belles histoires comme ce jeune homme diplômé d’un CAP coiffure qui voulait se reconvertir dans le bâtiment, raconte Mireille Audrain, la dirigeante. Personne ne lui aurait fait confiance à la lecture de son CV, qui l’aurait stigmatisé. Au final, il est fait pour ça, c’est quelqu’un de motivé, ponctuel et très débrouillard. »
Une démarche militante
Grâce à Uprigs, beaucoup d’offres dans les secteurs du nettoyage, de la manutention, de la restauration ou de la logistique ont été pourvues, la plupart par des jeunes gens entre 18 et 35 ans. Selon Pascal Fourtoy, « 23.000 heures ont été gagnées », entre les recherches d’offres parfois laborieuses, ou les entretiens d’embauche qui ne débouchent sur rien.
Car la démarche est aussi militante puisque petit à petit, Uprigs arrive à convaincre les entreprises qu’elles n’ont pas besoin de connaître l’âge ou le sexe des candidats pour les embaucher, ni d’avoir trop d’exigence en terme de qualifications. « Ca règle le problème du chômage, mais aussi de l’éthique, des discriminations… » L’entreprise, qui compte désormais sept salariés (et a réussi à lever 300.000 euros de fonds) vient de lancer un nouveau service, une sorte de CV thèque sans CV. « Pour qu’à terme, un manutentionnaire puisse se faire chasser, comme ça arrive à un cadre aujourd’hui. »