EMPLOITrois embauches en CDD sur quatre sont des «réembauches»

Trois embauches en CDD sur quatre sont des «réembauches»

EMPLOIEn 2012, trois quarts des embauches en CDD étaient en réalité des «réembauches» chez un ancien employeur selon l'Unédic...
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Des chiffres révélateurs. En 2012, trois quarts des embauches en CDD étaient en réalité des « réembauches » chez un ancien employeur, révèle une étude publiée ce vendredi par l’Unédic, organisme gestionnaire de l’assurance chômage.

« [Etude] #CDD : 3 embauches sur 4 se font chez un ancien employeur https ://t.co/cHUNafMJ0V pic.twitter.com/uy8A5ZiVSF — Unédic (@unedic) January 22, 2016 »

En 1995, les réembauches ne représentaient que 46 %

L’étude d’Hélène Benghalem, doctorante à l’Unédic, s’appuie sur le Fichier national des allocataires de l’Unédic et de Pôle emploi. Elle ne tient pas compte de l’intérim. Selon ces données, 69 % des embauches, en CDI ou en CDD, réalisées en 2012 se sont faites chez un ancien employeur, et même 49 % chez le dernier employeur. Le taux de « réembauche » grimpe à 75 % pour les seuls CDD et à 84 % parmi ceux de moins d’un mois. En comparaison, les « réembauches » ne représentaient que 46 % de toutes les embauches en 1995.

« La réembauche apparaît comme une pratique caractéristique des CDD courts », qui « ont plus que doublé entre 2000 et 2012 », explique Hélène Benghalem. On n’observe en effet que 38 % de « réembauches » parmi les contrats de plus d’un mois.

Secteurs du spectacle, de la santé, du bâtiment…

C’est également une pratique très répandue dans le « secteur du spectacle », où les « réembauches » représentent 87 % de l’ensemble des embauches. « Les particularités des activités de spectacle (ont) conduit à une grande flexibilité contractuelle et à des règles d’assurance chômage spécifiques », rappelle l’étude.

Globalement, la hausse du taux de « réembauches » concerne essentiellement des secteurs où les contrats courts se sont multipliés : l’hébergement médico-social (81 %, +25 points entre 2000 et 2012), les services relatifs aux bâtiments (47 %, +24 points), l’administration publique (66 %, +23 points), l’activité pour la santé humaine (73 %, +23 points) ou encore le commerce de détail (45 %, +21 points).

De plus en plus d’emplois instables ?

Les travaux d’Hélène Benghalem ont été cités en octobre, avant leur publication, dans une étude des économistes Pierre Cahuc et Corinne Prost selon laquelle l’assurance chômage « favorise le développement des emplois instables ». Pour Pierre Cahuc, « une partie croissante d’entreprises s’appuient sur l’assurance chômage pour donner des compléments de salaires aux salariés lorsqu’ils ne sont pas dans l’entreprise, sachant qu’ils sont réembauchés systématiquement ».

Pour mettre fin à cette pratique « coûteuse pour l’assurance chômage », les auteurs prônent « une modulation des cotisations employeurs via un véritable système de bonus-malus ». Les entreprises génératrices d’emplois instables compenseraient ainsi une partie de leur coût pour le régime d’assurance chômage.