ArgentShrinkflation, cheapflation… Gare aux pratiques d’inflation masquée

Shrinkflation, cheapflation… Gare aux pratiques d’inflation masquée

ArgentAlors que les prix restent élevés, les pratiques trompeuses visant à réduire les volumes ou à modifier les recettes ont toujours cours au détriment du consommateur
Baisse des volumes ou changements de recettes, il faut avoir un œil avisé pour repérer certaines pratiques commerciales…
Baisse des volumes ou changements de recettes, il faut avoir un œil avisé pour repérer certaines pratiques commerciales… - iStock / City Presse
Julie Polizzi pour 20 Minutes

Julie Polizzi pour 20 Minutes

L’augmentation de l’inflation depuis deux ans a imposé aux ménages de changer leur façon de consommer. Les arbitrages sur les produits sont devenus courants, les petits plaisirs ont été réduits et les premiers prix privilégiés. Certaines marques ont alors tenté de minimiser, voire de masquer leurs hausses tarifaires pour ne pas faire fuir leurs clients. Des pratiques régulièrement dénoncées par les associations de défense des consommateurs et qui ont toujours cours aujourd’hui. Petit passage en revue non exhaustif.

La shrinkflation

Votre paquet de céréales préféré n’aurait-il pas rétréci ? C’est ce qu’on appelle la « shrinkflation » ou « réduflation » en français. Le grammage est en effet réduit, sans toucher au prix, qui est d’ailleurs parfois augmenté !
En septembre, l’enseigne Carrefour a notamment dénoncé publiquement cette pratique chez certains de ses fournisseurs en pointant des produits comme les chips Lays, les bâtonnets Magnum, les tortillas Doritos, le colin d’Alaska Findus, le Ice Tea de Lipton, le fromage Kiri, la lessive DASH, les couches Pampers ou encore les croquettes Pedigree.
Fin décembre, le distributeur a pourtant reçu le premier prix des Cactus de la consommation décerné par le magazine 60 Millions de consommateurs et qui vise à épingler les plus mauvaises pratiques. En cause, Carrefour aurait lui-même eu recours à la shrinkflation au mois de mai pour ses légumes frais d’entrée de gamme (réduction des lots de sucrines et de poivrons, baisse de taille des barquettes de champignons et de radis ou encore du filet de pommes de terre de la marque).

Gare aux pratiques d'inflation masquée
Gare aux pratiques d'inflation masquée - iStock / City Presse

La cheapflation

De façon encore plus imperceptible, certains fabricants modifient la recette de leurs produits pour troquer les ingrédients les plus onéreux contre des éléments de moins bonne qualité, le tout sans toucher au prix ni mettre l’accent sur le changement de composition bien sûr. Une méthode baptisée « cheapflation » par les associations, en référence au terme « cheap », qui signifie « bon marché ». Cette fois, ce sont les produits transformés qui sont ciblés : dans les desserts, fromages et autres produits à base de crème, les substituts peuvent ainsi augmenter. De même, les arômes, additifs, amidon et autre gélatine sont davantage présents au détriment de la santé des consommateurs.
Une étude de la banque privée Mirabaud & Cie publiée en avril 2022 cite l’exemple de la crème glacée devenu « dessert glacé » en raison d’une trop faible part de produits laitiers, l’ajout d’eau et de gélatine dans le jambon ou encore l’utilisation « d’une fibre végétale souvent dérivée du bois » dans le parmesan.

Des pratiques à condamner ?

Si ces pratiques sont moralement répréhensibles, elles ne sont pour l’heure pas sanctionnables puisque la loi n’impose pas de pointer le changement de volume ou de composition d’un produit. C’est donc au consommateur de vérifier minutieusement les étiquettes… Le gouvernement a toutefois mis en place un groupe de travail au sein du Conseil national de la consommation le 18 octobre 2023 afin de plancher sur des solutions possibles. Ce groupe est chargé « d’analyser les enjeux économiques et juridiques et les impacts potentiels des nouvelles pratiques commerciales concernant le prix, la quantité, le format et le changement de recettes des produits de grande consommation », de « procéder au recensement des règles touchant à l’information du consommateur sur les prix et les quantités vendues » et enfin « de formuler un avis sur les pratiques commerciales qui doivent être recommandées, ainsi que sur les conseils pédagogiques qu’il conviendrait de donner ». Les conclusions sont attendues pour mars 2024.