Logement : L’assurance habitation, une hausse importante en dix ans
ARGENT•Si les confinements successifs ont permis de réduire la sinistralité et donc de contenir les tarifs de l’assurance habitation, cette protection a tout de même augmenté de 33 % depuis 2010… et la tendance n’est pas près de s’inverserJulie Polizzi pour 20 Minutes
À l’heure où les factures augmentent de toutes parts, l’ assurance habitation se distingue par une quasi-stabilité des tarifs entre 2020 et 2022. En cause, les confinements successifs qui ont limité la sinistralité et permis aux assureurs de réaliser 300 millions d’euros d’économies. Pour autant, il suffit de prendre un peu de recul pour constater que la situation est loin d’être idyllique.
La valse des prix
Le comparateur en ligne Assurland.com publie périodiquement son indice du prix des assurances de particuliers (IPAP), basé sur les millions de devis réalisés sur son portail. Grâce à ce suivi, la plateforme a réalisé une analyse rétrospective du marché au cours des dix dernières années et établi une carte des prix par région. Or, il s’avère que les tarifs de l’assurance habitation ont bondi de 33 % entre 2010 et 2021. Alors qu’il fallait débourser 162 euros par an au titre de ce contrat en 2010, la facture annuelle moyenne s’élevait à 216 euros en 2021, malgré d’importantes différences selon les régions.
Dans le détail, la Bretagne et les Pays de la Loire apparaissent comme les territoires les plus abordables, avec une hausse tarifaire sous la barre des 20 % et des prix qui restent les plus bas de France : 144 et 150 euros de cotisations annuelles en 2010, contre 171 et 179 euros en 2021. À l’inverse, les prix explosent en Île-de-France (+ 32,2 %), PACA (+ 33,3 %) et Occitanie (+ 40,6 %), sachant que ces régions étaient déjà les plus chères avec un prix moyen passé de 183, 180 et 165 euros il y a dix ans à 242, 240 et 232 euros à l’heure actuelle.
Rattrapage inévitable
Comment expliquer ce phénomène ? Le secteur a dû opérer un nécessaire rattrapage de cotisations, comme l’expliqua Olivier Moustacakis, cofondateur d’Assurland.com. « La branche était déficitaire en 2010. En d’autres termes, les indemnisations de sinistres coûtaient plus cher aux assureurs habitation que les primes qu’ils encaissaient. »
En l’espace de deux ans, les prix ont donc grimpé de plus de 11 %. L’absence de catastrophe naturelle en 2012, combinée à cette forte majoration, a ensuite permis de rétablir l’équilibre économique du secteur en contenant la croissance tarifaire à 2 ou 3 % par an au cours des années suivantes. Dans un secteur ultra-concurrentiel, l’explosion brutale de la facture est en effet le premier motif de résiliation de contrat. Dès lors, les compagnies d’assurances essaient autant que possible de lisser les hausses dans le temps.
La sinistralité en jeu
Mais pour Olivier Moustacakis, cette flambée était incontournable au regard de la situation. Et le spécialiste de rappeler : « Le facteur principal qui entraîne une évolution de la tarification d’une assurance, c’est la sinistralité. » Dans le domaine de l’habitation, on pense donc aux désordres quotidiens tels que les incendies et dégâts des eaux ou encore les cambriolages et vandalismes, mais aussi et surtout aux intempéries qui coûtent très cher. Or, la France a connu plusieurs épisodes dramatiques au cours de la dernière décennie, à l’image de la tempête Xynthia en 2010, des orages de grêle de 2014 et 2016, des inondations à répétition, notamment dans le Sud, ou encore de la tempête Irma, qui a coûté à lui seul près de 2 milliards d’euros aux assureurs.
Résultat : la branche catastrophes naturelles est déficitaire depuis plusieurs années et la taxe prélevée sur les contrats d’assurance pour alimenter le fonds de prévention et d’indemnisation (Cat Nat) n’a cessé d’augmenter. Face au dérèglement climatique, de nouvelles flambées tarifaires sont donc inévitables dans un futur proche.