AutoPourquoi le « deal chinois » de Stellantis est différent des autres

Pourquoi le « deal chinois » de Stellantis à 1,5 milliard est différent des autres

AutoLe géant Stellantis vient d’acquérir 21 % des parts du constructeur chinois Leapmotor, dans le cadre d’un deal à 1,5 milliard d’euros. Pour mieux vendre ses voitures en Chine ? En fait, ce serait plutôt le contraire.
Stéphane Lémeret

Stéphane Lémeret

Le monde automobile nous a habitués aux accords par lesquels les marques occidentales s’associaient à des constructeurs chinois, pour avoir accès au plus grand marché du monde et y écouler leurs modèles. Mais depuis quelque temps, face aux difficultés de plus en plus grandes des Occidentaux à rivaliser avec les Chinois sur leur marché local, Stellantis avait décidé de sensiblement réduire la présence de ses marques sur place, et de se libérer de certains de ces accords « à l’ancienne ».

Ce nouvel accord montre une approche très différente. Plutôt que d’essayer de gagner de l’argent en Chine en y vendant péniblement nos voitures, achetons des actions d’un constructeur local bien installé. En gros, sans s’alourdir d’un réseau, de logistique, voire d’usines, Stellantis profitera des dividendes de ses 21 % de Leapmotor. Mais ce n’est pas tout.

Changement du rapport de force ?

Car l’accord a aussi un volet européen. Le deal à 1,5 milliard d’euros comprend aussi une Joint-Venture dans laquelle, en gros, Leapmotor se repose sur Stellantis pour vendre ses modèles en Europe. Et chaque vente profitera bien sûr à Stellantis.

Leapmotor T03
Leapmotor T03 - Leapmotor

Enfin, l’accord prévoit aussi la mise en place éventuelle d’un site de production en Europe pour les modèles Leapmotor, au cas où l’Europe instaurerait effectivement une taxe à l’importation, dans le cadre de son enquête sur les subventions chinoises. On précise en fait que ce partenariat est strictement commercial, puisqu’il ne prévoit aucun échange technologique, ni dans un sens, ni dans l’autre.

Bref, tout cela témoigne d’un rapport de force entre constructeur occidental et constructeur chinois complètement inverse de ce qu’on a l’habitude de voir. Un signe ? Trop tôt pour le dire, mais le fait est que la surproduction chinoise se heurte au ralentissement de son marché. L’Empire du milieu a donc absolument besoin du débouché européen. Stratégiquement, ceci est probablement un très joli coup de la part de Carlos Tavares, grand patron de Stellantis.