Essai Ferrari 296 GTB : Magistrale "première fois"

Auto•Pour sa première fois avec un moteur V6, Ferrari n’avait pas droit à l’erreur ! Et la marque ne s’est pas loupée. Deux cylindres en moins mais l’hybridation en plus parviennent à créer l’une des plus incroyables sportives du moment.

Stéphane Lémeret

Publié le 12/03/2022 à 14h15

Le moteur que l’on aperçoit sous le capot arrière vitré ne compte pas huit ou douze cylindres, mais "seulement" six. Cette 296 GTB doit en effet son nom à son nouveau cœur : "29" comme les 2.992 cc de son moteur et "6" pour le nombre de cylindres, disposés en V selon un angle de 120°. Un bloc gavé par deux turbos pour envoyer quelque 663 chevaux !

Une puissance qui aurait déjà suffi à lui apporter ses lettres de noblesse dans la catégorie des "berlinettes" (GTB signifie Gran Turismo Berlinetta). Mais elle reçoit ici l’appui d’un moteur électrique de 167 chevaux qui porte la puissance totale à… 830 chevaux, et le couple à 900 Nm ! Une puissance totalement dingue pour une voiture de ce segment qui la rend digne d’une Supercar. Et c’est le cas aussi des performances. Car dans cette hybride pas comme les autres, la modeste batterie de 7,4 kWh peut procurer 25 km d’autonomie électrique, elle est surtout là pour apporter un supplément de sensations. Résultat : 2,9 secondes suffisent à atteindre les 100 km/h, et la vitesse de pointe culmine à 330 km/h ! Cerise sur le gâteau : même la sonorité n’a pas à rougir face à un V8.

Des performances déroutantes

Plus compact et plus léger (-30 kg par rapport au V8 Turbo), le nouveau moteur a permis de redistribuer les proportions et les masses. L’empattement a été réduit de 5 cm et la batterie située au plus bas derrière les occupants a abaissé le centre de gravité de 10 mm. Cela ne vous parle peut-être pas, mais cela participe à l’amélioration de l’agilité de cette Ferrari. Et sur ce point, il ne faut avoir parcouru que quelques dizaines de mètres derrière le volant pour se rendre compte que la marque italienne n’a pas encore trouvé son maitre.

On a beau ne pas "vibrer" Ferrari, en prendre le volant reste un moment d’émotion particulier. De mon expérience, aucune autre voiture ne répond avec une telle précision à ce qui lui est demandé qu’une Ferrari. Et cette hybride ne déroge pas à la règle. Elle semble littéralement connectée au conducteur et répond au doigt et à l’œil à chacune des injonctions… avec un facilité indescriptible. Les ingénieurs nous avaient dits avoir travaillé à la rendre plus facile à conduire qu’une F8 Tributo, et ils n’ont pas menti ! Pourtant, avec toute la cavalerie transmise par les seules roues arrière, on pouvait avoir quelques craintes. Mais cette 296 GTB s’est révélée troublante d’efficacité au cours des quelques tours de piste que nous avons pu effectuer. Mode "Qualify" engagé pour exploiter la pleine puissance des deux moteurs, la berlinette ne se montre jamais caractérielle, mais parvient à dégager un vrai sentiment "mécanique", notamment grâce à la boîte automatique à 8 rapports qui donne un petit à-coup bien senti à chaque transition.

Et c’est ce même sentiment de maitrise et de facilité qui domine sur la route, où le plus grand étonnement pour les passants, reste peut-être de voir passer sous leurs yeux ébahis une Ferrari sans le moindre bruit. Une vraie réussite à tous les égards donc, mais qui a son prix : un peu plus de 272.000 euros. Soit tout de même 40.000€ de plus qu’une F8 Tributo.