Interview Linda Jackson, Directrice générale de Peugeot: "Je ne peux pas jouer avec la nouvelle 308"
Auto•À la tête de Peugeot depuis un an, cette Britannique de 63 ans a fait toute sa carrière dans l’automobile. Rencontre avec une femme d’affaires au caractère bien trempé.Stéphane Lémeret
À travers son nouveau logo, Peugeot doit-elle réellement se positionner en tant que marque premium ?
"La réponse est non. En fait, le positionnement de Peugeot s’articule autour de trois axes. Tout d’abord, nous sommes généralistes, pas premium. En clair, cela signifie que nous voulons rester financièrement abordables. Mais nous sommes également haut de gamme. Cela fait dix ans que nous travaillons d’arrache-pied sur notre niveau de qualité et de technologie. Enfin, nous sommes innovants, ce qui est primordial dans le monde actuel. Notre nouveau logo reflète à merveille ces valeurs, et cette nouvelle identité de marque transparaît chez nos concessionnaires."
Chez Peugeot, on parle moins d’électriques que dans d’autres marques. Pourquoi ?
"Nous sommes dans une période de transition et notre stratégie est d’offrir le choix à nos clients. Regardez la nouvelle 308, elle est disponible en essence, en diesel, en hybride rechargeable, et une version 100% électrique arrive en 2023. Aujourd’hui, 80% de nos modèles disposent d’une version électrifiée, et ce sera 100% en 2024. On ne peut donc pas dire que nous sommes en retard. Notez que ceci concerne l'Europe, car d’autres parties du monde n’ont pas le même timing. J’ai des clients à l’international qui ont besoin de diesel et d’essence. Je veille donc à leur offrir la motorisation dont ils ont besoin."
Quid de l’hydrogène dans cette réflexion ?
"Nous travaillons à son développement. Il n’existe pas une solution unique pour l’avenir, mais plutôt un ensemble de solutions. Les voies que nous empruntons dépendent fortement des infrastructures de recharge, nous ne maîtrisons donc pas tous les paramètres de la question."
Entre la transition électrique, la crise de la Covid et la pénurie de semi-conducteurs, quel est votre sentiment sur la période que nous vivons ?
"J’ai vécu un certain nombre de crises au cours de ma longue carrière, mais il est évident que les problèmes s’accumulent depuis quelque temps. La seule attitude à adopter pour faire face à tout cela est de se montrer agile. Chaque jour, nous devons trouver des solutions en fonction des modèles, des usines. C’est un pilotage industriel permanent. En tant que CEO de Peugeot, je dois gérer au mieux les enjeux, les arbitrer, sans oublier les ambitions de la marque dans cette tourmente. Cette crise des semi-conducteurs est probablement la pire de mes 40 ans de carrière, et elle intervient au moment où nous lançons un modèle extrêmement important : la nouvelle 308. Mais nous allons relever ce défi, en augmentant graduellement notre cadence de production pour répondre à la demande. Je ne peux pas jouer avec la nouvelle 308, il n’est donc pas question de la priver des dernières technologies parce que nous manquons de puces électroniques."