Interview Béatrice Foucher, directrice générale de DS Automobiles: "Les meilleurs restent !"
Auto•Les femmes sont de plus en plus nombreuses à la tête des marques automobiles. Nommée directrice générale de DS en janvier 2020, Béatrice Foucher n’a pas sacrifié sa vie de famille pour autant. Avec elle, nous avons parlé de jeune génération, de ventes en ligne et de l’incontournable électrification…Stéphane Lémeret
Malgré le jeune âge de DS, devenir la première marque 100 % électrique à partir de 2024 au sein d’un aussi grand groupe que Stellantis est un signal fort. Et surtout un fameux défi…
40% de nos ventes sont des véhicules électrifiés, ce qui est plutôt une moyenne haute en Europe actuellement. DS est donc déjà reconnue comme une marque électrifiée. Le plus gros défi est de faire grandir notre notoriété en étant toujours plus présents dans les médias, sur la route, mais aussi en aidant notre réseau de vente pour faire vivre des expériences DS aux clients qui ne connaissent pas la marque.
Que pensez-vous des ventes de voiture sur le web ?
Pour vendre en ligne, il faut connaître la marque et que le public puisse percevoir DS : ils doivent donc se rendre dans le réseau de vente pour voir, toucher et essayer. Nos DS Stores, j’insiste, sont donc réellement au centre de notre stratégie. Nous allons étudier le principe des ventes en ligne mais la difficulté est de définir les tarifs des modèles vendus directement sur le web : ils doivent être cohérents avec les prix pratiqués dans les concessions.
Le groupe Stellantis a annoncé la création d’un vaste réseau de recharge en Europe, en partenariat avec TheF Charging. Les constructeurs ne sont-ils pas en train de payer, seuls, toutes les décisions prises par les politiques ? N’est-ce pas aux membres de l’Union européenne de faire le nécessaire pour que le réseau de recharge soit suffisant afin de respecter leurs objectifs en matière d’émissions ?
L’Europe impose un quota d’émissions de CO2 pour chaque constructeur. Pour le respecter et éviter les amendes, nous produisons des véhicules électriques. Pour vendre ces véhicules électriques, il faut que les clients puissent se recharger et heureusement, il y a de plus en plus d’acteurs, parfois poussés par les gouvernements, qui arrivent sur le marché pour agrandir ce réseau de rechargement. Mais il est vrai que les constructeurs ont dû mettre le pied à l’étrier : le réseau de recharge rapide Ionity, par exemple, n'est né que grâce aux constructeurs automobiles.
Audi, BMW et Mercedes ont annoncé qu’ils quittaient la Formula E (F1 électrique) mais DS s’est engagé jusqu’en 2026. Comprenez-vous ces retraits et quelles sont les raisons qui vous poussent à rester dans la discipline ?
La marque DS a toujours voulu s’électrifier. Il était donc pertinent d’entrer dans ce championnat et, encore mieux, de le gagner à deux reprises. Il y a beaucoup d’échanges entre l’équipe DS Performance et la marque DS. C’est dommage que certains concurrents partent mais si j’ai envie d’être un peu provoquante, je dirais que les meilleurs restent !
En trois mots, comment positionnez-vous DS au sein de l’univers Stellantis ?
Le savoir-faire français dans l’automobile : on se différencie dans le design, le choix des matériaux, dans la confection de nos sièges et avec les métiers d’art. Une DS est bien plus qu’une voiture. C’est un art de voyager.
Pensez-vous que le luxe à la française soit un concept qui parle encore beaucoup aux jeunes générations ?
Oui, car le luxe ne s’est jamais aussi bien porté qu’aujourd’hui. Les marques de luxe ont un ancrage historique et proposent souvent des expériences innovantes. Je pense que toutes les générations sont sensibles aux expériences que les marques peuvent offrir. Nous devons donc proposer des expériences les plus attrayantes possibles.