Nouveaux tarifs: La Banque postale «assume»
BANQUE•La filiale bancaire du groupe La Poste défend ses modifications tarifaires, à savoir l'avancement du délai de débit différé et l'instauration d'une facturation au sixième retrait en distributeur effectué hors du réseau postal...Céline Boff
«Je me suis trompé». Pour Philippe Wahl, président du directoire de La Banque postale, le projet de facturer les comptes inactifs de ses clients «était une erreur». «Je ne suis pas fier de l’avoir faite, mais je suis fier d’avoir arrêté cette erreur», ajoute-t-il.
En revanche, et malgré l’hostilité des associations de consommateurs et des clients, le président «assume totalement» les deux autres modifications tarifaires, à savoir l’avancement du délai de débit différé et l’instauration d’une facturation au sixième retrait en distributeur effectué hors du réseau postal.
«La gratuité, c’est l’ennemi du service public»
«Nous avons tout simplement besoin de faire du chiffre d’affaires. Je suis désolé de vous dire cela, mais c’est la vérité», martèle Philippe Wahl. «Notre carte à débit différé était notre différence, mais nous ne pouvons pas continuer de proposer des crédits gratuits à nos clients. La gratuité, c’est l’ennemi du service public.»
Le président du directoire se veut toutefois rassurant: «Sur nos 7 millions de clients, seuls 500.000 disposent d’une carte à débit différé, et pas un seul client modeste n’en est équipé».
Concernant la facturation des retraits effectués hors du réseau postal, Philippe Wahl explique: «Les autres établissements bancaires nous présentent la facture chaque mois et nous n’avons pas à payer pour cela. D’autant plus que nous sommes le deuxième réseau le plus fourni en distributeurs automatiques. Je rappelle que la facturation n’intervient qu’au sixième retrait et que nos frais sont les plus faibles du marché». La pénalité s’élève à 0,65 euro.
«Nous restons une banque pas comme les autres»
«Il est sain que nous soyons interrogés sur ces questions, mais La Banque postale reste une banque pas comme les autres. Nous devons faire du chiffre d’affaires et des révisions tarifaires parce que c’est légitime, mais en même temps, nous avons en permanence le souci de l’accessibilité bancaire», assure Philippe Wahl, qui met notamment en avant la signature en juin d’un partenariat avec l’Association pour le droit à l'initiative économique (Adie) afin de favoriser le développement du microcrédit professionnel.
Reste que la banque compte bien développer son activité de crédit à la consommation, qui a progressé de 55,5% au premier semestre, et ses activités de banque patrimoniale. Son objectif: offrir davantage de services et de produits à ses 800.000 clients patrimoniaux, c’est-à-dire des personnes disposant de plus de 75.000 euros de surface financière à La Banque postale. Pour mieux les servir, la banque souhaite s’offrir des savoir-faire dans ce domaine, et étudierait «plusieurs cibles potentielles». Elle devrait donc annoncer prochainement une acquisition.
Un milliard d’euros pour les crédits long terme
Enfin, l’une des priorités majeures de La Banque postale est de devenir la banque des territoires. «C’est stratégique, nous allons le faire», insiste Philippe Wahl.
Depuis le 21 juin, elle propose des crédits court terme aux collectivités, qui s’imposent comme les premiers investisseurs en France. «Nous avons déjà reçu 3,2 milliards d’euros de demandes de crédits et accordé 1 milliard d’euros».
Dans quelques semaines, La Banque postale lancera ses premiers prêts pour les HLM et début novembre, son offre de crédits de moyen et long terme, avec une enveloppe de 1 milliard d’euros. En 2013, elle étendra ces produits à l’ensemble des acteurs du secteur public local, c’est-à-dire les hôpitaux, les entreprises publiques locales, etc.
Dexia faisant encore l’objet de discussions nourries à Bruxelles, La Banque postale répondra à ces besoins de financement sur son propre bilan. «Mais cela ne pourra pas durer éternellement, nous avons besoin d’une société de crédit foncier», prévient Philippe Wahl, qui attend la fin des débats à Bruxelles pour connaître les modalités du futur schéma et la façon de s’y insérer.