Qui se cache derrière la famille Peugeot?
AUTOMOBILE – Elle détient encore 25% du capital...M.B. avec AFP
C’est une publicité dont elle se serait certainement bien passé. La famille Peugeot, 36e fortune française, est sous les feux des projecteurs depuis la dernière annonce du groupe PSA de supprimer 8.000 emplois en France, avec à la clé la fermeture de l’usine d’Aulnay (Seine-Saint-Denis) en 2014.
Un symbole national
Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a mis en cause mardi, lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le premier actionnaire du constructeur: «La famille Peugeot a un certain nombre de choses à nous dire je le crois et je ne manquerai pas de les inviter au ministère pour que nous puissions en discuter.» Ce mercredi sur France Inter, il a d’ailleurs estimé que Peugeot est un symbole national qui appartient à toute la nation.
L'expertise demandée par l'exécutif, qui sera remise fin juillet, étudiera notamment «pourquoi (il y a eu) des opérations financières au moment même où Peugeot commençait à voir apparaître ses premières difficultés et notamment le versement de dividendes. Nous voudrions connaître la stratégie de l'actionnaire», a-t-il ajouté. Par voie de communiqué, mercredi, la famille Peugeot a affirmé avoir « toujours donné la priorité au développement du groupe et à sa stratégie.» Ce dernier précise que le groupe a systématiquement renoncé au versement de dividendes quand la santé économique du groupe l'exigeait. Ainsi, la famille Peugeot n'a rien reçu en 2009, 2010 et 2012. Les 78 millions perçus en 2011«sont à rapprocher des 133 millions d’euros investis par le groupe familial dans l’augmentation de capital en mars 2012» suite à l'arrivée de GM.
Au 31 mars 2012, la famille Peugeot détenait 25,4% du capital et 38,1% des droits de vote. Les héritiers du fondateur Armand Peugeot sont loin devant General Motors qui a 7% du capital, devant les salariés (2,6%). (Voir le détail de l'actionnariat par ici)
Les critiquent fusent
Aujourd’hui les critiques fusent sur leur supposée tiédeur quant à l’avenir du groupe. D’aucuns leur reprochent de ne pas avoir voulu nouer des alliances ambitieuses afin de faciliter son internationalisation face au tassement des ventes en Europe. Avant l’alliance nouée cette année avec GM, leur participation était de 30,9% avec 48% des droits de vote.
«A trop vouloir peser et sous-peser, on finit par rater le coche», a résumé auprès de l'AFP Jean-Louis Loubet, auteur de «La Maison Peugeot» (Perrin) rappelant, du même souffle, que la prudence chez les Peugeot est un héritage familial venu d'un territoire protestant et industriel, le pays de Montbéliard (Doubs), berceau familial depuis le 16e siècle.
L’indépendance avant tout
Le contrôle familial s'exerce aujourd'hui via le conseil de surveillance, présidé par Thierry Peugeot et qui compte cinq membres de la famille sur douze. La vision de la famille avait été rappelée par Pierre Peugeot, ancien président du conseil de surveillance, quelques mois avant sa mort en 2002, indique Jean-Louis Loubet dans son ouvrage: «On peut transformer l'entreprise en un groupe d'envergure mondiale, tout en s'attachant à conserver ses spécificités et maintenir un actionnariat solide, gage de stabilité et de pérennité.»
Son fils Thierry lui a succédé en 2002 et n'a guère changé de ligne. Il s'était dit ouvert à des alliances en 2009, au moment de l'arrivée de Philippe Varin (l'actuel président du directoire), mais à condition que la famille reste l'actionnaire de référence. Pour l'historien Jean-Louis Loubet toutefois, on ne peut résumer la stratégie du groupe, et ses difficultés actuelles, aux seuls choix da la famille Peugeot.
«Un groupe automobile n'existe que parce qu'il parvient à vendre des voitures, or c'est à Philippe Varin et Frédéric Saint-Geours (le patron des marques) que revient la responsabilité de lancer de nouveaux modèles», explique-t-il.