Journée mondiale de lutte contre la contrefaçon: Quels sont les produits les plus copiés?
ECONOMIE•Les produits de luxe représentent 50% de la valeur des produits saisis par les Douanes...Mathieu Bruckmüller
La contrefaçon coûte cher, très cher. A l’occasion de la journée mondiale de lutte qui lui est consacrée ce jeudi, quelques chiffres sur l’ampleur du phénomène. A travers le monde, elle représente un manque à gagner de 200 à 300 milliards d’euros par an. Rien que pour la France, l’ardoise se chiffre à six milliards d’euros, selon l’Union des fabricants (Unifab). Des sommes gigantesques qui ne sont pas sans conséquence sur l’emploi. En effet, le savoir-faire est souvent copié en dehors de l’Europe ce qui entraîne tous les ans 200.000 suppressions de postes sur le vieux continent et 38.000 dans l’Hexagone, selon le cabinet KPMG.
Hausse de 42% des produits saisis en 2011 en France
Signe de la montée en puissance du phénomène, les saisis de produits de contrefaçon ont augmenté de 42% en 2011 pour atteindre 8,9 millions (hors cigarettes), un chiffre multiplié par 44,5 depuis 1994! Sans surprise, plus de 70% des produits contrefaits viennent d’Asie.
Hasard du calendrier, la Direction des opérations douanières de Paris a annoncé jeudi la saisie de 6.258 DVD de contrefaçon d’une valeur estimée à plus de 125.000 euros.
Cette explosion de la contrefaçon s’est accélérée depuis cinq ans avec le développement de l’e-commerce. «Le trafic s’est professionnalisé en profitant de la croissance du marché, du sentiment d’anonymat et d’impunité que confère Internet et de la facilité de création et de mutation des sites», selon un tout récent rapport du Comité Colbert, qui réunit les grands noms du luxe français, dont les produits représentent 50% de la valeur des produits saisis par les douanes françaises.
La papeterie, première victime
Dans le détail, la première place des produits saisis revient au secteur de la papeterie avec 2,1 millions, suivi des vêtements et des chaussures (1,9 million). Quant aux articles de bricolage (1,3 million), ils complètent le podium. Le dernier tiers des produits contrefaits revient aux secteurs de l’alimentaire, des boissons, de l’hygiène, de l’électronique, de la téléphonie, des pièces détachées et des loisirs.
Des produits qui ne sont pas toujours sans danger. «Acheter une contrefaçon, c’est prendre un risque pour sa santé. Les produits contrefaits échappent à toute norme de sécurité, à tout contrôle de qualité. En achetant par exemple des cosmétiques ou des accessoires contrefaits, le consommateur s’expose à des risques d’allergies», note le Comité Colbert.
La rançon du succès
Mais certains ne voient pas forcément la contrefaçon comme une menace aussi grave. Dans une récente interview accordée à l’agence Bloomberg, dont s’est fait écho Le Monde, Patrizio Bertelli, PDG de Prada a estimé que les produits d'imitation «ne sont pas complètement mauvais… Au moins, ils créent des emplois dans les usines (où ils sont fabriqués)… Vous ne trouvez pas ça triste pour une marque que personne ne veuille la copier?», a-t-il même souligné à la journaliste qui l'interrogeait.