Quelle note donnent les investisseurs français aux agences de notation?
ECONOMIE•Elles obtiennent à peine plus que la moyenne...M.B.
Mention passable. Les agences de notation ne déchaînent pas l’enthousiasme parmi les investisseurs qui recourent à leurs services. Ces derniers accordent une note de 2,9 sur 5 aux trois principaux établissements: Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch. C’est le résultat d’un sondage Ifop pour le Sénat, diffusé mercredi, et effectué du 9 au 22 mai auprès d'un échantillon de 352 investisseurs professionnels français, utilisant les agences de notation dans le cadre de leur activité.
Mission sur la crédibilité des agences
Cette étude est publiée dans le cadre d'une mission du Sénat français sur la crédibilité des agences, dont le rapport sera rendu autour du 20 juin, et présidée par la sénatrice PS des Pyrénées-Atlantiques Frédérique Espagnac. Scandale Enron. Crise des subprimes, erreur de calcul de 2.000 milliards de dollars lors de la dégradation, l’été dernier, de la note des Etats-Unis, annonce par erreur de la dégradation de la France en novembre 2011, les défaillances des agences de notation sont plus que jamais pointées du doigt.
«On a laissé les clés du camion aux agences… alors que leur influence n’a jamais été aussi grande. Il faut les encadrer», a estimé le rapporteur, sénateur du Gers, Aymeri de Montesquiou (Union centriste et républicaine). Face à la raréfaction du crédit bancaire, de plus en plus d’émetteurs sont aujourd’hui contraints de passer sous les fourches caudines des agences pour se financer: Etat, collectivités locales, entreprises…
Seuls 41% estiment les méthodes des agences transparentes
Et si 56% des sondés ont une assez bonne opinion des agences et 3% une très bonne opinion, ce résultat semble assez faible au regard du rôle essentiel que les agences jouent dans le fonctionnement des marchés. En effet, 64% estiment que les notes attribuées par les agences influencent leur choix d’investissement. Bien que 65% jugent que les agences sont rigoureuses dans leurs analyses, ils ne sont que 57% à les estimer impartiales et 41% transparentes sur leurs méthodes.
Ainsi, une très large majorité (80%) estime cependant qu'il faut faciliter la mise en cause de leur responsabilité. «Les agences n'ont pas de responsabilité juridique, il est tout à fait invraisemblable que des entités qui font en quelque sorte la pluie et le beau temps sur les marchés n'aient aucune responsabilité juridique», déclarait mardi Michel Aglietta, professeur d'économie à l'Université Paris X-Nanterre, auditionné mardi par la mission.
Plus de concurrence
Les investisseurs sont 74% à se dire prêts à payer pour les notations plutôt que de maintenir le système actuel de l'émetteur de dette noté et payeur à la fois, un système qui s'est attiré des critiques en raison des conflits d'intérêt qu'il implique. Enfin, 64% des personnes interrogées attendent plus de concurrence sur ce marché.