La compagnie Costa Croisières risque-t-elle de couler?
TOURISME•L'avarie du Costa Allegra apporte un nouveau coup dur à la compagnie après le naufrage meurtrier du Costa Concordia et relance les spéculations sur l'avenir de la compagnie génoise...Claire Planchard
«La société est solide: Costa Croisières n’échoue pas en tant que société mais elle pourrait échouer en tant que marque». C’est Pier Luigi Foschi, le président de la compagnie, qui le déclarait au quotidien italien La Stampa le 13 février dernier, dénonçant le «massacre médiatique» dont était victime son entreprise. Avant d’ajouter: «la disparition de la marque est la dernière chose que je voudrais».
Contacté par 20 Minutes vendredi, un porte-parole de Costa Croisières en France confirme: «Ce deuxième incident n’est pas du tout de même nature que le premier, mais il a un impact démultiplié. Toutefois un changement de nom n’est pas du tout d’actualité. Ça ne ferait aucun sens, cela ne servirait à rien, il faut respecter le tempo de la gestion de crise».
Des conséquences financières encore incalculables
Même ton mesuré au sujet de l’impact commercial de ces deux événements. «Un mois après le naufrage, les réservations ont chuté en moyenne de 30%, avec une baisse plus forte en Italie et moins en France», explique-t-on chez Costa. L’impact a été dur en pleine période de réservation mais les clients habituels du croisiériste seraient restés fidèles. En revanche «les conséquences financières à plus long termes sont à cette heure impossibles à évaluer», estime la compagnie.
Dans son rapport financier annuel pour 2011 publié le 1er mars sur son site internet, la maison mère de Costa, le groupe américain Carnival Corporation estime les pertes totales entre 155 et 175 millions de dollars. Le groupe assure être couvert pour les dommages aux tiers mais le montant des indemnités reste une grande inconnue, alors que de nombreuses victimes s’associent pour porter plainte. Des pertes prévisionnelles ajustées doivent donc être présentées courant mars.
«Les murs de la maison sont fissurés mais les fondations sont très solides»
En attendant Costa Croisières et sa maison mère affichent leur confiance: «Carnival Corporation & plc est une entreprise solide. Nos performances en 2011 sont une preuve claire de notre capacité à rebondir et à consolider nos positions de leader», expliquait le PDG de Micky Arison dans un communiqué daté du 21 février.
«Les murs de la maison sont fissurés mais les fondations sont très solides» résumait-on vendredi chez Costa Croisières, rappelant les «150 ans d’histoire» du plus grand opérateur touristique italien et ses 2,9 milliards de chiffre d’affaires en 2011.
Dernière inconnue: les investisseurs vont-ils suivre? Au lendemain du naufrage du Costa Concordia, le 13 janvier dernier, le titre de Carnival a perdu plus de 17,7 % à la bourse de Londres. Une dégringolade relativisée par un audit du quotidien britannique Telegraph: après avoir passé en revue les variations du cours de l’action depuis 2001, le quotidien confirme que les actionnaires en ont vu d’autres… et qu’ils leur en faut plus pour quitter le navire.