CONSOMMATIONLes points noirs de la TVA sociale

Les points noirs de la TVA sociale

CONSOMMATIONSa mise en place ne stimulera pas forcément la vente de produits Made in France...
Gilles Wallon

Gilles Wallon

Nicolas Sarkozy l’a annoncé dimanche soir: la taxe à valeur ajoutée (TVA) augmentera d’1,6 point le 1er octobre prochain, pour passer de 19,6% à 21,2%. Cet impôt augmenté sur la consommation vise à compenser la suppression des cotisations familiales que doivent verser les chefs d’entreprise sur tous les salaires compris entre 1,6 et 2,1 une fois le Smic. L’idée: faire baisser le coût du travail en France et laisser ainsi plus de moyens aux entreprises pour embaucher, innover ou garder leur activité dans l’Hexagone.

Plébiscitée par le patronat, cette TVA «sociale» fera-t-elle augmenter les prix? «Je ne le crois en rien», a assuré dimanche Nicolas Sarkozy. Pour lui, «l’univers très concurrentiel» du marché français refroidira les ardeurs de quiconque souhaiterait répercuter la hausse de la TVA sur leurs prix de vente. Les experts en sont moins sûrs. «Les marges des entreprises françaises sont déjà très faibles», répond Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des épargnants. «Pas sûr qu’elles acceptent de les diminuer encore pour prendre la hausse à leur compte.»

La baisse des charges patronales devrait pourtant renflouer leurs caisses, mais cette mesure n’a de sens «qu’à condition que les marges ne soient pas réduites de l’autre côté», poursuit l’économiste. La concurrence n’aura pas ces problèmes. Malgré leurs prix bas, «il reste toujours assez de marge sur les produits chinois pour que ceux-ci n’augmentent pas leurs prix en France.» En somme, la TVA sociale pourrait faire monter les prix des produits français, mais pas forcément étrangers.

«On favorise le moyen de gamme»

L’économiste Olivier Pastré, lui, préfère rester prudent. «Il y a une forte chance que la TVA sociale ait un impact inflationniste. Mais on n’est sûr de rien. En Allemagne, la hausse de la TVA (décidée en 2006) n’a pas fait augmenter les prix.» Sauf que l’industrie allemande est bien différente, répond Philippe Crevel. «Elle est spécialisée dans le haut de gamme, où les marges sont importantes. Les patrons allemands peuvent prendre à leur compte une hausse de la TVA.»

La France, elle, «fait du moyen ou du bas de gamme.» Ses marges sont donc moindres et ses produits «moins recherchés à l’international.» Cet état de fait pourrait d’ailleurs être renforcé par la TVA sociale, alors qu’elle était censée favoriser l’investissement et l’innovation. Le projet de Nicolas Sarkozy «prévoit de supprimer les charges patronales sur les moyens salaires, mais pas sur les plus hauts. On continue ainsi à favoriser le moyen de gamme», conclut Philippe Crevel.