A quoi sert la biométrie dans le monde ?

A quoi sert la biométrie dans le monde ?

Identification judiciaire, papiers d'identité, contrôles d'accès dans les prisons... Tour d'horizon des utilisations de la biométrie

Actuellement, les techniques biométriques sont principalement utilisées dans trois secteurs : l'identification judicaire, l’administration (papiers d’identité…) et les contrôle d’accès, que ce soit dans des établissements publics ou privés.

L'identification judiciaire

Dans le domaine de l'identification judiciaire, deux grandes techniques sont utilisées : l'empreinte digitale et l'empreinte génétique.

Empreinte digitale

Plusieurs Etats se sont dotés depuis de nombreuses années de fichiers d'empreintes digitales informatisés dans le domaine criminel.

En France, le Faed (Fichier automatisé des empreintes digitales) a été créé en 1987 après avis favorable de la Cnil (Commission nationale informatique et liberté). Il a une double fonction : l'identification des personnes, permettant la détection des emprunts d'identité et l'identification des traces papillaires relevées sur les lieux d'infraction afin de relier un indice à une identité déjà connue des services de police. Le système est opérationnel depuis 1992 et comptait au 1er juin 2002 plus de 1 500 000 individus dans sa base de données. La durée de conservation des empreintes est limitée à vingt-cinq ans.

Aux Etats Unis, le système IAFIS (Integrated Automated Fingerprint Identification System) géré par le FBI comporte 400 millions d'empreintes digitales. Les empreintes enregistrées ne concernent pas uniquement des personnes impliquées dans des affaires judiciaires. Le FBI disposerait ainsi de 210 millions de fiches avec en moyenne trois fiches par personne et sur 70 millions de personnes fichées, il y aurait 40 millions de criminels et 30 millions de personnes dont les empreintes digitales sont prises à des fins d'identification civile liée à l'exercice d'emplois sensibles (transport de fonds et aéroports par exemple).

Empreintes génétiques

En France, le Fnaeg (Fichier national automatisé d'empreintes génétiques) créé par la loi n°98-468 du 17 juin 1998 relative à la répression des infractions sexuelles ainsi qu'à la protection des mineurs comporte actuellement 2 100 empreintes et 160 traces génétiques. Initialement cantonné aux crimes sexuels, son champ a été étendu par la loi du 15 novembre 2001 et par la loi du 18 mars 2003 pour la sécurité intérieure, ce qui laisse entrevoir un élargissement sensible de la dimension du fichier.
Plusieurs pays ont mis en place depuis une dizaine d'années des fichiers analogues (Etats-Unis, Canada, Espagne, Pays-Bas, Autriche, Belgique, Finlande, Suisse notamment).

- D'autres procédés biométriques sont utilisés dans le domaine judiciaire, tels que les « traces technologiques » (informatique, GSM, voix…) et les photographies.
En ce qui concerne la voix, des équipements tels que les « débruiteurs » développés par le FBI permettent d'améliorer la qualité de l'enregistrement, d'authentifier les bandes et d'identifier la voix. Cette identification repose sur diverses techniques, en particulier celle de la reconnaissance phonétique (les mots et les syllabes sont comparés et les normes exigent pour les laboratoires de police une similitude sur vingt mots de trois syllabes) et celle de la reconnaissance numérique qui correspond à une empreinte vocale avec une courbe de 128 points, la reconnaissance étant admise s'il y a concordance à 80%.

En France, les photographies sont utilisées mais les procédés d'identification sont encore faiblement automatisés. Le système Canonge contient ainsi un panel de photographies de personnes mises en cause. A partir de caractéristiques (couleur des yeux, taille,...), il est possible de sélectionner les photographies correspondant au signalement. Il est par ailleurs envisagé d'associer la photographie au fichier des personnes recherchées qui rassemble 300000 fiches.

Le domaine administratif

En ce qui concerne les cartes nationales d'identité, qui n'existent pas dans certains pays tels que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas et qui ne sont obligatoires que dans certains autres Etats, comme la Belgique ou la Suisse, il est très difficile de déterminer si des données biométriques sont susceptibles d'être utilisées dans le cadre d'un système d'identification automatique.

Dans le cas de la France, la Cnil a rappelé que « le ministère de l'Intérieur n'a pas donné suite au projet de numérisation du relevé d'empreintes digitales qui sont prises à l'occasion de la demande d'une carte nationale d'identité, afin de ne pas donner l'impression que pourrait se constituer, à l'occasion d'une démarche administrative, un outil de police judiciaire ». Le décret précise toutefois que l'empreinte peut être utilisée en vue de l'identification certaine d'une personne dans le cadre d'une procédure judiciaire.

En Malaisie, par contre, le système biométrique est largement exploité dans le cadre de l'identification. Une carte à puce biométrique multifonctions appelée GMP (Government Multi-Purpose Card) a été mise au point. Cette carte est censée servir de carte d'identité, de passeport, de permis de conduire, de dossier médical ; elle permet de régler des factures et les impôts « via Internet ».

L'empreinte digitale est également utilisée pour la gestion des prestations sociales dans une dizaine d'Etats aux Etats-Unis (Arizona, Californie, Connecticut, Illinois, Massachussets, New Jersey, New York, Texas), ainsi qu'au Mexique et aux Philippines (depuis 1997).

Plusieurs Etats des Etats-Unis utilisent également l'empreinte digitale pour gérer la délivrance des permis de conduire (Hawaï, Texas, Colorado, Géorgie, Californie).

La gestion des titres délivrés aux étrangers utilise aussi parfois l'empreinte digitale. C’est le cas, en France, du fichier mis en œuvre par l'Ofpra (office français de protection des réfugiés et apatrides) en matière de contrôle et de gestion des demandes d'asile depuis 1987. Aux Etats-Unis, le système Ident (Automated Biometric Fingerprint Identification System) comporte les empreintes digitales (deux index) et les photographies d'environ 5 millions de personnes de nationalité étrangère qui ont commis des crimes ou des infractions à la législation sur l'immigration.

La reconnaissance faciale, enfin, connaît une application beaucoup plus réduite. Elle est cependant utilisée au Mexique pour le contrôle des élections (60 millions d'images) et par une vingtaine d'Etats aux Etats-Unis pour la gestion des permis de conduire.

Contrôles d’accès / sécurité

Les lieux :

C'est dans ce domaine que le recensement est le plus difficile car les dispositifs installés dans le secteur privé sont mal connus. Dans le public, les rapports de la Cnil permettent de suivre l’évolution de ce domaine en France.
Des établissements comme la Banque de France, une cité académique de l’Education nationale ou les zones de fabrication du groupement carte bleue sont équipés de lecteurs d’empreintes digitales. Des prisons sont également équipées de dispositifs biométriques, notamment pour empêcher les évasions par substitution via le parloir. Actuellement une vingtaine d’établissements a été dotée de ce genre de systèmes. La volumétrie de la main, dont le coût unitaire s'établit à environ 50 000 euros, a été implantée dans dix d'entre eux et la reconnaissance par empreinte digitale a été conservée par un établissement.
Dans le privé, le musée du Louvre et un centre commercial à la Défense par exemple sont équipés de lecteurs de contour de la main.

Les techniques :

L'iris et la géométrie de la main constituent les techniques les plus utilisées à l'heure actuelle. La reconnaissance par l'iris a été déployée dans divers aéroports pour contrôler l'accès des employés à des zones réservées (aéroport international Douglas en Caroline du Nord depuis juillet 2000, aéroport de Francfort), pour faciliter les formalités des passagers réguliers (certaines compagnies britanniques pour les vols transatlantiques à l'aéroport d'Heathrow, aéroport de Toronto et de Vancouver depuis cette année, aéroport Schipol à Amsterdam depuis octobre 2001) ou pour contrôler les entrées et sorties des voyageurs (aéroport de Jeddah en Arabie Saoudite lors des pèlerinages depuis février 2002).
La technique de la géométrie de la main, dont le déploiement a été assuré depuis plus d'une vingtaine d'années, est actuellement implantée dans plusieurs dizaines de milliers de sites. Elle constitue la technique la plus largement répandue dans le domaine du contrôle d'accès physique (sites nucléaires, bâtiments, village olympique d'Atlanta, aéroports...) et est utilisée notamment aux Etats-Unis pour la gestion des horaires de travail.
La reconnaissance faciale est généralement utilisée pour les contrôles d'accès aux casinos. Elle a fait l'objet d'un déploiement depuis juin 2001 à l'aéroport de Keflavik en Islande.
Quant à l'empreinte digitale, son implantation dans un environnement aéroportuaire fait actuellement l'objet de plusieurs expérimentations, même si les projets initiés dans ce domaine sont parfois relativement anciens. Selon le rapport établi par le General Accounting Office américain, divers projets expérimentaux utilisant l'empreinte digitale sont en cours de réalisation.