Déménagement d’entreprise: Un traumatisme pour les salariés
TRAVAIL•Les directions multiplient les initiatives pour ne pas plomber le moral des collaborateurs...Mathieu Bruckmüller
Crise ou pas, les entreprises continuent à déménager. Un bouleversement souvent vécu comme un traumatisme pour les salariés. Raison de plus pour les y associer le plus en amont possible.
Toujours plus de déménagements
En 2011, plus de 3.100 transactions auront été réalisées dans l’immobilier d’entreprise en Ile- de-France pour une surface totale d’environ 2,4 millions de m2. Fusions, restructurations, hausse des loyers... Plus que jamais, les entreprises sont motivées par la rationalisation des coûts et cherchent à adapter au mieux la surface disponible en regroupant leurs équipes. L’immobilier représente le deuxième poste de dépenses derrière les salaires. Cette année aura été marquée par des opérations d’envergure comme l’achat par SFR de 124.000m2 à Saint-Denis, qui vise à regrouper d’ici 2013 les effectifs de ses quatre sites répartis entre la Défense, Nanterre, Meudon et Boulogne-Billancourt. Plus de 8.500 salariés sont concernés.
Depuis plusieurs années, des entreprises affolées par les prix prohibitifs ont quitté le centre de Paris au profit de la première couronne (Kuoni à Saint-Ouen, Ipsen à Boulogne,GDF Suez à la Défense ou encore Axa et BNP-Paribas). Certaines, après avoir cédé aux sirènes de la banlieue, font machine arrière. A l’image du courtier d’assurance Aon, qui après avoir quitté la capitale pour s’installer à Colombes (Hauts-de-Seine), il y a deux ans, a réinstallé, fin juin ces huit cents salariés franciliens dans le XVe arrondissement de Paris.
La proximité des clients, le recentrage des collaborateurs sur un lieu plus attractif et l’image du groupe expliquent ces revirements, décrypte Marc-Henri Bladier, directeur général de CB Richard Ellis France, conseil en immobilier d'entreprise.
Un évènement anxiogène
Mais ces va-et-vient ne doivent pas être réalisés à la légère. «Le déménagement est un événement très anxiogène» explique Alexis Notte, président de Mobilitis, qui s’occupe de stratégie immobilière. Voire même un traumatisme pour bien des salariés, abonde Guillaume Aper, président de l’Association française de communication interne. Le déménagement serait ainsi la deuxième source de désorganisation des entreprises après l’incendie. La question du transport est centrale. «Le premier réflexe est de vérifier les temps de trajets», illustre Guillaume Aper. Tous les repères volent en éclat. C’est dire qu’il faut s’entourer d’un luxe de précautions pour ne pas se planter. Et éviter la propagation de bruits de couloirs tesl que: «Il paraît qu’il n’y aura pas de la place pour tout le monde dans le nouveau bureau.» Le risque: une baisse de morale et une chute de la productivité.
«L’enjeu du déménagement de plus en plus pris au sérieux par les entreprises. Elles communiquent désormais à chacune des étapes», note Alexis Notte. «Il faut expliquer les gains qu’un tel changement peut apporter: service de conciergerie, crèche, auto-partage, nouvel espace de travail… De plus en plus d’entreprises font des réunions d’information, créent un blog ou un intranet événementiel, voire organisent des visites virtuelles des nouveaux locaux. Les salariés aussi sont parfois associés à la décision et peuvent notamment choisir le mobilier de bureau», avance Guillaume Aper. De la considération qui permet de se projeter dans son futur lieu de travail.
>> Et vous, comment avez-vous vécu le déménagement de votre entreprise? Quelles ont été les conséquences positives et ou négatives ? Dites-le nous dans les commentaires ci-dessous…