Nicolas Sarkozy a précisé la semaine dernière sa réforme de la fiscalité du patrimoine qui doit être votée cette année. Pour l’économiste Thomas Piketty, le réaménagement de l’ISF est cependant un gigantesque cadeau fait aux Français les plus riches.

Cadeau fiscal

La réforme de la fiscalité doit supprimer le bouclier fiscal, exonérer d’ISF la moitié des quelque 600.000 contribuables assujettis à cet impôt et en baisser les taux.

Proche du Parti socialiste, Thomas Piketty estime toutefois que les contribuables les moins aisés devront payer la facture de la réforme. Car cette dernière pèsera sur les finances publiques, contrairement à ce qu'assure le gouvernement.

«C'est le plus énorme cadeau fiscal aux plus riches du quinquennat! On remplace un cadeau fiscal, le bouclier, par un autre cadeau fiscal trois à quatre fois plus gros», a-t-il expliqué dans un entretien publié vendredi par le journal Le Monde.

Manque à gagner

Nicolas Sarkozy assure que le manque à gagner pour l'Etat sera strictement compensé par les contribuables les plus aisés. Mais Thomas Piketty juge que les «chiffrages sont faux».

Le gouvernement «prétend que la perte de recettes sera de 600 millions d'euros avec la baisse des taux, plus 300 millions avec le relèvement du seuil d'entrée à 1,3 million de patrimoine», a-t-il précisé.

«En réalité, du fait de ces deux mesures, les recettes d'ISF vont tomber de 4 milliards à 1,8 milliard. La perte sera sans doute encore plus forte (3 milliards) car il faudra aménager les taux pour lisser les effets de seuil», a poursuivi l’économiste.

Selon lui, «le plus gros bénéfice sera pour les contribuables ayant plusieurs millions ou dizaines de millions de patrimoine», alors qu'«on va faire payer la baisse de l'ISF par des contribuables non concernés par cet impôt».