COMMERCEL'iPhone plombe la balance commerciale américaine

L'iPhone plombe la balance commerciale américaine

COMMERCELe produit phare d'Apple dégrade d'1,9 milliard de dollars par an le déficit commercial des États-Unis...
Thibaut Schepman

Thibaut Schepman

Vendu à plus de 75 millions d’exemplaires depuis sa sortie, l’iPhone a conquis le monde en moins de 4 ans. Il a aussi en partie assuré à Apple de juteux bénéfices, les plus élevés de son histoire en 2009 et 2010.

Mais le smartphone a également sérieusement dégradé la balance commerciale américaine. C’est ce que révèle une étude menée par deux universitaires japonais, qui conclut que l’iPhone dégraderait à lui seul le déficit commercial américain de plus de 1,9 milliard de dollars par an, soit près de 1% du déséquilibre commercial du pays. «Les produits de haute technologie des entreprises américaines ne contribuent pas à la réussite des Etats-Unis mais creusent son déficit commercial», déplore même l’étude.

Pas de guerre des monnaies

Comment est-ce possible? Tout simplement parce que les matériaux sont fabriqués en grande partie à l’étranger, et sont assemblés en Chine, dans l’usine Foxconn de Shenzhen, avant d’être commercialisés aux Etats-Unis. Le produit fini est considéré comme une importation.

Ce qui inspire deux conclusions aux universitaires. Tout d’abord l’outil statistique de balance commerciale devrait intégrer l’ensemble des pays où se déroule la fabrication, et non pas seulement le pays où est assemblé le produit fini. L’ensemble de la valeur de l’iPhone ne serait ainsi pas intégrée au seul bilan de la Chine, mais aussi à celui de l’Allemagne et du Japon qui produisent des composants ainsi qu’aux Etats-Unis qui le conçoivent.

Relocalisation

Les auteurs remettent aussi en cause l'idée d'une «guerre des monnaies». Les Etats-Unis accusent la Chine depuis de longs mois de «manipuler» sa monnaie, le yuan, afin que les produits «made in China» coûtent moins chers et envahissent les marchés mondiaux. Sauf qu’une bonne partie de ces produits «made in China» sont en fait commercialisés par des entreprises étrangères… dont une bonne partie de firmes américaines.

Les auteurs proposent même une solution pour redorer le bilan des exportations américaines. Ils ont calculé le coût d’une relocalisation de l’assemblage des produits aux Etats-Unis, où la main d’œuvre coûte «dix fois plus cher». Le coût de production de l’iPhone augmenterait alors de 68 dollars, pour atteindre 240 dollars.

L’entreprise pourrait tout de même continuer à commercialiser le produit au même prix, note le rapport, mais devrait accepter de rogner légèrement sa marge bénéficiaire (le prix de vente moins les coût de production et de distribution, sans tenir compte des frais d’investissement, de recherche ou de publicité). Cette marge ne serait plus que de 50% sur chaque iPhone commercialisé, soit autant qu’à la sortie du produit en 2007, contre plus de 64% aujourd’hui. «Si elle acceptait de partager sa marge avec la main d’œuvre peu qualifiée des Etats-Unis, l’effet serait bien plus positif sur le commerce américain que tout les tentatives de réduction du taux de change», concluent-ils. La pique vise autant Apple et ses marges que le gouvernement américain et sa guerre des monnaies.