L'apprentissage, solution miracle contre le chômage des jeunes?
EMPLOI•Syndicats et patronat négocient l'extension du nombre de contrats d’apprentissage...Thibaut Schepman
Contre le chômage des jeunes, le gouvernement en a fait sa mesure phare. Nicolas Sarkozy a fixé pour objectif de doubler le nombre d’apprentis en 2015, notamment chez les diplômés, et les partenaires sociaux sont chargés d’en discuter dès ce mardi. Pour quelles conséquences sur l’emploi?
Combien de contrats sont-ils signés chaque année?
En 2009, 288.000 contrats d’apprentissage ont été signés dans le secteur marchand indique la Dares (Direction de l'animatin de la recherche des études et des statistiques). Malgré une légère baisse cette année, le nombre de signatures de ce type de contrat est en hausse continue depuis une décennie. Il permet aux jeunes de 16 à 25 ans, du CAP à bac+5 de combiner des périodes en entreprise et d’autres en école, université ou centre de formation technique. Un premier pas dans l’entreprise qui touche, selon la dernière étude en date de la Dares, plus de 15% des classes d’âges qui ont arrêté leurs études en 2004.
Ces apprentis ont-ils plus de chance de trouver un emploi?
Selon la même étude de la Dares, «entre la sortie du système scolaire en 2004 et l’interrogation au printemps 2007, les apprentis ont passé en moyenne 28 mois en emploi contre 22 mois pour les jeunes de niveau comparable qui ne sont pas passés par l’apprentissage». L’enquête montre également qu’ils sont plus nombreux à avoir un emploi stable trois ans après la fin des études.
Mais ces résultats cachent de grandes disparités. Ainsi, dans le secteur du bâtiment, les apprentis sont 20% plus nombreux que les jeunes issues de la voie scolaire à être en emploi trois ans après la fin des études. Mais la différence est négligeable dans les métiers du tourisme et de l’hôtellerie. La «prime à l’insertion» vaut aussi surtout pour les apprentis peu diplômés. «Au niveau CAP ou BEP, dix points séparent les apprentis des jeunes ayant suivi la filière scolaire, huit points au niveau baccalauréat et seulement deux points au niveau bac+2», signale l'organisme public.
Faut-il étendre le dispositif?
«Un jeune apprenti qui sort d’une école d’ingénieurs a une prime à l’insertion très faible. Ses chances d’avoir un emploi sont fortes de toute façon et ce n’est pas le fait d’avoir un contrat en alternance qui les améliore, contrairement à ce qui se passe pour un jeune apprenti boucher ou maçon par exemple», analyse Damien Brochier, du Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Certeq). «Paradoxalement, l’accent est mis sur les jeunes en apprentissage dans le supérieur pour donner une meilleure image de ces contrats alors que c’est là où son impact est le plus faible en terme d’accès au marché du travail», note-t-il.
Même si cela peut avoir «un impact positif sur la professionnalisation des formations ou sur les contacts avec le monde professionnel», étendre les contrats d’apprentissage n’est pas une solution miracle au problème d’emploi des jeunes diplômés. Réunis mardi pour négocier des solutions sur le sujet ,les partenaires sociaux (syndicats et patronat) souhaitent inclure des «outils concrets» et immédiats pour aider à l’accès au marché du travail. Ils évoquent des mesures matérielles pour palier les difficultés de logement et le coût des transports ainsi qu’un encadrement renforcé dans la recherche d’emploi.