BUDGETBudget 2011: «Il aurait mieux fallu ne jamais créer le bouclier fiscal», selon Philippe Marini

Budget 2011: «Il aurait mieux fallu ne jamais créer le bouclier fiscal», selon Philippe Marini

BUDGETC'est ce qu'estime le rapporteur du budget au Sénat alors que le Parlement vote solennellement le texte...
Propos recueillis par Elsa Meyer

Propos recueillis par Elsa Meyer

Le Parlement vote solennellement le budget pour 2011 ce mercredi. Et l’heure à est à la rigueur même si certains auraient aimé aller encore plus loin.

>> Ce que le budget d'ausérité pour 2011 va changer, retrouvez le point de 20minutes.fr

Le rapporteur du Budget au Sénat, l’UMP Philippe Marini, revient sur le compromis trouvé et le chantier à venir: la réforme de l’ISF et du bouclier fiscal.

Comment jugez-vous le budget 2011?

C’est un budget sérieux. Nous commençons à réaliser des économies et il va falloir continuer cet effort pour faire passer le déficit public sous la barre des 3% en 2013. Cela ne sert à rien d’être sérieux en 2011 si c’est pour être laxiste les années suivantes.

Le gouvernement a refusé plusieurs amendements ou demandé aux sénateurs de supprimer l’abattement sur les emplois à domicile. Est-il allé assez loin sur certains points et trop sur d’autres?

Le budget est voté, c’est une bonne chose, l’heure n’est pas aux regrets. Tout budget est un compromis. Il va falloir maintenant être très attentif à la mise en œuvre de ces mesures pour que la règle du «zéro valeur» s’applique effectivement à la dépense publique. Pour 2010, nous allons par exemple finir l’année avec un dérapage de certaines dépenses.

Regrettez-vous que la question de la réforme de l’ISF et du bouclier fiscal ait été reportée à 2012?

C’est une bonne chose de commencer à s’attaquer à ce chantier l’année prochaine. Je regrette cependant que la question de l’ISF n’ait pas été clairement traitée au début du quinquennat. Il aurait mieux valu ne jamais créer le bouclier fiscal, supprimer l’ISF et mettre en place une tranche supérieure d’impôt sur le revenu.

Nous allons devoir résoudre cette équation en fin de législature, à un moment où le gouvernement a les mains beaucoup moins libres.

Nicolas Sarkozy est favorable à un redéploiement des taxes sur le patrimoine et non à la création d’une nouvelle tranche d’impôt sur le revenu. Trouvez-vous cette proposition pertinente?

Je pense que si l’on supprime l’ISF et le bouclier fiscal, il faut en trouver la compensation par la taxation des revenus du patrimoine et par l’impôt sur le revenu. S’il s’agit juste de baisser l’ISF, l’exercice est alors d’une taille plus réduite.

Pour profiter de tous les avantages économiques et psychologiques de cette réforme, il faut souhaiter au contraire des changements de grande ampleur.

Faut-il une convergence fiscale avec l’Allemagne alors que les deux économies sont très différentes?

Il faut regarder les recettes de l’Allemagne sans pour autant tout copier, cela n’aurait pas de sens. Nous pouvons par exemple nous inspirer de leur absence de fiscalité sur la détention de patrimoine. Nous devons aussi réfléchir à baisser les charges sur le travail et transférer pour une part le coût du financement de la protection sociale vers les impôts sur la consommation. Cela passerait par une hausse de la TVA.

L’impôt sur les sociétés pourrait aussi être simplifié avec une baisse du taux et une assiette la plus large possible.