Eiffage: Pierre Berger sur orbite pour succéder à Jean-François Roverato
•Pierre Berger, nommé mercredi directeur général délégué du groupe Eiffage, est désormais sur orbite pour succéder à l'emblématique patron du numéro trois français du BTP, Jean-François Roverato, 66 ans, dont il est le poulain désigné.© 2010 AFP
Pierre Berger, nommé mercredi directeur général délégué du groupe Eiffage, est désormais sur orbite pour succéder à l'emblématique patron du numéro trois français du BTP, Jean-François Roverato, 66 ans, dont il est le poulain désigné.
Agé de 42 ans, Pierre Berger, polytechnicien et diplômé de l'école des Ponts et Chaussées, a en effet été nommé directeur général délégué d'Eiffage mercredi par le conseil d'administration "à compter de son arrivée dans la société début 2011, et directeur général à compter du 1er juillet 2011", selon un communiqué du groupe d'Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine).
Président de Vinci Construction Grands Projets depuis 2005 et directeur général, en charge des travaux public, de Vinci Construction France depuis juillet 2007, Pierre Berger avait vu sa rapide ascension dans le groupe dirigé par Xavier Huillard, freinée depuis le début de l'année.
"La nomination d’un directeur général est un premier pas très important. Il reste à accélérer et clarifier le calendrier pour assurer la réussite de cette transition essentielle pour l’avenir d’Eiffage et de ses salariés", a déclaré à l'AFP un porte-parole du Fonds stratégique d'investissement (FSI), filiale de la Caisse des dépôts, qui avec 20% du capital est l'un des principaux actionnaires d'Eiffage.
Cette déclaration illustre la volonté de l'Etat français, qui avait volé au secours de M. Roverato en 2008 quand l'espagnol Sacyr Vallehermoso avait tenté de mettre la main sur Eiffage, d'assurer la transition à la tête du groupe le plus rapidement possible. Car il s'inquiète de l'endettement, jugé excessif, et du carnet de commandes qui risque de diminuer dans les prochains mois si Eiffage ne remporte pas le marché de la future ligne à grande vitesse Le Mans-Rennes (182 km et 32 km de raccordements), estimé à 3,4 milliards d'euros, qui doit être attribué en janvier prochain.
Mais M. Roverato, habitué depuis 35 ans à diriger en patron tout-puissant et qui n'avait pas hésiter à évincer, il y a trois ans, son dauphin désigné Benoît Heitz, ne l'entend pas de cette oreille, fort de l'appui sans faille des salariés (qui détiennent 34,6% du capital, dont 8,3% pour les cadres).
"Après cette période d'incertitude, je souhaite rester comme président non exécutif, pour accompagner Pierre Berger, au plus tard jusqu'au 10 septembre 2012, le jour de mes 68 ans", assure-t-il à l'AFP bien décidé à ne pas lâcher, avant la date limite, les rênes d'un groupe qui lui doit presque tout.
Selon les statuts de la société, M. Roverato ne peut exercer sa fonction de président après l'âge de 68 ans. La dernière assemblée générale des actionnaires, en avril, a renouvelé son mandat d'administrateur pour trois ans mais sa nomination comme président n'est valable que pour un an renouvelable. Il peut être réélu chaque année lors du conseil d'admnistration suivant l'assemblée générale, jusqu'à ses 68 ans.
Fier de son oeuvre, surtout du Viaduc de Millau, M. Roverato, sans M. Berger mais avec le nouveau secrétaire d'Etat aux transports Thierry Mariani, inaugurera mardi prochain l'autoroute A65 entre Pau (Pyrénées-Atlantiques) et Langon (Gironde). Avant de participer, le 18 décembre, à l'inauguration de la ligne Perpignan/Figueras (nord-est de l'Espagne), dont Eiffage a obtenu la construction et la concession, qui permettra aux TGV de relier Paris à Barcelone en 7 heures 25, soit une heure et quart de moins qu'actuellement.